Les réformateurs proches du président iranien, Hassan Rohani, ont remporté les 30 sièges de parlementaires qui étaient en jeu à Téhéran, selon les résultats définitifs annoncés, hier, par le ministère de l'Intérieur, et semblent s'être bien comportés également dans l'élection de l'Assemblée des experts. Les Iraniens étaient appelés vendredi à un double scrutin pour renouveler les 290 députés du Parlement, mais aussi les 88 membres de cette instance religieuse chargée notamment de désigner le guide suprême de la Révolution. Pour ce qui est de l'élection à l'Assemblée des experts, les alliés de Rohani ont également fait forte impression dans la capitale, où ils ont remporté 15 des 16 sièges qui étaient en jeu, selon les résultats définitifs relayés par l'agence de presse Irna. Deux ultraconservateurs Mohammed Yazdi, président sortant de l'Assemblée des experts, et Mohammad-Taghi Mesbah-Yazdi, considéré comme le mentor de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, ont été battus à Téhéran. Un seul membre du camp conservateur, arrivé en 16e position, a été élu dans la capitale. Il s'agit d'Ahmad Jannati, par ailleurs président du Conseil des gardiens, qui a interdit à bon nombre de candidats réformateurs de se présenter. L'actuel Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, est âgé de 76 ans. Désignés pour huit ans, les experts seront en place jusqu'en 2024. D'après les résultats communiqués par l'agence Irna, les conservateurs pourraient perdre leur domination à l'Assemblée des experts. Le double scrutin de vendredi constituait le premier test électoral depuis la conclusion, le 14 juillet à Vienne, de l'accord historique sur le programme nucléaire de la République islamique qui a permis la levée en début d'année des sanctions internationales imposées à l'Iran. La sortie de l'isolement diplomatique et commercial était l'une des promesses électorales d'Hassan Rohani lors de la campagne qui a conduit à sa victoire lors de la présidentielle de juin 2013. Deux camps s'affrontaient dans les urnes : le bloc des conservateurs, opposés au mouvement de détente avec l'Occident, et le bloc des alliés du Président modéré, qui remettra son mandat en jeu l'année prochaine. Le jour du vote, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, qui a conduit les négociations nucléaires avec les puissances du groupe P5+1, avait résumé les enjeux du double scrutin: «Le message de cette élection à la communauté internationale est que les Iraniens soutiennent fermement leur gouvernement», avait-il commenté après avoir voté à la mosquée Jamaran, dans le nord de Téhéran. Parmi les députés conservateurs sortants battus vendredi se trouvent nombre d'adversaires déclarés de l'accord de Vienne, dont Mehdi Koochakzadeh, qui avait qualifié Zarif de «traître», et Roohollah Hosseinian, qui menaçait d'enterrer sous une chape de ciment les négociateurs iraniens coupables à ses yeux d'avoir accepté trop de concessions. Hors de la capitale, le rapport de force est plus favorable aux conservateurs, qui gardent une bonne part de leurs sièges dans les deux assemblées. La participation s'est établie à 62% des inscrits au niveau national, à 50% dans la capitale, a précisé le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli. «Cette élection peut être un tournant dans l'histoire de la République islamique», écrit l'éditorialiste du quotidien réformateur Mardom-Salari, dont le directeur, Mostafa Kavakebian, fait partie des réformistes élus au Parlement à Téhéran. Reuters