De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La pratique théâtrale a beaucoup évolué dans la capitale de l'Ouest au cours de ces dernières années. La floraison de troupes théâtrales a permis une pratique de plus en plus ostentatoire et une occupation importante des planches de l'opéra d'Oran «Abdelkader Alloula». En contrepartie, le public a été reconquis de manière progressive. Ce n'est pas grâce aux troupes professionnelles que l'on doit cette embellie théâtrale et ce retour du public. En effet, ce sont les troupes d'amateurs qui «écument» les établissements culturels et qui ont réussi avec leur assiduité et leurs productions à regagner la confiance du public. S'il est vrai que certains, qui se sont auto-déclarés réalisateurs ou dramaturges, ont mis au point quelques techniques de jeu prolifiques, il n'en demeure pas moins que beaucoup de lacunes persistent dans ce sens. Cela n'empêche pas un certain théâtre d'opportunisme qui s'alimente de la réalité périodique. Cela a été le cas pour le phénomène des harraga qui, loin d'inspirer ces hommes des planches de manière subtile et étudiée, incite plutôt à l'opportunisme et à la prédation occasionnelle. «On ne traite pas des sujets pareils en jouant des pièces qui n'ont ni queue ni tête. Traiter pareils phénomènes nécessite des études et des réflexions approfondies. Il faut associer également dans ces actions les spécialistes de la recherche en anthropologie, en sociologie, en psychologie, etc. comme faisait feu Abdelkader Alloula avec feu M'hamed Djellid, sociologue, ou encore feu M'hamed Bakhada, artiste peintre, qui alimentait les réflexions du dramaturge disparu d'El Bahia», note Houari, un homme du théâtre régional d'Oran. Dans ce contexte, il apparaît nécessaire d'éloigner le théâtre des arènes politiques et partisanes étroites et asphyxiantes. Le cas du département des arts dramatiques de l'université d'Es Sénia est assez édifiant sur la manière dont cet établissement contribue à la formation et à la production théâtrales dans la wilaya. Les premières et deuxièmes promotions spécialisées dans la comédie ainsi que les troisièmes et quatrièmes promotions spécialisées dans la réalisation scénique produisent un minimum de quatre pièces théâtrales sur l'année. «Depuis trois années déjà, nous avons signé des conventions avec le palais des arts et de la culture ainsi qu'avec le Théâtre régional d'Oran où nous faisons produire nos étudiants. Pour nous, c'est une manière de les mettre dans le bain, d'une part, et, de l'autre, nous contribuons à changer les pratiques théâtrales et les enrichir», note M. Imimoun Brahim, chef du département des arts dramatiques à l'université d'Es Sénia.