Le cinéma est de retour à Annaba et la situation du 7e Art ira s'améliorant avec la restauration et la rénovation de la salle de cinéma El Manar (ex-Variétés). Une salle mythique que des générations de cinéphiles ont fréquentée se délectant de films cultes dont certains ont appris par cœur certaines répliques d'acteurs devenues légendaires. La salle abandonnée durant la décennie noire durant laquelle la culture, sous toutes ses expressions, avait été bannie, était devenue un pissoir, un lieu où des vagabonds se réfugient les jours d'hiver. La grande porte à double battant qui était l'expression même de l'ouverture de la culture sur la société tout entière, a été fermée avec de grosses chaînes comme s'il s'agissait de la soustraire à ce public avide de cinéma. La cafeteria qui s'animait pendant les entractes ou avant la projection, aujourd'hui poussiéreuse avec un comptoir complètement délabré et sur lequel toutes sortes d'objets sont entassés, ressemble à une sorte de débarras qu'on a sciemment oublié. Sur le sol c'est un amoncellement d'ordures qui traînent. Il faut dire que les beaux jours qu'a connus cet espace culturel où se rencontraient les mordus du 7e Art et qui donnait vie à la culture avec ses cérémoniels, ses moments exceptionnels ont été une sorte d'embellie que les ennemis de la culture ont vite fait de faire oublier aux jeunes générations qui ne savent même plus ce qu'est un cinéma, ce grand écran où sont projetés des films et qu'on regarde avec passion. La salle a été convoitée par l'association religieuse de la mosquée Errahmane pour faire une extension et augmenter ainsi l'espace réservé aux fidèles. Ce projet a été pour les cinéphiles le point de départ d'un mouvement de protestation qui a été entendu par la direction de la culture et le wali d'Annaba qui a demandé à ce que la propriété de cet espace soit transférée au ministère de la Culture. Cette demande accordée, les prétendants déçus se sont détournés de cette revendication qui aurait porté le coup de grâce au Cinéma déjà bien mal loti. Et donc c'est un nouvel espoir qui renaît avec cette décision de restaurer cet espace culturel qui sera certainement le signe avant coureur d'une résurrection du cinéma comme l'avait annoncé le ministre de la Culture lors du FAFM qui s'est tenu à Annaba en décembre passé . Ainsi, tout sera refait à neuf, la grande salle avec ses centaines de sièges, des équipements ultramodernes de projection seront acquis, la façade sera refaite, l'éclairage, les fauteuils, et la sonorisation seront remis à neuf. 120 millions de dinars oint été alloués à ce projet de rénovation de cette salle de cinéma qui était abandonnée et a échappé de peu aux convoitises de certains intéressés par cet espace qu'ils voulaient squatter comme c'est le cas de magasins attenants. Cette nouvelle a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par les cinéphiles, les hommes de culture et le public assoiffé de cinéma et qui ne le découvre qu'à travers le petit écran pour admirer les acteurs sur la Croisette ou ailleurs. Cette première posée verra peut être plus tard, de nouveaux projets de rénovation et de restauration pour les autres salles livrées à elles-mêmes et transformées en salle de projection vidéo ou les matchs de football. Ce ne serait que justice pour cet art qui a été maltraité et écrasé par des individus conditionnés pour s'attaquer à tout ce qui est beau, tout ce qui élève l'Homme. M. R.