Partira, partira pas ? Finalement, Christian Gourcuff, qui n'a pas encore démissionné et qui n'est pas encore parti, a la ferme intention de revenir définitivement en France. C'est en tout cas sa forte volonté depuis un certain temps et il vient de la réaffirmer dans une interview à un quotidien breton. C'est que le bonhomme, particulièrement stressé, est au bout du rouleau malgré les bons résultats de sa sélection dans le parcours de qualification pour la CAN au Gabon. Le sélectionneur national ne peut pas démissionner, sous peine de rembourser un reliquat de salaires conformément à son contrat avec la FAF. Il va donc devoir négocier une séparation à l'amiable avec son influent président Mohamed Raouraoua. Ce dernier, qui l'a déjà dissuadé de quitter son poste une première fois, ne pourra pas retenir cette fois-ci un homme aussi démoralisé et surtout aussi démotivé. Sauf forte surprise, Christian Gourcuff n'entraînera plus les Fennecs, dès le début de l'été. D'ailleurs, le Breton ne réside plus à Alger depuis plusieurs mois, n'y revenant qu'à l'occasion des éphémères regroupements des Verts. Pourtant, l'ancien entraîneur de Lorient se plaisait de louer ses conditions de séjour et de travail. Il a même mis l'accent sur le degré de professionnalisation de la FAF qui lui aurait offert des moyens qui n'ont à rien à envier à ceux des grandes nations de football. Mais un ressort semble s'être cassé. Sa vie de sélectionneur était déterminée par le triptyque FAF-Public-Presse. Or le technicien français semble ne plus supporter les trois. Trop de pressions, trop d'interférences, trop de dénigrement. Pourtant, lorsqu'il a mis les pieds à Alger, le coach Christian devait bien savoir que nous avons les dirigeants, le public et la presse sportive les plus terribles du monde ! Peut-être même les pires. Mais le successeur de Vahid Hallilhodzic n'a manifestement pas les capacités de résilience nécessaires pour résister à la bêtise congénitale du football algérien, incarnée par ses dirigeants, son public et sa presse de Pieds-nickelés. Trop tendre le Christian. Gourcuff n'est assurément pas un menhir breton. Le voilà qu'il perd donc, par sa propre volonté, l'occasion d'étoffer son CV vierge de sélectionneur. S'imposer en Algérie, dans les pires conditions qui soient, lui aurait permis de se faire un nom dans la liste des grands sélectionneurs. Une qualification pour la CAN et pour le Mondial en Russie auraient été de brillantes lignes dans son parcours. Ceci dit, ses qualités techniques et sa connaissance du football ne sont pas mises en cause. Tout comme Hallilhodzic et ceux d'avant, Gourcuff n'est après tout que le palmier qui cache le désert du foot. Le nombre de nos sélectionneurs est un extraordinaire baromètre de l'instabilité chronique propre à leur poste. Le foot de sélection aura donc connu depuis l'Indépendance du pays, treize étrangers. Dont trois Français, trois Belges, trois Roumains et un Russe, sans compter trois autres Français d'origine algérienne. Si nul n'est prophète en son pays, des hirondelles étrangères auront parfois fait le printemps d'un football algérien sous-développé. Ses maux, telles les sept plaies d'Egypte, sont archiconnus. A commencer par l'instabilité chronique de son encadrement, avec 65 sélectionneurs depuis 1963, soit une moyenne de 1,23 entraîneur par an. Et que dire encore de ses faiblesses structurelles ? Notamment une organisation folklorique, un management approximatif, une formation déficiente et des infrastructures indignes d'un pays aussi riche que l'Algérie ? Avoir des joueurs de talent en mesure de défier les meilleurs, ne suffit pas. Il faut donc voter un plan Marshall pour développer les infrastructures et investir dans la formation. Construire aussi des stades modernes car l'Algérie n'a pas d'enceintes en nombre suffisant et surtout aux normes internationales. C'est à ce prix que le ballon tournera plus rond. N. K.