Hocine Aït Ahmed, l'homme politique et la figure emblématique de la glorieuse Révolution de novembre dont il fut l'un des chefs historiques, est décédé, hier matin, dans un hôpital à Lausane (Suisse) des suites d'une longue maladie, a confirmé un communiqué du Front des forces socialistes (FFS) rendu public hier en fin d'après-midi. Bouleversant. L'Algérie vient de perdre l'un de ses illustres enfants à l'âge de 89 ans. Elu député à l'ANC au lendemain de l'indépendance, Aït Ahmed fut l'un des chefs politiques averti du Front de libération nationale (FLN), dont il fut un de ses membres fondateurs. Dénonçant les dérives du régime de l'époque, dans sa chère formule «la confiscation de l'indépendance des Algériennes et des Algériens», l'ancien chef de l'OS démissionne de tous les organes du FLN. Quelques mois plus tard, soit le 29 septembre 1963, il proclame, aux côtés de milliers d'autres militants, officiers et colonels de l'ALN, la naissance du Front des forces socialistes, un parti d'opposition frontale qui prendra le maquis jusqu'à juin 1965. Une rébellion qui coûta cher aux camarades de Aït Ahmed. Plus de 400 militants tombent sous les balles assassines d'un pouvoir dictatorial et hégémonique dirigé par le duo Boumedienne-Ben Bella. Arrêté et emprisonné en 1964, «Da L'Hocine» s'évade de la prison d'El Harrach et préférera l'exil en Suisse pour continuer de lutter, à sa manière, pour la démocratie et les droits humains. En 1985, il signe avec Ben Bella un pacte d'opposition appelé «La déclaration de Londres». A la faveur de «l'ouverture démocratique» en Algérie, l'enfant prodige de Aïn El Hammam rentre de nouveau dans son pays natal, un certain 15 décembre 1989. Le FFS fut agréé et tient ses premières assises en 1990. Une année plus tard, il participe aux premières élections pluralistes et obtient la deuxième place après l'ex-FIS. Connu pour son respect de la volonté populaire, Aït Ahmed appelle alors au maintien du second tour des élections législatives. Le 2 janvier 1992 il appelle à une marche historique qui avait rassemblé près de deux millions d'Algériens. Il mettra en garde contre l'avortement du scrutin. Le processus démocratique est interrompu, le pays sombrera dans la violence. Constant dans ses positions, Aït Ahmed refuse la présidence du Haut Comité d'Etat (HCE) pour lequel il a été sollicité par les décideurs de l'époque. Attristé par l'assassinat de son camarade Mohamed Boudiaf, le chef de délégation du FLN à Bandung, de nouveau en exil. En 1999, le leader charismatique, est porté candidat du FFS aux élections présidentielles. Aux côtés de cinq autres candidats, ils se retirent à la veille du scrutin. En 2013, soit cinquante ans après la fondation du FFS, le leader incontestable annonce son retrait de la vie politique. Le cycle de vie oblige, souligne-t-il dans sa lettre. De la lutte contre le colonialisme en passant par le combat acharné pour la démocratie, l'autre combat de Hocine Aït Ahmed fut contre la maladie, après avoir été victime d'un AVC en janvier dernier. Né à Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou, le 20 août 1926, Aït Ahmed a été l'un des principaux, l'opposant et démocrate impénitent rejoint les Mecili, Boudiaf, Ben M'hidi, Khider... Adieux Si l'Hocine. A. B.