Un peu plus de dix mois après l'attentat contre le journal Charlie Hebdo, le terrorisme est revenu selon un mode opératoire inédit en s'attaquant à six endroits, simultanément, utilisant des armes à feu et des explosifs avec huit kamikazes, ce qui est une première en France. Le bilan établi dimanche après-midi est horrible : 128 morts, 200 blessés, dont 50 en urgence absolue. En cette soirée du début du week-end qui s'annonçait festive, personne ne pouvait imaginer la succession de drames qui allait assombrir la nuit de la ville lumière. Tout semble avoir été déclenché aux abords du Stade de France où se déroulait la rencontre de football France-Allemagne en présence du président Hollande. Trois explosions retentissent à partir de 21h20. Ce sont trois kamikazes qui ont sauté avec leurs ceintures d'explosif faisant cinq morts. Les 80 000 spectateurs du match pensaient qu'il s'agissait de pétards ou de bombes agricoles. La rencontre a poursuivi son déroulement normalement pendant que le président Hollande a été discrètement exfiltré de l'enceinte par ses gardes du corps. Au même moment, ont suivi des attaques au cœur de Paris dans la zone des 10e et 11e arrondissements, dans les environs de la place de la République. 19 personnes sont abattues à la terrasse du bar La Belle Equipe, rue de Charonne. 5 personnes sont tuées rue de la Fontaines-au-Roi. 14 autres perdent la vie entre le bar Le Carillon et le restaurant le Petit Cambodge, situés rue Alibert. Les terroristes se sont attaqués ensuite à la salle de spectacle du Bataclan, au 50 boulevard Voltaire. Sur les 1 500 spectateurs qui assistaient à un concert de rock, au moins 82 trouveront la mort, après l'assaut donné par la BRI (brigade de recherche et d'intervention). Tous les terroristes, sept, seraient morts en se faisant exploser, sauf un. Dans ce Paris à feu et à sang, Hollande a rejoint la cellule de crise au ministère de l'Intérieur. La situation a été jugée suffisamment grave pour qu'il fasse rapidement une intervention afin d'annoncer qu'il a décrété l'état d'urgence à travers toute la France métropolitaine et la Corse, ainsi que le rétablissement des contrôles aux frontières, le renfort à Paris de 1 500 soldats et la convocation à minuit d'un Conseil des ministres. Samedi matin, à l'issue d'un Conseil de défense, le chef de l'Etat français a décrété un deuil national de trois jours et annoncé qu'il s'adresserait lundi au Parlement (sénateurs et députés) réuni en congrès au Palais de Versailles. Lundi également, une minute de silence sera observée à midi et les drapeaux seront mis en berne en hommage aux victimes de la barbarie terroriste. Dès sa première intervention vendredi soir, Hollande n'a laissé planer aucun doute sur les auteurs des carnages de la nuit. C'est l'œuvre de Daech. Il a promis que «la France sera impitoyable à l'égard des barbares» qui ont commis «un acte de guerre préparé, planifié de l'extérieur, avec des complicités intérieures que l'enquête permettra d'établir». Hier, en fin de matinée, l'organisation dite Etat islamique a officiellement revendiqué la paternité des attentats, qu'elle qualifie d'opération «minutieusement» préparée pour punir la France pour ses bombardements en Syrie et des «insultes faites au prophète Mahomet». M. M.