Photo : Riad Entretien réalisé par Smaïl Boughazi LA TRIBUNE : L'Agence nationale des métaux précieux semble décidée à pénétrer le marché de l'or. L'opération de récupération des métaux précieux lancée l'année dernière démontre clairement l'intérêt grandissant qu'accorde Agenor à cette industrie de l'or. Quels sont vos projets et ambitions ? Madjid Cherifi : Agenor est une entreprise de transformation des métaux précieux. Elle possède une usine et un réseau commercial. Les principaux ateliers métallurgiques interviennent dans la production du plani-argent et brasure argent. Un deuxième atelier est spécialisé dans l'installation du nitrate. Le nitrate est un produit utilisé pour la fabrication du miroir. On le vend beaucoup plus au groupe Somiver. Il y a un troisième atelier, spécialisé dans l'affinage de l'or. On achète, par exemple, de l'or minier de l'ENOR (entreprise minière) et on l'affine dans cet atelier. Pour cet atelier, nous avons un investissement en cours. Cette année, on doit recevoir une machine plus performante pour l'affinage de l'or. On a tracé un mémorandum avec l'ENOR. En vertu de ce mémorandum, on achètera de l'or minier et on le transformera dans nos ateliers. Le quatrième atelier est le GPC/Aurocyanure de potassium. Un dérivé de l'or destiné à l'industrie qui peut être exporté. Agenor a eu un résultat positif en 2008. Elle a pu augmenter son chiffre d'affaires de 50%, et ce grâce à une stratégie mise en place il y a deux années. Cette stratégie a pour objectif principal la rentabilité économique. C'est-à-dire avoir un résultat d'exploitation positif. On a pu augmenter la rentabilité de l'exploitation, on adapté nos coûts de revient et nos prix pour en fonction de ceux du marché, en tenant compte des résultats de l'exploitation et on a utilisé au mieux nos capacités de production. Voila globalement les grandes actions qu'on a entreprises. Il s'agit d'une meilleure utilisation des capacités de production et un meilleur contact avec notre clientèle (développement du marketing). Parmi les actions concrétisées, nous avons procédé à l'ouverture d'une grande vitrine à Alger. On veut améliorer l'image d'Agenor et développer une valeur ajoutée. En matière de projets, nous avons actuellement celui de la création d'une bijouterie industrielle. On a commencé à produire des chaînes et des gourmettes, dont un kilogramme de chaîne qui sera incessamment fini. Notre ambition c'est de développer de nouveaux produits. Pour cela, nous avons créé un comité de recherche pour développer la production du chlorure d'or. On vient de livrer une quantité de ce produit, utilisé dans le secteur de la santé comme révélateur d'analyses, à quelques établissements sanitaires. On veut également développer une matière destinée aux panneaux solaires pour un éventuel partenariat. Par ailleurs, on est en discussion avec la société Somiver pour développer nos capacités de production de nitrate d'argent. Qu'en est-il de l'opération de récupération d'or que vous avez lancée l'année dernière ? Cette opération nous a permis de récupérer l'or cassé qui circule dans le cadre informel et chez les particuliers. On en a récupéré une bonne partie et on va augmenter nos capacités de récupération et même peut-être importer de l'or cassé. Côté chiffres, on a commencé par des quantités peu importantes, mais cela fluctue d'un mois à un autre. On a commencé par 1 à 2 kg par mois et notre ambition c'est d'atteindre 20 kg par mois. C'est ambitieux mais c'est une ambition mesurable. Le marché national est évalué à 10 tonnes, et la récupération représente près de 20% de cette quantité. On est aussi en négociations avec la BDL pour acheter chez eux l'or de la récupération, puisque cette banque pratique le prêt sur gage. On a formé aussi le personnel d'Agenor pour l'expertise de l'or cassé. Nous avons ouvert également un point au niveau de notre agence d'Alger-Centre. Cette agence reçoit des particuliers qui veulent vendre leur or en toute sécurité et on les paie sur place, moins de 10 000 DA en espèces et plus de 10 000 DA par chèque. On a développé aussi deux autres points à Oran et Constantine. L'informel demeure néanmoins un handicap pour cette activité. Qu'en pensez-vous ? Pour l'informel, on ne peut pas avancer un chiffre exact. Nous voulons développer Agenor quel que soit l'environnement, c'est-à-dire que ce n'est pas à nous de changer cet environnement. Maintenant, Agenor n'a pas le monopole. Aujourd'hui, tout le monde est libre d'importer et d'exporter de l'or. Actuellement, au niveau de notre entreprise on s'est penché beaucoup plus sur le développement de l'entité. On aurait pu également avoir beaucoup plus de récupération s'il n'y a pas l'informel ; on aurait pu aussi développer beaucoup plus notre chiffre d'affaire. Mais au stade actuel, ça ne nous gène pas, ça ne nous dérange pas outre mesure et ce n'est pas notre problème principal. En d'autres termes, ce n'est pas à nous de freiner ce fléau. Les pouvoirs publics devraient s'occuper de cet informel. Moi je m'intéresse aux problèmes de l'entreprise, à ma production, à toutes les contraintes de l'environnement et comment vendre et rentabiliser l'entreprise. Qu'en est-il de l'ouverture du capital d'Agenor ? Oui, Agenor est une entreprise à privatiser. Il y a eu des appels d'offres qui ont été lancés, il y a eu aussi des retraits de cahiers des charges. Mais jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu de développement dans ce dossier. Ce qu'on souhaite à Agenor, c'est développer, en collaboration avec notre conseil d'administration, un partenariat public-privé. Si on arrive à trouver des partenaires tels que Cevital pour un projet de verre, Somiver pour un projet de Nitrate, ce serait intéressant. On voudrait justement développer cette forme de partenariat. L'enjeu principal de la privatisation c'est la rentabilité de l'entreprise.