Un vibrant hommage a été rendu, samedi dernier à la salle Atlas, à Bab El Oued, comble de monde, au regretté Cheikh El Hasnaoui, un des maîtres de la chanson algérienne, dans une grande cérémonie qui a réuni plusieurs artistes de renom et au cours de laquelle un coffret-CD regroupant le parcours artistique de l'homme a été présenté. Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, présent à cette cérémonie, a déclaré à cette occasion que «Cheikh El Hasnaoui, ce monument de la chanson algérienne, est un exemple à suivre», invitant les jeunes artistes à reprendre ses œuvres, car, «les reprendre c'est réussir», rapporte l'APS. La soirée a débuté avec la prestation des danseurs du ballet national sur les rythmes valse et rumba composés par El Hasnaoui. La première à rendre hommage au maître est la chanteuse «Djura», Djouhra Abouda de son vrai nom, fondatrice en 1979 à Paris du trio féminin «Djurdjura», qui a ensuite rejoint la scène pour entonner en solo un «achwiq» avec une voix suave, avant d'enchaîner avec la lecture d'une de ses poésies intitulée «Je suis celle qui porte le nom de femme». «Cheikh El Hasnaoui Dhi Thimlilith» (Cheikh El Hasnaoui à travers une rencontre), documentaire d'une dizaine de minutes, réalisé par Abderrezak Larbi Chérif, qui a remporté le 1er Prix au 14e Festival du film amazigh de Tizi Ouzou en octobre 2015, a été projeté, retraçant le parcours de l'artiste marqué par l'exil, soutenu par quelques témoignages ainsi qu'un entretien réalisé par l'ethno-musicologue Mahfouf M'Henna. Dirigés par H'çen N'Ath Zaïm, les 15 instrumentistes et les quatre choristes de l'orchestre éponyme ont, par la suite, accompagné Abdelkader Chaou, Nassima Chabane, Khaloui Lounes, Hamidou, Rachid Koceila, Takfarinas, Nouria Yasmine et El Hasnaoui Amechtouh, qui se sont succédé, interprétant les textes de l'artiste. Les chansons Entsa'th tavghayi neq vghight's, Intès ma dyès, Ya Noudjoum Ellil, Arwah arwah, Adjini, aâlmini fehmini, Sani, sani atrouhadh, Adhchekragh thikvaïliyine, et d'autres titres ont été brillamment rendues dans leur beauté mélodique et la densité de leurs textes. Evoquant l'amour, la patrie, la douleur sentimentale, l'exil, le voyage, l'appel de la terre natale, les textes, souvent métaphoriques et allusifs, des différentes chansons interprétées, étaient repris en chœurs par l'assistance. Plusieurs artistes dont Aït Menguellet, Akli Yahiaten, Kamel Hammadi, Réda Doumaz, Nacer Mokdad, ainsi que les comédiens Hassen Benzerari et Sid Ali Bensalem étaient également présents à cet hommage organisé par l'Office national des droits d'auteurs et droits voisins (Onda). Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Khelouat de son vrai nom, est né le 23 juillet 1910 à Tadart (village) Tamuqrant dans la commune de Beni Zmenzer à Tizi Ouzou. Son nom de scène se réfère au aârch des Ihesnawen auquel il appartenait. Sa première chanson A yema yema, une complainte de déracinés composée à Alger en 1936, le propulse parmi les grands de l'époque. Parti en France en 1937, il eut une carrière fulgurante, faite que de succès essentiellement 29 chansons en langue kabyle et 17 en dialecte algérois, avant de regagner l'île de La Réunion où il mourût le 6 juillet 2002 à l'âge de 92 ans. R. C.