Environ 60% des électeurs iraniens ont participé aux élections législatives et à celle de l'Assemblée des experts qui nomme le guide suprême. Il s'agit d'une estimation provisoire donnée hier par une source officielle. "Au moins 33 millions" des 55 millions d'électeurs ont voté, a déclaré le porteparole du ministère iranien de l'Intérieur, Hossein-Ali Amiri, à la TV nationale. Le chiffre définitif sera annoncé plus tard dans la journée et "devrait augmenter", selon lui. La participation aux législatives de 2012 avait été de 64,2%, mais seulement de 48% à Téhéran. M. Amiri a estimé qu'un 2e tour devrait être organisé dans un certain nombre de grandes villes, mais n'a donné aucune indication sur les élus au Parlement et à l'Assemblée des experts. Les résultats définitifs, qui devront être confirmés par le Conseil des gardiens de la Constitution (conservateur), ne sont pas attendus avant plusieurs jours. Ceux des provinces devaient être connus hier, ceux de Téhéran et de ses 5,5 millions d'électeurs lundi. POUR OU CONTRE L'OUVERTURE Ce double scrutin s'annonce déterminant pour la poursuite de la politique d'ouverture du président modéré Hassan Rohani qui espère asseoir son autorité face aux conservateurs. Les bureaux de vote à l'élection du Parlement et de l'Assemblée des experts, qui nomme le guide suprême, ont fermé tard. Le vote a été prolongé de quatre heures les régions et près de six à Téhéran où les bureaux sont restés ouverts jusqu'à 23h45. Tout au long de la journée, de nombreuses files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote des grandes villes, dont Téhéran, signe de l'intérêt suscité par ces élections. Il y a quatre ans, le taux de participation avait été de 64,2% dans le pays, seulement de 48% à Téhéran. Selon un responsable électoral, environ 28 millions des 55 millions d'électeurs avaient voté à 21H00 locales. RESULTATS DEFINITIFS DANS PLUSIEURS JOURS Les résultats globaux et définitifs, qui devront être confirmés par le puissant Conseil des gardiens de la constitution (conservateur), ne sont pas attendus avant plusieurs jours. Mais ceux des provinces devraient être connus samedi, ceux de Téhéran lundi. Les Iraniens étaient appelés à élire les 290 membres du Parlement et les 88 sièges de l'Assemblée des experts, deux instances dominées par les conservateurs. Le guide suprême, Ali Khamenei, a été l'un des premiers à voter dans la capitale. Il a appelé "tout le monde" à voter. "Nous avons des ennemis" qu'il faut "décevoir" par le vote, a-t-il ajouté sans les nommer, mais il exprime régulièrement sa méfiance à l'égard des puissances occidentales, en premier les Etats-Unis, accusés de chercher "à s'infiltrer" en Iran. PREMIÈRES ELECTIONS DEPUIS L'ACCORD NUCLEAIRE Ces élections étaient les premières depuis la conclusion en juillet d'un accord entre les grandes puissances et Téhéran sur le programme nucléaire iranien, qui doit permettre à l'Iran de sortir de son isolement et de relancer une économie affaiblie par près de dix ans de sanctions internationales. Pour le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, après cet accord, les grands pays occidentaux "ont désormais compris qu'il convenait de parler au peuple iranien avec dignité". La plupart des sanctions ont été levées mi-janvier au moment de l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire. M. Rohani, élu en 2013, mise sur cette avancée majeure pour obtenir une majorité favorable au Parlement. Cela l'aiderait à mettre en place une politique de réformes économiques et sociales avant la fin de son mandat en 2017. MOBILISATION DES REFORMATEURS Les réformateurs avaient en partie boycott é le scrutin de 2012 pour protester contre la réélection qu'ils jugeaient frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad trois ans plus tôt. Cette année, ils ont été au rendez-vous, même si nombre de leurs responsables ont été écartés de la course par le Conseil des gardiens de la Constitution. Pour augmenter leurs chances, ils avaient fait alliance avec les modérés -dont certains peuvent être conservateurs- en présentant une liste commune baptisée "Espoir". Le chef de file de cette liste à Téhéran, Mohammad Reza Aref, a dit espérer en votant que "l'épopée de 2013 (l'élection de Rohani) se répétera". Les anciens présidents Mohammad Khatami (réformateur) et Akbar Hachemi Rafsandjani (modéré) avaient appelé à voter massivement pour les candidats pro-Rohani et ainsi barrer la route "à l'extrémisme". En face, une grande coalition des conservateurs qui, en adéquation avec la ligne du guide suprême, s'inquiètent d'un risque d'"infiltration" étrangère. A l'Assemblée des experts qui nomment le guide suprême, les réformateurs espèrent que ses figures les plus conservatrices seront battues, ce qui serait une victoire majeure pour eux. Car cette Assemblée, élue pour huit ans, pourrait être amenée à désigner le successeur de l'ayatollah Khamenei, âgé de 76 ans.