Dans un scrutin très serré, Rohani et les réformateurs contestent le monopole des conservateurs Les alliés réformateurs du président Rohani ont marqué des points hier face aux conservateurs, en particulier à Téhéran, selon des résultats partiels d'un double scrutin vital pour la poursuite de l'ouverture. Au Parlement, ils enlèvent 54 des 137 sièges pour lesquels les résultats ont été publiés, raflant les 30 sièges mis en jeu dans la capitale iranienne. A cela s'ajoutent 11 candidats indépendants qui leur sont proches, soit un total d'au moins 65 députés. Les résultats définitifs de ces législatives sont attendus aujourd'hui ou demain. Grâce notamment à cette percée à Téhéran, le camp Rohani est assuré de disposer pour les quatre prochaines années d'au moins deux fois plus de députés que dans le précédent Parlement, qui était largement dominé par les conservateurs avec plus de 200 élus. Hassan Rohani misait sur l'avancée majeure qu'a été l'accord nucléaire conclu en juillet avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement. La plupart des conservateurs les plus radicaux qui s'étaient opposés à cet accord historique ont été éliminés. Autre motif de satisfaction pour le président iranien: son élection et celle de son allié Akbar Hachemi Rafsandjani, ancien président de la République islamique, à l'Assemblée des experts après être arrivés en tête à Téhéran. Cette chambre composée de 88 religieux élus pour huit ans est chargée de nommer le guide suprême iranien et pourrait être amenée à jouer un rôle déterminant durant son mandat, le guide actuel, Ali Khamenei, étant âgé de 76 ans. Deux importants religieux conservateurs connus pour leur hostilité envers les réformateurs, les ayatollahs Mohammad Yazdi, actuel chef de l'Assemblée des experts, et Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, ne seraient pas en position d'être élus, selon des résultats partiels portant sur la presque totalité des bulletins dépouillés. En revanche, l'ayatollah Ahmad Janati, chef du Conseil des Gardiens de la constitution (conservateur), serait lui élu. Les résultats définitifs pour l'Assemblée des experts devaient être annoncés hier. La percée des pro-Rohani, si elle se confirme, est d'autant plus remarquable que la plupart des grandes figures du camp réformateur avaient été écartées de la course aux législatives par le Conseil des gardiens de la Constitution, qui a un droit de veto sur les candidatures. «Ces résultats sont au-delà de nos attentes», a réagi Ali Shakouri-Rad, un responsable réformateur, qui a toutefois assuré que son camp «fera preuve de retenue pour exprimer (sa) satisfaction». A Téhéran, le chef de liste des conservateurs, Gholam-Ali Hadad-Adel, un ancien président du Parlement, n'arrive qu'en 31e position et serait battu car la capitale envoie 30 représentants au Parlement. En tête de liste des candidats certains d'être élus figurent Mohammad Reza Aref (réformateur) et Ali Motahari (indépendant), avec respectivement près de 1,3 million et plus de 1,1 million de voix. Ces résultats portent sur le décompte de la quasi-totalité des bulletins à Téhéran. Les réformateurs avaient inclus dans leur liste trois conservateurs, dont M. Motahari, qui ont tous été élus. La liste des réformateurs/indépendants à Téhéran était menée par Mohammad Reza Aref, ancien candidat réformateur à la présidentielle de 2013, qui s'était retiré en faveur du candidat Hassan Rohani, lui permettant d'être élu dès le premier tour. Dans le reste du pays, les réformateurs/indépendants -unis au sein de la liste «Espoir»- et les conservateurs se partagent les voix avec d'autres candidats indépendants qui ne figuraient sur aucune des deux listes principales, selon des résultats partiels. Un second tour devra être organisé en avril ou mai dans au moins 23 circonscriptions.