L'Iran a accusé hier l'Arabie saoudite de soutenir le terrorisme et de se débarrasser de ses opposants après l'exécution du dignitaire chiite Nimr Baqer al-Nimr provoquant une vague d'indignation et de condamnations dans la communauté chiite au Moyen-Orient. «Le gouvernement saoudien soutient les terroristes et les extrémistes takfiri tout en exécutant et supprimant ceux qui le critiquent dans le pays», ont déclaré les Affaires étrangères iraniennes. Riyad paiera «un prix élevé» pour cette mort a dit Téhéran. L'exécution de Nimr al-Nimr aura des répercussions qui entraîneront la chute de la famille régnante en Arabie saoudite, a estimé pour sa part le dignitaire religieux iranien Ahmad Khatami. L'Arabie saoudite a annoncé hier avoir exécuté 47 personnes condamnées pour «terrorisme». Parmi eux, le célèbre dignitaire chiite Nimr Baqer al-Nimr. Si le cheikh Nimr al-Nimr figure bien sur la liste des 47 personnes exécutées pour terrorisme, son neveu Ali al-Nimr, mineur au moment de son arrestation, n'en fait par partie. Le dignitaire chiite de 56 ans, virulent critique des Al-Saoud, a été la figure de proue d'un mouvement de protestation qui a éclaté en 2011. Ce vent de contestation s'est concentré essentiellement dans l'est du pays où vit l'essentiel de la minorité chiite. Cette communauté se plaint d'être marginalisée dans le royaume. Le cheikh Nimr a été condamné à mort en octobre 2014 pour «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d'armes» par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme. Son arrestation en juillet 2012 s'était déroulée de manière mouvementée et deux de ses partisans avaient été tués au cours des manifestations. L'Iran dont les relations avec l'Arabie saoudite sont tendues, avait mis en garde à plusieurs reprises Riyad contre l'exécution du dignitaire religieux. Parmi les personnes exécutées figurent aussi des sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe djihadiste Al-Qaïda en 2003 et 2004. Un Egyptien et un Tchadien font partie des personnes exécutées. L'exécution de Nimr Baqer par l'Arabie saoudite devrait exacerber la tension déjà à son extrémité entre Riyad et Téhéran. Cette exécution démontre que le fil est rompu entre les deux puissances régionales. L'Iran avait d'ailleurs avertit sur l'éventualité de l'exécution de Nimr Baqer par l'Arabie saoudite. Le timing de cette exécution laisse également des interrogations notamment après la mort en Syrie de Zahrane Allouche considéré comme élément important dans l'équation. Le 1er décembre, la branche yéménite de l'organisation terroriste Al-Qaïda avait menacé de faire «couler le sang» si les autorités saoudiennes décidaient de mettre à mort les djihadistes qu'elles détenaient. Il s'agit des premières exécutions de l'année 2016 dans ce royaume. Selon un décompte basé sur des chiffres officiels, l'année dernière, 153 personnes y ont été décapitées. R. I.