Les Etats-Unis et la Russie sont tombés d'accord dans la nuit de jeudi à hier sur une «cessation des hostilités» en Syrie dans un délai d'une semaine afin de relancer le processus de paix et de stopper l'exode de civils. A l'issue de cinq heures d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les deux pays et leurs principaux alliés ont aussi décidé un accès accru et «immédiat» de l'aide humanitaire aux civils en détresse. «Nous avons convenu d'une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine», a déclaré le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, à l'issue de la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG). «Les résultats seront mesurés par ce qui se passera sur le terrain (...), pas sur les mots qui sont sur un bout de papier ce soir», a-t-il mis en garde. Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a jugé que c'était au gouvernement et à l'opposition syrienne «de prendre les mesures nécessaires». «Nous devrons probablement user de notre influence sur les parties», a-t-il dit. Sergueï Lavrov n'a pas totalement tort de parler de pression, car l'opposition à Bachar Al Assad n'a pas accueilli l'accord de Munich le sourire aux lèvres. Bref, rien n'est encore gagné. Le comité représentant les principaux groupes de l'opposition syrienne a souligné, hier, à ce propos qu'il reviendra aux rebelles armés sur le terrain d'approuver ou non une cessation des hostilités voulue par les grandes puissances. «Le projet d'une cessation temporaire des hostilités sera examiné par les factions rebelles sur le terrain», a déclaré George Sabra, un membre important du Haut-Comité des négociations (HCN), organe constitué de représentants des principaux partis d'opposition et groupes rebelles. Les rebelles armés sur le terrain «décideront de la mise en œuvre de cette trêve», a-t-il ajouté. Les conditions de l'opposition Le chef du HCN, Riad Hijab, a, pour sa part, souligné sur son compte twitter que toute décision sur la mise en œuvre de cette trêve sera «conditionnée à l'accord des factions des fronts nord et sud». Si les rebelles armés expriment leur accord pour une trêve et si une résolution de l'ONU demandant la fin du siège de nombreuses villes ainsi qu'un accès humanitaire sans entrave aux civils est mise en œuvre, «la porte sera ouverte pour une reprise des pourparlers (de paix) à Genève», a cependant affirmé M. Sabra. Les Etats-Unis et la Russie vont, signale-t-on, piloter les «modalités» de mise en œuvre de cette cessation des hostilités, a précisé M. Lavrov, en notant que c'est le premier pas vers un cessez-le-feu plus permanent. L'arrêt des hostilités concernera toutes les parties au conflit, à l'exception des «groupes terroristes Daech et Al Nosra (Al Qaîda)», ont précisé les ministres. Les négociations inter-syriennes, suspendues début février en raison d'une offensive de l'armée syrienne appuyée par l'aviation russe, doivent, par ailleurs, «reprendre dès que possible», a dit M. Kerry. Ces négociations doivent avoir lieu «sans ultimatum et pré-conditions», a souligné Sergueï Lavrov. Moscou refuse notamment de faire du départ de Bachar Al Assad un préalable, alors que les Occidentaux continuent d'affirmer qu'avec lui, une solution durable en Syrie est impossible. L'opposition syrienne réclamait des signes concrets humanitaires et l'arrêt des bombardements avant de reprendre ces négociations reportées, pour le moment, au 25 février.