L'Algérie était déterminée à passer d'un système énergétique basé sur les énergies conventionnelles à un système basé sur un bouquet énergétique diversifié, cette concrétisation de la transition énergétique, consiste à passer d'une production basée sur les ressources fossiles à une production hybride fossile-renouvelable, tout en maximisant l'efficacité énergétique. Lors d'un colloque international sur "la transition énergétique en Afrique: entre défis économiques et enjeux environnementaux", le ministre de l'Energie Noureddine Boutarfa souligné que la mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables et celui de l'efficacité énergétique sera la seule garantie d'une croissance équilibrée et durable qui permettra d'améliorer l'allocation des ressources et la réalisation des objectifs de développement. De son côté, M. Tahar Tolba, représentant du ministère des Ressources en eau et de l'Environnement a estimé que la lutte contre la pauvreté et la réussite de la transition énergétique demeureront les deux défis majeurs pour l'Afrique. Pour sa part, M. Farouk Moukah, président du Comité d'organisation du colloque a appelé à une "transition énergétique systémique" pour faire face à la raréfaction des énergies fossiles en notant qu'il n'y avait plus de place à l'intuitive dans ce domaine. L'expert énergétique international Tewfik Hasni a, de son côté, présenté aux participants les contours d'un nouveau modèle énergétique hybride, associant photovoltaïque, solaire thermique et gaz torché. Ce projet serait structuré, propose-t-il, par une part de production photovoltaïque, qui devrait atteindre les 11.000 MW en 2040 et le solaire thermique avec une production de 33.000 MW. "Un tel programme est réaliste pour nous permettre de dépasser les 50% d'électricité renouvelable à l'horizon 2030", a-t-il estimé en rappelant que le programme national des énergies renouvelables prévoit la production de 27% d'électricité à partir du renouvelable en 2030. Le programme national de développement des énergies renouvelables prévoit la production d'ici à 2030 de 22.000 MW d'électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter, rappelle-t-on. Ce qui correspond à 27% de la production globale d'électricité d'ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d'électricité. Regrettant le fait que le programme national actuel "élimine", dit-il, le solaire thermique avec une production prévue de seulement 2.000 MW, l'expert a assuré que la génération électrique à partir d'énergies renouvelables reste un marché porteur, surtout que les coûts de production des centrales solaire- thermique ont sensiblement baissé ces dernières années, observe-t-il. Pour sa part, Gille Bonafi, consultant international et expert du Comité Intergouvernemental des Experts de l'ONU, a estimé que l'Algérie possédait le potentiel pour devenir le 1er producteur mondial d'électricité à base d'énergie solaire desservant l'Europe et l'Afrique, en appelant à un partenariat énergétique Algérie-Union Européenne pour financer cette transition recommandée dans le modèle énergétique du pays. A son tour, Issam Shehrour, professeur à l'université de Lille1 (France), a fait remarquer, dans une communication sur le rôle de la "Smart City" dans la transition énergétique, que la ville représentait en moyenne 70% de l'activité économique, 70% de la consommation d'énergie, 75% de la consommation d'énergie électrique et 80% de l'émission du gaz à effet de serre. D'où l'importance d'axer sur la ville dans la réussite de toute transition énergétique, selon lui. L'expert a rappelé dans ce cadre que les ressources en énergies fossiles étaient de plus en plus limitées à travers le monde. Il dira que les 688 milliards de baril de réserves mondiales de pétrole seront épuisées sur 50 ans, que les 892 milliards de tonnes de réserves de charbon le seront sur 110 à 120 ans et que les 185.700 milliards de m3 de gaz seront totalement épuisées sur 50 à 60 ans. Ainsi, la transition énergétique dans le monde et en Afrique, s'avère plus que nécessaire et pour la réussir, il faudrait, préconise M. Shehrour, réduire la consommation d'énergie fossile et la part du nucléaire, augmenter la part des énergies renouvelables et améliorer les performances des systèmes énergétiques.