Dans toutes les villes du pays, les acteurs culturels peaufinent encore leurs nouveautés dédiées à cette occasion. Chacun voulait surprendre agréablement le public et gagner ses faveurs. Les artistes, qui y travaillent plus que durant le reste de l'année, sont aussi aux dernières retouches et gardent jalousement leurs œuvres. Même si les affiches détaillées de ces réjouissances collectives ne sont pas encore dévoilées, on laisse entendre que la fête sera grandiose un peu partout Le Ramadhan, en plus d'être un mois de piété et de partage, donne l'occasion à de grandes festivités nocturnes. La tradition algérienne en la matière accorde une importance particulière à l'animation culturelle, aux sorties familiales et à l'échange de courtoisies durant ce mois sacré. Toute l'année durant, nos villes baissent leurs rideaux à la tombée de la nuit. Aux alentours de 21 heures, pas âme qui vive dehors. Tout le monde rentre chez-lui très tôt, se contentant de zapper sur de menus programmes de télé en guise de divertissement. Seuls quelques grands hôtels et de rares night-clubs proposent des soirées «douteuses» à une clientèle très restreinte. Celle qui en a les moyens, bien entendu. Cette ennuyeuse routine change, comme par magie, au premier jour de Ramadhan. Après la rupture du jeun, tout le monde sort pour prendre de l'air, se promener, prendre des friandises ou des rafraîchissements, voir un spectacle ou se rendre chez un parent ou un ami. Les familles brisent ainsi le «silencieux siège» d'un commun accord et profitent de cette exceptionnelle ambiance nocturne qui se poursuit jusqu'à l'aube. Les rues et les quartiers s'animent. La circulation automobile se densifie. Les trottoirs grouillent de monde. Les mosquées se remplissent de fidèles. Les cafés débordent de clients. Les commerces ouvrent très tard. Les établissements culturels se mettent aussi de la partie pour proposer des concerts de musique, du théâtre, des projections de films ou tout simplement des kermesses pour les enfants. Chacun trouve son compte. Les adultes comme les jeunes, femmes et hommes, redécouvrent simultanément un autre mode de vie où l'on profite pleinement de la soirée. Même la télévision change curieusement sa grille pour offrir des programmes «améliorés» en prime-time. Des sketchs, des sitcoms, des caméras cachées élaborées, des feuilletons et des jeux, spécialement conçus pour l'occasion, se disputent l'audimat en début de soirée. Une aubaine pour les annonceurs qui se saisissent aussi de cet instant précieux pour vanter les mérites de leurs produits. Car durant ce mois béni, on dépense aussi sans compter. Cette année, comme les précédentes, on s'apprête, donc, à faire la fête. Dans toutes les villes du pays, les acteurs culturels peaufinent encore leurs nouveautés dédiées à cette occasion. Chacun voulait surprendre agréablement le public et gagner ses faveurs. Les artistes, qui y travaillent plus que durant le reste de l'année, sont aussi aux dernières retouches et gardent jalousement leurs œuvres. Même si les affiches détaillées de ces réjouissances collectives ne sont pas encore dévoilées, on laisse entendre que la fête sera grandiose un peu partout. A Béjaïa, à l'initiative du comité des fêtes de la ville, de petites scènes seront bientôt montées dans les quartiers et les cités populaires pour rééditer les fameuses «qaâdates du chaâbi» qui ont égayé les Béjaouis lors des années précédentes. Par la même occasion, la cité sera aussi au rendez-vous de son 10e festival du rire, dédié au one-man-show, au sketch et à la parodie. Il va sans dire que le théâtre et la maison de la culture seront certainement de la partie avec de la musique, du théâtre et du divertissement à l'affiche. Ce sera, à coup sûr, la même ambiance dans toutes les autres villes du pays qui fignolent pareillement leurs palettes dans cette perspective. Seulement, cette intense activité saisonnière se limite très souvent aux chefs-lieux de wilaya et aux communes dites «riches» où les collectivités locales contribuent financièrement aux frais qui en résultent. Dans les petites localités du pays profond et les villages éloignés, faute de manifestations artistiques, les hommes improvisent d'interminables parties de jeux de société (cartes, dominos, loto…) et les femmes s'adonnent à des échanges de visites entres voisines. Ce serait une bonne chose de «décentraliser», ne serait-ce que de tout à autre, ces scènes vers les milieux ruraux, histoire de changer d'air et d'aller à la découverte d'un public longtemps sevré. Les communes et les organisateurs de ces spectacles doivent y penser, car l'enjeu essentiel consiste à élargir indéfiniment cette base des arts et de la culture. En collaboration avec les comités de quartiers et les associations de villages, on peut porter cette ambiance festive aux recoins les plus reculés et faire profiter tout le monde des vertus et des bienfaits de ce mois de ferveur et d'allégresse aussi. K. A.