Selon Moscou, plus d'une vingtaine de violations du cessez-le-feu ont été enregistrées ces derniers jours principalement dans la province d'Alep, et des armes continuent de transiter «en permanence» par la frontière turque vers les groupes armés, mettant «en danger la cessation prochaine des hostilités». Après une semaine de trêve précaire des combats, l'opposition syrienne reste toujours très réticente à prendre part à la reprise des discussions de paix sur la Syrie, prévues la semaine prochaine à Genève. Les conditions ne sont «actuellement pas propices» à une reprise des négociations inter-syriennes le 9 mars prochain à Genève, a déclaré vendredi Riad Hijab, coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), regroupant politiques et représentants de groupes armés dit de l'opposition. Riad Hijab a évidemment rencontré les chefs de la diplomatie française, britannique, allemande et européenne, qui ont insisté sur la nécessité d'une reprise rapide des négociations, alors que la trêve des combats initiée par les puissances russe et américaine avec le soutien de l'ONU, en vigueur depuis le 27 février, reste très fragile. Une précédente tentative de discussions indirectes, le 3 février, sous l'égide de l'ONU avait échoué en raison de l'aggravation de la situation humanitaire et surtout du fait que l'armée syrienne ait changé le rapport de force sur le terrain. Hijab continue à faire une fixation sur le président syrien lui déniant «une place dans une future transition politique». L'envoyé de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a toutefois souligné qu'il revenait aux Syriens de «décider» du sort du président -toujours un des principaux points de blocage à une résolution politique du conflit. La Russie et l'Iran estiment que c'est aux Syriens d'en décider, encourageant l'organisation d'élections au plus vite malgré les réticences des autres acteurs. Les Occidentaux et les pays arabes tiennent toujours à leur préalable : le départ du président syrien «lorsqu'un processus de transition commencera». Rencontres et coups de téléphones se sont multipliés entre les soutiens européens des groupes de l'opposition et la Russie. Moscou et Paris ont cependant eu une nouvelle passe d'armes illustrant leurs visions antagonistes dans cette crise syrienne. Le président français Hollande considère que l'idée que Bachar al-Assad puisse d'organiser des élections législatives en avril est «provocatrice» et totalement «irréaliste». Son homologue russe Vladimir Poutine a promptement répondu que cela ne gênerait en rien le processus de paix. Sur le terrain, alors que la trêve continuait globalement de tenir, l'ONU a livré de l'aide humanitaire pour 20 000 personnes dans trois localités rebelles à l'est de Damas, deuxième opération du genre depuis le cessez-le-feu. Vendredi un groupe armée a pris le contrôle du point de passage d'Al-Tanaf, à la frontière irakienne, contrôlé du côté irakien par Daech. Officiellement la trêve ne s'applique pas aux groupes djihadistes de Daech et du Front al-Nosra, classés terroristes par l'ONU. Mais son application est compliquée par l'imbrication des groupes et le fait qu'al-Nosra est allié à des rebelles dits «modérés». Selon Moscou, 27 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées entre jeudi et vendredi, principalement dans la province d'Alep, et des armes continuent de transiter «en permanence» par la frontière turco-syrienne vers les groupes armés, mettant «en danger la cessation prochaine des hostilités». R. I.