Des académiciens et chercheurs participant à une conférence maghrébine sur «la formation des élus locaux et la réforme de l'administration locale» ont mis en exergue, jeudi dernier à Ouargla, l'importance de la décentralisation de l'administration pour se rapprocher plus du citoyen et promouvoir le développement local. Abdelaâli Haha, enseignant à l'université Mohamed Khider (Biskra), a appelé, dans sa communication intitulée «l'avenir des nouvelles circonscriptions administratives (wilayas déléguées dans la législation algérienne)», à œuvrer à la promotion de ces nouvelles circonscriptions, créées en vertu d'un décret présidentiel, dotées de leurs assemblées élues pour garantir leur décentralisation administrative et financière et renforcer leur pouvoir décisionnel. «Le législateur algérien a tenu compte, dans ce découpage administratif, de certains critères touchant notamment à la territorialité, la densité de la population et les communes de rattachement, dans le but de rapprocher davantage l'administration du citoyen, alléger les charges administratives des wilayas et lutter contre la bureaucratie,» a expliqué la communicante. Meroua El-Chermiti de l'université de Sfax (Tunisie), a évoqué, de son côté, l'expérience de la décentralisation des collectivités locale en Tunisie, induite par la Constitution du 27 janvier 2014, s'appuyant sur le principe de la «libre administration et de l'autorité déconcentrée», afin de rapprocher l'administration de l'administré et de contribuer au développement local. Pour cette intervenante, la décentralisation administrative et financière des collectivités locales constitue de grands défis face à la faiblesse des ressources humaines et financières, notamment pour les collectivités dépendant quasi-totalement des subventions de l'Etat. Mohamed El-Ghali de l'université Kadi Ayadhi de Marrakech (Maroc) a, pour sa part, abordé, dans son exposé sur «la restructuration des nouveaux rôles de l'Etat marocain dans la stratégie de régionalisation avancée», la question des assemblées régionales adoptées par la constitution de 2011 qui, a-t-il expliqué, est «un choix stratégique par le biais duquel l'Etat, les institutions publiques et les collectivités territoriales, œuvrent à la mobilisation des moyens au service du citoyen». Organisée sous le thème «Enjeux stratégiques pour une démocratie participative», cette conférence de formation s'est tenue, mercredi et jeudi dernier, à l'initiative du Laboratoire des mutations politique et socio-économique de la faculté de Droit et des sciences politiques de l'université d'Ouargla, avec le concours de la wilaya de Ouargla et la fondation allemande Hanns-Seidel. Les travaux de la rencontre se sont articulés autour de thèmes liés aux «marchés publics et contentieux administratifs dans les assemblées locales et territoriales», «l'état civil et la société civile dans les collectivités locales» et «la prospective de l'administration locale dans les pays maghrébins». APS Encadré Pour plus de décentralisation des collectivités locales dans le Maghreb Les participants à la rencontre maghrébine sur la formation des élus locaux et la réforme des collectivités locales dans les pays maghrébins, ont plaidé sur le nécessaire renforcement de la décentralisation des collectivités locales pour plus d'efficience dans leurs missions. Des experts et chercheurs universitaires de Tunisie, du Maroc, de Mauritanie et d'Algérie ont appelé à un renforcement de la décentralisation dans la gestion des collectivités locales dans les pays du Maghreb, ainsi que leur dotation en moyens humains et matériels nécessaires pour assurer plu d'efficience de leurs missions, notamment en matière d'amélioration du service public et de diversification de leurs ressources et revenus. Le développement du cadre réglementaire régissant les relations entre les collectivités locales et l'Etat, et également avec leur environnement, ainsi que le renforcement de la coopération par la capitalisation d'expériences maghrébines, ont également été prônées par les intervenants. Les recommandations issues de cette rencontre ont mis l'accent sur la formation continue des élus locaux, leur encouragement pour l'amélioration continue de leurs missions, le renforcement de la contribution de l'élite académique à la consécration d'une démocratie locale, dans le cadre d'un partenariat entre l'université et son environnement. Dans l'optique d'élargir l'opération de contrôle et d'impliquer le citoyen dans la protection des deniers publics au niveau des collectivités locales, les participants ont insisté sur l'ancrage de la culture de lutte contre la corruption, la dynamisation du rôle de la société civile dan ce cadre, le renforcement de la protection des élus locaux dans l'exercice de leurs missions et leur dépénalisation, en plus de l'ancrage de la citoyenneté positive et responsable pour raffermir la confiance entre le citoyen et l'administration locale.