Les Chebab ont pris d'assaut hier un camp du sud de la Somalie hébergeant des soldats kényans de l'Amisom - la Force de l'Union africaine (UA) dans le pays - et somaliens, un responsable militaire somalien évoquant d'importantes pertes. L'attaque a eu lieu à El-Adde, localité de la région méridionale de Gedo, frontalière du Kenya et de l'Ethiopie. Une base où étaient stationnées des troupes kényanes de l'Amisom et somaliennes de l'embryon d'armée nationale (SNA). Les Chebab, affiliés à Al-Qaïda, ont affirmé avoir tué 63 soldats kényans et pris le contrôle de la position. Les Chebab ont coutume d'exagérer les bilans de leurs opérations et l'Amisom ne communique en général pas le nombre précis de tués et blessés dans ses rangs. Le porte-parole de l'armée kényane, le colonel David Obonyo, a de son côté affirmé que les Chebab s'étaient emparés d'un camp de la SNA, voisin de celui des troupes kényanes de l'Amisom. Selon Hussein Adam, un chef traditionnel d'un village proche, «il y a eu une forte explosion, suivi instantanément par des échanges de tirs. Cela a continué avec intensité durant environ 45 minutes avant que les combattants Chebab ne s'emparent du camp des soldats kényans». C'est la troisième attaque d'ampleur menée contre une base de l'Amisom dans le sud somalien depuis six mois. Les Chebab avaient attaqué fin juin une base burundaise à Lego, puis un camp ougandais à Janale, deux localités de la région de Basse-Shabelle. Selon de nombreux témoignages les Chebab étaient parvenus à chaque fois à s'emparer temporairement des positions de l'Amisom. La force africaine avait reconnu des pertes dans ses rangs, sans donner de bilan précis. Les Chebab avaient affirmé avoir tué une cinquantaine de soldats à chaque fois. Les attaques réussies de ces bases, isolées dans des zones dont de larges parts échappent au contrôle de la SNA et de l'Amisom, ont permis aux Chebab de se targuer de succès militaires devenus rares ces quatre dernières années. Confrontés à la puissance de feu supérieure de la force africaine qui épaule la fragile SNA, les Chebab ont perdu l'essentiel de leurs bastions depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011, refusant la plupart du temps le combat conventionnel et privilégiant désormais les opérations de guérilla et les attentats suicide. Les Chebab continuent néanmoins de contrôler de nombreuses zones rurales et de constituer une menace pour la sécurité en Somalie mais aussi pour celle des pays voisins, notamment le Kenya où ils ont mené ces dernières années de nombreuses attaques, certaines spectaculaires, faisant au total plus de 400 morts depuis 2013. L'Ouganda (environ 6 000 soldats), le Burundi (5 400) et le Kenya (3 600) sont avec l'Ethiopie (4 400) les principaux contributeurs de troupes de l'Amisom, forte d'environ 22 000 hommes et déployée depuis 2007 en Somalie pour soutenir les fragiles autorités de Mogadiscio. La Somalie a sombré dans le chaos depuis la chute de Siad Barre en 1991, livrant le pays aux milices de chefs de guerre et gangs criminels. R. I.