Les énergies polluantes dominent dans la plupart des mix électriques nationaux malgré le déploiement rapide de nouvelles capacités renouvelables : 64 GW de capacités éoliennes et 57 GW de capacités photovoltaïques ont été installées dans le monde en 2015, soit autant que l'ensemble des autres unités de production installées durant l'année, rappellent les acteurs de ces filières. Cela explique d'ailleurs en partie pourquoi ces derniers communiquent davantage sur les données de puissance installée que sur celles de production En 2015, les installations d'éoliennes constituent près de 44,2% du total des nouvelles capacités électriques installées dans l'Union électrique, bien devant les installations photovoltaïques et les centrales à charbon. Plusieurs organisations du secteur éolien ont communiqué la semaine dernière leurs chiffres clés sur le développement de l'éolien en 2015. Les nouvelles capacités installées n'ont jamais été aussi importantes dans l'Union européenne et dans le monde. En France, la reprise du secteur se confirme mais les objectifs de 2020 semblent toujours hors de portée. Etat des lieux Avec 999 MW raccordés au réseau électrique, la croissance du parc éolien français a été relativement soutenue en 2015 bien que moins forte que l'année précédente (1 156 MW en 2014). Les nouvelles unités de production installées dans l'hexagone ont permis au parc éolien français de franchir durant l'année le cap des 10 000 MW installés, avec une puissance cumulée atteignant 10 312 MW à fin 2015, selon les données de RTE. La dynamique de croissance de l'éolien en France devrait se poursuivre dans les prochaines années, «à la faveur de nouvelles mesures de simplification, du maintien des tarifs d'achat au moins jusqu'en 2018, des financements plus accessibles et du rendement accru des nouvelles éoliennes», selon l'institut d'études Xerfi. L'objectif français de 25 000 MW éoliens installés dont 19 000 MW à terre à l'horizon 2020 reste toutefois inatteignable dans ces conditions de développement. Selon Xerfi, la puissance du parc éolien terrestre en France pourrait plutôt atteindre 17 000 MW (soit 17 GW) en 2020. S'y ajouteront 425 éoliennes offshores (d'une puissance cumulée de 2,9 GW) dont l'installation devrait s'échelonner entre 2018 et 2023. Pour rappel, le parc éolien français a généré 21,1 TWh en 2015, soit 23,3% d'électricité en plus qu'en 2014. La part de l'éolien dans le mix de production électrique français atteint désormais 3,9%, ce qui en fait toujours la deuxième source d'électricité d'origine renouvelable derrière l'hydroélectricité (11,7%). Le facteur de charge moyen du parc éolien français en 2015, c'est-à-dire le rapport entre l'énergie qu'il a produit et l'énergie qu'il aurait pu produire s'il avait constamment fonctionné à sa puissance maximale, avoisine 24,3% en 2015 (contre 22,6% en 2014). Il a atteint un maximum de 86,3% le 29 mars 2015 à 13h, indique le gestionnaire de réseau RTE. En 2015, près de 12 800 MW éoliens ont été installés dans l'Union européenne, dont près de 47% uniquement en Allemagne (6 013 MW). Les autres principaux pays ayant augmenté la capacité de leurs parcs éoliens sont la Pologne (1 266 MW installés durant l'année), la France, le Royaume-Uni (975 MW), la Suède (615 MW) et les Pays-Bas (586 MW). Si la France ne figure pas en meilleure position alors qu'elle dispose du 2e gisement éolien en Europe et d'un nombre important de projets, c'est en partie lié «au grand nombre d'autorisations administratives à obtenir pour la construction de parcs (certains projets ont été bloqués des années pour des problématiques de radars météo) et au long délai de traitement des procédures de recours» selon Benoît Pueyo, dirigeant d'Omexom Renewable Energies. Au total, la puissance du parc éolien installé en Europe à fin 2015 atteint 142 GW, dont 11 GW offshore (principalement au Royaume-Uni). Selon l'EWEA (association européenne de l'énergie éolienne), le parc éolien de l'Union européenne produirait désormais près de 315 TWh par an (dont 40,6 TWh à partir de fermes offshore), ce qui suppose un facteur de charge moyen d'environ 25,3%. En Allemagne, le parc éolien a généré en 2015 près de 13,3% de la production nationale d'électricité (qui atteint au total 647,1 TWh). Cette part élevée témoigne de la transition énergétique accélérée (Energiewende) dans ce pays mais le mix électrique y repose encore à plus de 42% sur le charbon et à 14,1% sur le nucléaire. Au Danemark, le niveau de la production éolienne équivaudrait en 2015 à 42% de la consommation électrique nationale, selon les données officielles du pays. En 2015, la Chine a, à elle seule, installée près de la moitié des nouvelles capacités éoliennes dans le monde (30,5 GW, soit 48,4% du total mondial) selon le GWEC (Global Wind Energy Council). A fin 2015, la Chine et les Etats-Unis disposent respectivement de 33,6% et de 17,2% de la puissance éolienne totale installée dans le monde. La part de l'éolien reste toutefois largement minoritaire dans le mix de production électrique de ces deux pays. En Chine, le charbon compte toujours pour près des trois quarts de la production électrique nationale en 2015 tandis que la part de l'éolien est limitée à 3,3%. Les nouvelles capacités éoliennes installées dans ce pays ont toutefois augmenté de 60% en 2015 par rapport à 2014 alors même que la production d'électricité a baissé dans ce pays pour la première fois depuis 1968 (-0,2%). Aux Etats-Unis, l'éolien génère environ 4,5% de la production électrique totale selon les dernières données de l'EIA portant sur les dix premiers mois de 2015. Le charbon et le gaz naturel comptent respectivement pour 35,1% et 31,4% de ce mix. Les énergies fossiles restent ainsi omniprésentes dans la plupart des mix électriques nationaux malgré le déploiement rapide de nouvelles capacités renouvelables : 64 GW de capacités éoliennes et 57 GW de capacités photovoltaïques ont été installées dans le monde en 2015, soit autant que l'ensemble des autres unités de production installées durant l'année, rappellent les acteurs de ces filières. Cela explique d'ailleurs en partie pourquoi ces derniers (tout comme l'EWEA et le GWEC) communiquent davantage sur les données de puissance installée que sur celles de production.