Un important potentiel d'amélioration de l'efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables est aujourd'hui très largement inexploité, plus particulièrement dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée. A l'horizon 2040, la part des énergies fossiles restera dominante dans le mix énergétique, en régressant de 7% seulement entre 2013 et 2040. Le pétrole demeurera la source d'énergie prépondérante, mais les énergies renouvelables pourraient devenir la deuxième source d'énergie, devant le gaz naturel et le charbon dans la région méditerranéenne La Méditerranée concentre aujourd'hui près de 7% de la population et 8% de la consommation d'énergie primaire dans le monde. A l'horizon 2040, cette situation devrait encore s'accentuer, sous le double effet d'une forte croissance démographique (+105 millions d'habitants par rapport à 2013) et économique (+2,3 % par an). Dans ce contexte, il est attendu à cet horizon, un doublement de la consommation d'énergie finale dans les pays de la rive Sud, mais aussi un triplement des consommations d'électricité, sous l'effet notamment du développement accru de la climatisation et des nouveaux équipements électriques (électroménager, informatique, etc.), selon l'OME (Observatoire méditerranéen de l'énergie). Dans le même temps, les émissions régionales de dioxyde de carbone seraient aussi appelées à augmenter de 45%, faisant plus que doubler au Sud, alors même que tous ces pays viennent de s'engager à Paris, lors de la COP21, en faveur d'une neutralité carbone pour le milieu du siècle, souligne l'OME. Face à ce constat, il est impératif, selon cet Observatoire, de changer de trajectoire énergétique en Méditerranée, en facilitant la mise en œuvre de mesures d'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. L'enjeu de la transition énergétique en Méditerranée est important pour les pays des deux rives, compte tenu de la démographie importante, de la prévision de croissance de la demande d'énergie dans cette région, des contraintes de sécurité et d'approvisionnement énergétique, et des impacts environnementaux et climatiques attachés aux énergies conventionnelles et fossiles. Toutefois, un important potentiel d'amélioration de l'efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables «est aujourd'hui très largement inexploité, plus particulièrement dans les pays de la rive Sud», souligne le même établissement. Pour l'OME, en améliorant l'efficacité énergétique et en déployant les énergies renouvelables à grande échelle, la région Méditerranée pourrait tout à la fois accroître la sécurité énergétique des pays importateurs, augmenter les recettes des pays exportateurs et réduire les coûts énergétiques et les risques environnementaux. Selon une étude menée conjointement par Medener (l'association méditerranéenne des agences nationales pour l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables) et l'OME, et développant un «Scénario de transition énergétique», la part des énergies fossiles restera dominante dans le mix énergétique, en régressant de 7% seulement entre 2013 et 2040. Le pétrole demeurera la source d'énergie prépondérante, mais les énergies renouvelables pourraient devenir la deuxième source d'énergie, devant le gaz naturel et le charbon. La part des énergies fossiles baisserait à 64%, contre 76% actuellement de la demande d'énergie primaire, selon la même étude. Les énergies renouvelables représenteraient alors 27% du mix énergétique total en 2040, contre seulement 11% aujourd'hui. Au Sud de la Méditerranée, la baisse de la part des énergies fossiles serait de 18% passant de 94% actuellement à 76% du mix énergétique, alors que la part des énergies renouvelables quasi triplerait, passant de 6 à 16% dans le mix en 2040. Au Nord de la Méditerranée, la part des énergies fossiles ne constituerait plus que la moitié du mix énergétique pour se situer alors à 52%, à comparer aux 67% actuellement, alors que la part des énergies renouvelables s'élèverait à 39% de la demande primaire, pour devenir la première source d'énergie par rapport au gaz, au pétrole et au charbon. Perspectives prometteuses dans la région méditerranéenne Les ressources en énergies renouvelables sont abondantes en région Méditerranée. Traditionnellement, la biomasse et l'hydraulique ont été les plus exploitées, la géothermie étant également présente dans quelques pays. L'énergie éolienne et l'énergie solaire, pour la production de chaleur et d'électricité, contribueront massivement au mix énergétique à l'avenir. Selon le Scénario de transition énergétique développé par Medener et l'OME, la part des énergies renouvelables (hydro inclus) triplerait dans le mix énergétique, pour atteindre 27% en 2040, selon un taux de croissance annuel moyen de 4,3%. Les principaux moteurs seraient le solaire et l'éolien. En effet, le solaire devrait connaître un rythme de croissance élevé, au Nord comme au Sud (taux annuel moyen de 8%). Le solaire thermique, pour la production d'eau chaude domestique et la production d'électricité (CSP), représente un potentiel important au Sud, avec un bon retour sur investissement. Sa contribution pourrait être multipliée par six dans le mix énergétique d'ici à 2040. L'accroissement de la contribution des énergies renouvelables à la production d'électricité constituerait un changement très significatif de l'engagement du processus de transition énergétique. Celles-ci pourraient représenter près de 80% des capacités électriques totales installées, pour fournir environ 2/3 de la production électrique en 2040. La production d'électricité d'origine fossile passerait ainsi de 49% à 22% entre 2013 et 2040, dont 15% à partir de gaz et 5% à partir de charbon. Développement des énergies renouvelables : qu'en est-il de l'Algérie ? En cette conjoncture de baisse des prix du pétrole, les pouvoirs publics ont renouvelé leur engagement quant au développement des énergies nouvelles et renouvelables (EnR), et ce, dans le souci d'assurer la sécurité énergétique du pays à très long terme de même que son indépendance financière pour sauvegarder l'autonomie en matière de financement de l'économie nationale. En 2001, l'Algérie a lancé un programme des EnR qui consiste au développement du photovoltaïque et du l'éolien à grande échelle. Ce programme prévoyait initialement, selon le Centre de développement des énergies renouvelables (Cder), la production de 22 000 Mégawatts pour les besoins du marché national et ce, entre 2015 et 2030 dont 4 500 MW d'ici 2020. Le solaire photovoltaïque détient la part du lion avec 13 575 MW, suivi de l'éolien, avec 5 010 MW. Mais en février 2015, le programme des EnR a fait objet de révision par le gouvernement en application des orientations du Président de la République. Une révision qui a porté essentiellement sur le développement du photovoltaïque et de l'éolien à grande échelle, l'introduction des filières de la biomasse (valorisation des déchets), la cogénération et la géothermie. Toutefois, les projets du solaire thermique seront reportés à 2021, mais le gouvernement s'est fixé l'objectif de réaliser 4 500 MW du programme d'ici à 2020, dont 3 000 MW de photovoltaïque. La concrétisation de la totalité de ce plan permettra d'atteindre, à l'horizon 2030, une part de renouvelable de 27% dans le bilan national de production d'électricité. Selon le secrétaire général du ministère de l'Energie, Ahmed Messili, pour réussir le programme national visant à développer les EnR, la maîtrise de la technologie s'impose «indéniablement». Il est également nécessaire, selon lui, de prévoir des formations ciblées sur les différentes filières technologiques dédiées aux énergies renouvelables. C'est à ce titre que les échanges entre les universités et les centres de recherches, dans le cadre des contrats de coopération entre les pays du bassin méditerranéen sont à encourager, selon M. Messili. Par ailleurs, et dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant, il est recommandé, de l'avis de M. Messili, de développer des filières industrielles locales pour la fabrication d'équipements de production de l'énergie renouvelable. B. A.