Bien qu'aucun parti n'ait eu hier la majorité aux législatives en Iran, les réformateurs emmenés par le président Rohani ont fortement progressé faces aux conservateurs. Sur les 290 sièges du Parlement élu pour quatre ans, les réformateurs et modérés en ont pour l'instant obtenu 89 contre 86 pour les conservateurs, selon des résultats partiels publiés dimanche par l'agence de presse Isna. Dix candidats indépendants ont également été élus mais sont pour l'instant inclassables. Les résultats pour une soixantaine d'autres sièges devraient être annoncés aujourd'hui. En revanche, un second tour devra être organisé en avril ou en mai pour départager les candidats briguant 51 autres sièges, et dont aucun n'a récolté suffisamment de voix pour être élu au premier tour. D'ores et déjà, les réformateurs et modérés peuvent se targuer d'avoir trois fois plus d'élus au Parlement, où ils en comptaient 30 jusqu'à présent contre environ 200 pour les conservateurs. Ils ont réalisé une percée remarquable à Téhéran où ils raflent la totalité des 30 sièges qui étaient jusqu'alors détenus en grande partie par les conservateurs. Parmi ces derniers, plusieurs étaient de farouches opposants à l'accord conclu en juillet 2015 entre les grandes puissances et l'Iran sur son programme nucléaire. L'accord est entré en vigueur mi-janvier, entraînant la levée de la plupart des sanctions économiques qui asphyxiaient l'économie iranienne. «Le progrès du pays est l'objectif principal» et le «prochain Parlement aura de lourdes charges», a estimé le guide suprême Ali Khamenei, dans un message lu à la télévision, en mettant en garde contre «un progrès superficiel sans indépendance ni intégrité nationale». Le président Rohani a, pour sa part, affirmé dans un tweet que «les électeurs ont créé une nouvelle atmosphère». Religieux modéré, il misait sur l'avancée majeure qu'a été l'accord nucléaire et les investissements étrangers attendus par son application, pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement. Il entend mettre en place une série de réformes économiques et sociales avant la fin de son premier mandat de quatre ans en 2017. Autre motif de satisfaction pour le président iranien : son élection et celle de son allié Akbar Hachemi Rafsandjani, ancien président de la République islamique, à l'Assemblée des experts après être arrivés en tête à Téhéran. Cette chambre, composée de 88 religieux élus pour huit ans, est chargée de nommer le guide suprême iranien et pourrait être amenée à jouer un rôle déterminant durant son mandat puisque le guide actuel, Ali Khamenei, est âgé de 76 ans. L'élection pour son renouvellement a eu lieu vendredi en même temps que les législatives. Le taux de participation aux deux scrutins a été d'environ 60%. Deux religieux conservateurs connus pour leur hostilité envers les réformateurs, les ayatollahs Mohammad Yazdi, actuel chef de l'Assemblée des experts, et Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, ne seraient pas en position d'être élus, selon des résultats partiels portant sur la presque totalité des bulletins dépouillés. En revanche, l'ayatollah Ahmad Janati, chef du puissant Conseil des Gardiens de la Constitution (conservateur), serait élu. M. Rafsandajani a affirmé dans un tweet que «personne ne peut résister à la volonté de la majorité du peuple et ceux dont il ne veut pas doivent se retirer». La percée des pro-Rohani est d'autant plus notable que la plupart des grandes figures du camp réformateur avaient été écartées de la course aux législatives par le Conseil des gardiens de la Constitution qui a un droit de veto sur les candidatures.