«Como no te voy a querer ». Comment ne pas t'aimer ? ont scandé des milliers de fans en voyant apparaître à l'aube Zidane et son équipe, agitant pour ces penas madridistas les écharpes du Real, quelques heures après leur épique victoire face à l'Atletico de Madrid. Comment en effet ne pas aimer ZZ, entraîneur rapidement comblé après avoir aimé le joueur à la carrière cousue d'or ? «Como no te voy a querer ». Comment ne pas t'aimer ? ont scandé des milliers de fans en voyant apparaître à l'aube Zidane et son équipe, agitant pour ces penas madridistas les écharpes du Real, quelques heures après leur épique victoire face à l'Atletico de Madrid. Comment en effet ne pas aimer ZZ, entraîneur rapidement comblé après avoir aimé le joueur à la carrière cousue d'or ? L'entraîneur novice au plus haut niveau du foot européen, et contre toute attente, entre au cénacle des plus grands techniciens de la planète. Il prend ainsi la 7e carte de membre de ce club fermé de joueurs couronnés comme entraîneurs, avec les Miguel Munoz, Pep Guardiola, Carlo Ancelotti, Giovanni Trapattoni, Johan Cruyff et Frank Rijkaard. A la différence que lui, Zizou comme l'avait surnommé Roland Courbis, a gagné la Champion's League comme joueur, comme adjoint et comme entraîneur principal. Et, excusez du peu, à la tête de l'équipe du club le plus riche du monde (577 millions de revenus en 2014/2015). Le 11e sacre du Real s'apparente à une apothéose pour l'apprenti Zidane, qui, cinq mois après son étonnante intronisation, décroche le plus prestigieux des trophées européens. Autre tige de la couronne, à 44 ans, Zidane devient le premier français à remporter la Ligue des champions comme joueur puis comme entraîneur. Avant lui, seul le franco-argentin Helenio Herrera avait réussi à glaner le trophée avec la double casquette de joueur assis plus tard sur le banc de touche. En faisant désormais partie de ce gotha, Zidane confirme d'abord l'adage qui dit que la valeur n'attend pas le nombre des années. Il a en même temps démenti cet axiome qui veut qu'un bon joueur, a fortiori un artiste exceptionnel comme lui, ne ferait pas forcément un bon entraîneur. Partant de cette idée, beaucoup en France voyaient le costume d'entraîneur trop grand pour lui. Attendu au tournant lors de sa prise de fonction, il a su répondre présent. Pourtant début janvier, alors qu'il récupère les manettes d'une équipe déstabilisée et décevante et surtout en conflit ouvert avec son entraîneur Rafael Benitez, beaucoup émettent des doutes sérieux sur ses capacités à diriger une armada de galactiques. Pari d'autant plus difficile à relever qu'il hérite d'une équipe qu'il n'a pas constituée. Un groupe démoralisé qui avait un retard considérable sur le FC Barcelone. Pis encore, piteusement éliminée en Coupe du Roi et humiliée à Santiago Bernabeu même par l'ennemi Catalan ! En Ligue des champions, ses détracteurs avancent l'argument d'un tirage favorable, mais qu'importe après tout la chance, avec Zidane à sa tête, le Real retrouve de la sérénité et enchaîne les bons résultats. L'effet Zidane est indéniable. Même Diego Simeone, son adversaire malheureux, l'avait souligné avant la rencontre : «Il a apporté de l'intensité, de la vitesse en attaque. Son équipe a un style plus complet. Et il a transmis sa tranquillité à l'effectif. (…) Il a pris la responsabilité de mettre Casemiro, qui a tout changé. C'est un entraîneur important. » Mais Zidane, ce n'est pas seulement un effet, un style et la chance qui ne sourit finalement qu'aux audacieux ! Zinedine n'est pas un imposteur ou un simple génie sans attributs de la légitimité. Avant de s'assoir sur le banc d'entraîneur, y compris au titre de la réserve du club, il avait obtenu son diplôme de manager général de club sportif professionnel, passé au Centre de droit et d'économie du sport de Limoges. Titre décroché après avoir obtenu un brevet d'Etat d'éducateur sportif 1er degré puis un diplôme d'entraîneur de football. Il a ensuite gravi rapidement tous les échelons du Real, devenant tour à tour directeur sportif, conseiller spécial du président Florentino Pérez, adjoint de Carlo Ancelotti, puis entraîneur de l'équipe réserve. Une base solide, même si dans l'univers du football professionnel, une aura auprès des joueurs et un sens tactique valent tous les diplômes du monde. Il se trouve que Zidane possède tout cela. Tout compte fait, il a réussi dans les grandes largeurs sa première demi-saison sur le siège éjectable qu'est celui de l'entraineur du Real. Et avant même la couronne de roi d'Europe, il a failli être le nouveau monarque d'Espagne ! Après avoir récupéré un Real largué à la trêve en Liga, il a réussi l'exploit de revenir sur les talons du FC Barcelone, avec 90 points derrière le club catalan sacré champion avec seulement une longueur d'avance. Et, cerise sur le gâteau merengue, il a remporté notamment son premier classico comme entraîneur le 2 avril, dans ce qui ressemblait déjà à un acte fondateur de sa toute jeune carrière. Son autre réussite, est d'ordre psychologique. C'est d'avoir pu se mettre dans la poche les leaders du vestiaire, Cristiano Ronaldo en tête. «C'est un excellent professionnel, il travaille très bien. Il sait comment fonctionne les joueurs grâce à son expérience sur le terrain. Il comprend d'où nous venons», a déclaré l'hyper-star portugaise. Et les ingrédients du triomphe sont là : Zidane a mené son équipe en finale de la Ligue des champions grâce à un coup tactique (avec Casemiro devenu le point d'équilibre dans une équipe hyper offensive), sa méthode de management et son aura d'ancien grand joueur qui ont séduit les cadres du vestiaire. Mais comme toute médaille rutilante, celle du succès de Zidane a un revers : il n'est pas encore un grand coach et c'est là une plate évidence. Le chauve le plus célèbre du football européen doit donc confirmer ce premier succès aussi spectaculaire que surprenant. Et avec une équipe, la sienne, qu'il doit bâtir dans la durée. Contrairement à Diego Simeone, qui a mené au sommet un club au budget bien inférieur aux plus grands clubs européens, Zidane n'a pas encore construit un vrai projet ou imposé son propre style de jeu. Son Real actuel est une redoutable équipe de contre, solide et pragmatique, mais parfois sans fantaisie et sans génie, en dépit de son efficacité offensive. N. K.