L'exposition, qui se poursuit jusqu'à la fin de l'année, illustre la présence humaine en Algérie depuis la préhistoire et montre la richesse de la biodiversité végétale et animale dans cette région. Elle met également à l'honneur les chercheurs algériens en dévoilant leurs découvertes au grand public Le musée national du Bardo convie le grand public à un voyage spatio-temporel remontant à plus d'un million d'années à travers l'exposition intitulé «L'Algérie dans la préhistoire, recherches et découvertes récentes», coordonnée par la paléontologue Faiza Riach. Organisée par le Musée de préhistoire et d'ethnographie en partenariat avec des chercheurs du laboratoire de préhistoire de l'Institut d'archéologie, cette exposition retrace dans un parcours chronologique l'occupation humaine de l'Algérie préhistorique, se déclinant en six volet, dont plusieurs sont le fruit de ces vingt dernières années de recherches et de fouilles sur le terrain qui ont permis des découvertes exceptionnelles pour l'écriture de nouveaux chapitres non seulement de l'histoire de l'Algérie mais de toute l'Afrique du Nord. Ainsi, le visiteur est convier à marcher sur les pas des archéologues pour découvrir les résultats de fouilles menées sur les sites préhistoriques de Ain El Hanech à Sétif, Errayah et Oued El Hadj à Mostaganem, sur les grottes de Taza à Jijel, de Tighennif à Mascara et de Tin Hanakaten dans la région de Djanet). Avec une scénographie digne de l'importance scientifique de ces découvertes, le premier volet de l'exposition intitulé «Espace temps» présente des tableaux chronologiques retraçant les différentes périodes de la préhistoire avec un recensement de la faune et du climat à travers les différentes époques préhistoriques. Il est à noter que plusieurs restes fossilisés et ossements d'animaux tels que des crocodiles, éléphant d'Afrique du nord et hippopotames découverts dans plusieurs régions du pays sont exposés. Les restes fauniques et lithiques (galets taillés, éclats de silex), découverts lors des fouilles du site de Ain El Hanech conduites par le Pr Mohamed Sahnouni en 1992, remontent à 1,8 million d'années. Les fouilles du site d'Errayah à Mostaganem, réalisées à partir 1996 par le professeur Derradji Abdelkader et son équipe de l'Institut d'archéologie ont livré un matériel lithique diversifié remontant à 1 million d'années. Le site est localisé précisément à 2 km au nord-ouest de la daïra de Sidi-Ali, dans les environs de la ville de Mostaganem. Ce site, continue d'être exploré. Parmi les sites de recherche les plus fascinant, celui de Taza à Jijel. Reproduit dans une scénographie mettant en relief l'importance de la découverture dans une salle aménagée en forme de grotte et abritant justement les résultats des fouilles menées dans les grottes de Taza, on y trouve des meules et des outils ciselés dans des ossements d'animaux. Le visiteur est transporté 14 000 ans dans le passé au cœur de la culture ibéromaurusienne. Les fouilles menées depuis 1987 par des archéologues de l'Université d'Alger ont permis de reconstituer l'occupation humaine, les systèmes d'habitat, de vie sociale et culturelle dans ces grottes. Parmi les pièces exposées, la fascinante reconstitution du crâne de l'homo sapiens qui a permis de tirer le portrait de la «Femme de Taza». Il y a également le site de Tin Hanakaten ans le Tassili n'Ajjer à Djanet et qui remonte à 9 000 ans avant notre ère. Dans la présentation du site il est précisé qu'il comporte deux abris sous roche que les populations préhistoriques utilisaient comme espaces d'habitats, durant l'époque néolithique. L'occupation humaine s'y est développée pendant 10 000 ans. Les parois d'un des abris sont riches de peintures rupestres. Les fouilles ont également permis d'impressionnantes collectes d'informations sur les premiers pasteurs dans le Sud algérien. Le site comporte des restes humains, des pointes de flèches, des fragments de poterie remontant à plus de 11 000 ans en plus d'objets de culte et de gravures et peintures rupestres découvertes dans des abris sous roche. Il y a également des restes humains remontant à environ 750 000 ans découverts sur le site paléolithique de Tighennif à Mascara, où ont été découverts en 1954 les restes du premier homme d'Afrique du Nord aussi appelé «Homme de Palikao», un homo erectus appelé Atlanthrope, ou homme de l'Atlas. Il est a souligner que le musée a réserver un espace de vulgarisation pour les enfants où ils pourront voir des reproductions fidèles d'outils, d'animaux et d'armes préhistoriques, et organise des ateliers pour les jeunes archéologues apprentis. De même il est à saluer la louable initiative des organisateurs, en collaboration avec le ministère de la Solidarité et de la Famille, qui ont mis à disposition des textes et dépliant en braille. Au final, l'exposition qui se poursuit jusqu' à la fin de l'année illustre la richesse de la biodiversité végétale, animale et la présence humaine depuis la préhistoire. Elle met également à l'honneur les chercheurs algériens en dévoilant leurs découvertes au grand public à l'instar des professeurs Mohamed Sahnouni, Abdelkader Derradji, Mohamed Medig et Ginette Aumassip qui ont permis, tel que le soulignent les organisateurs, de faire «des découvertes importantes et significatives. Le matériel collecté et étudié a donné lieu à des publications riches en informations sur les anciennes cultures de notre pays». S. B.