L'homme d'affaires américain Donald Trump a perdu mardi la primaire présidentielle républicaine dans le Wisconsin, une défaite non fatale mais qui complique grandement son projet de rafler l'investiture avant la convention de juillet. Chez les démocrates, le sénateur du Vermont Bernie Sanders a facilement battu Hillary Clinton, dont c'est la sixième défaite en sept consultations. Le sénateur du Texas Ted Cruz a très largement battu Donald Trump, appuyé par les caciques républicains locaux qui avaient en dernier recours placé leurs espoirs dans cet ultra-conservateur, héros du Tea Party et de la droite religieuse. Sa victoire est sans appel : environ 48,3% des voix contre 35% pour Donald Trump. Ted Cruz devrait rafler la quasi-totalité des délégués grâce à une prime au vainqueur. Mauvais perdant, Donald Trump a accusé son rival de fraude et de collusion avec l'establishment républicain. «Ted Cruz est pire qu'un pantin», a déclaré son entourage. «C'est un cheval de Troie pour les chefs du parti qui essaient de voler l'investiture à Trump.» Malgré ce succès très net, le retard de Ted Cruz en nombre de délégués reste quasi-insurmontable : il en a 510 contre 743 pour Donald Trump. L'appareil républicain est conscient de cette implacable arithmétique, mais son objectif est de priver l'homme d'affaires de la majorité absolue de 1.237 délégués qui lui permettrait de décrocher l'investiture avant la convention nationale de Cleveland, en juillet. Le suspense devrait durer jusqu'aux derniers scrutins du 7 juin, notamment dans la grande Californie. Toute la stratégie de Ted Cruz consiste à forcer cette convention «ouverte», où il se présenterait comme l'homme de consensus anti-Trump. La bataille se déplace maintenant à New York pour la primaire du 19 avril, et en Pennsylvanie qui votera le 26 avril avec quatre autres Etats. Donald Trump y était jusqu'à présent le grand favori. Chez les démocrates, la région des Grands Lacs a été plus favorable au sénateur socialiste démocrate que le Sud, bastion d'Hillary Clinton où l'électorat noir lui a assuré d'immenses victoires en février et en mars. Bernie Sanders a capitalisé sur cette excellente séquence en déclarant que «la dynamique» était de son côté. «La dynamique, c'est d'avoir commencé cette campagne il y a 11 mois, alors que les médias nous qualifiaient de marginaux», a déclaré Bernie Sanders à Laramie, dans le Wyoming, où des «caucus» démocrates (réunions d'électeurs) auront lieu samedi. Il obtiendrait quelque 56% des voix contre 44% pour Hillary Clinton. Les 86 délégués démocrates seront répartis à la proportionnelle, ce qui atténue l'impact de la défaite pour l'ex-secrétaire d'Etat. Bernie Sanders a encore une fois raflé les voix des jeunes : 81% des 18-29 ans ont voté pour lui, selon les sondages de sorties d'urnes. Hillary Clinton avait de fait quasiment concédé la défaite en se concentrant depuis plusieurs jours sur New York, dont elle fut sénatrice de 2001 à 2009, et où elle part favorite, selon les sondages. Hillary Clinton dispose au total de 1 778 délégués contre 1 097 pour Bernie Sanders, selon l'estimation de CNN, en incluant près de 500 «super délégués» qui l'ont assurée de leur soutien à la convention de Philadelphie. La majorité requise pour être investi est de 2 383.