Après avoir lourdement chuté depuis le début de la semaine, jusqu'à atteindre de nouveaux plus bas en plus de onze ans, les cours du brut ont quelque peu limité leurs pertes à partir de jeudi, mais ce rebond, que de nombreux analystes estimaient essentiellement technique, montrait des signes d'essoufflement. Les prix ont trouvé dans l'immédiat peu de soutien dans la forte hausse des créations d'emploi en décembre aux Etats-Unis, signe de la vigueur de la reprise économique américaine et donc plutôt encourageante pour la demande de pétrole. L'économie américaine a créé 292 000 emplois le mois dernier alors que les analystes tablaient sur 200 000 nouvelles embauches et le taux de chômage est demeuré inchangé à 5%. En outre, le fort mouvement de vente observé sur les cours du brut cette semaine «a été entraîné par une attention à nouveau focalisée sur l'actuelle surabondance de l'offre mondiale, que l'on s'attend à ne voir qu'empirer ce trimestre avant qu'elle s'améliore plus tard cette année», ont commenté des analystes. De même, «les investisseurs ont aussi dû faire face aux conséquences potentielles d'une demande chinoise ne répondant pas aux attentes», a-t-on ajouté. Une succession de mauvais indicateurs chinois, qui a entraîné une déroute des places financières du pays et conduit la banque centrale chinoise (Pobc) à abaisser durant huit jours consécutifs le cours pivot du yuan par rapport au dollar, ont ravivé les craintes entourant l'essoufflement de la deuxième économie mondiale, dont le ralentissement est de mauvais augure pour la reprise mondiale. Les cours du brut ont chuté de plus de 30% rien que sur l'année 2015. Depuis juin 2014, les cours ont perdu plus de 70% de leur valeur. Une tendance qui devrait persister, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI). «Le défi est d'autant plus redoutable qu'à la différence des cycles précédents, les prix devraient cette fois-ci rester durablement bas», a déclaré la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, en anticipant un léger redressement des prix en 2019. Mme Lagarde intervenait, vendredi dernier, lors d'une rencontre avec les ministres des Finances de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). Selon la patronne du FMI, les cours de brut resteront pénalisés par plusieurs facteurs qui contribuent à une surabondance de l'offre. Mme Lagarde cite l'avènement du pétrole de schiste, l'évolution du comportement stratégique de l'Opep et l'augmentation des exportations iraniennes. Côté demande, le repli de la consommation de pétrole aux Etats-Unis et la faiblesse générale de l'activité économique, notamment dans les pays émergents, pèsent sur les prix et les tirent vers le bas, relève-t-elle. Par ailleurs, elle a observé que la Chine, principal partenaire commercial de l'Afrique, avait entrepris un rééquilibrage historique de son modèle de croissance et est devenu, selon elle, «le théâtre d'une deuxième transition» qui s'est traduit par une baisse de la demande des matières premières dont le pétrole. B. A. /Agences