L'ARAV, l'Autorité de régulation de l'Audiovisuel n'a pas encore de président et c'est même fâcheux. Certains journaux et les réseaux sociaux ont cru avoir trouvé un remplaçant de Miloud Chorfi le désormais sénateur RND. Mais, à ce sujet, rien d'officiel en fait. L'ARAV est toujours sans tête ! Et, avec ou sans président, tout reste à faire dans un secteur livré à une anarchie inouïe et qui doit être nettoyé comme les fameuses écuries d'Augias ! Le Premier ministre a d'ailleurs instruit le ministre de la Communication à ce propos. Avec le départ de Chorfi pour le Sénat, le paysage audiovisuel a sans doute gagné à perdre un animateur aussi invisible et aussi aphone. L'ex-journaliste de télé est parti en effet avec un bilan aussi vide que le désert du Tanezrouft ! Il a laissé un secteur qui fonctionne en marge de la loi quand il n'est pas carrément hors la loi ! En seize mois d'exercice, Chorfi, lui-même à l'origine de la création d'une télé offshore, n'aura produit que quelques vagues communiqués, sous forme de timides mises en garde à des télés privées qui avaient exagéré plus que d'autres dans le délire cathodique ! A l'ère Chorfi, aucun document produit, aucune initiative prise. Tout est donc à régler et à réguler dans un secteur qui se conforme si peu au Code de l'Audiovisuel. On a donc nommé le premier responsable de l'ARAV et on a défini ses missions sans pour autant désigner ses instances dirigeantes et sans dégager les moyens de fonctionnement ad hoc. En attendant, le secteur est livré à lui-même, précisément au bon vouloir de ses animateurs privés. Car, à y regarder de près, c'est-à-dire du point de vue de la loi, aucune TV de droit étranger, même celles qui ont obtenu des agréments, n'a le droit d'exister sous cette forme bizarroïde de station offshore. Des chaînes hors sol et hors tout cadre juridique depuis leur lancement. On ne le répétera jamais assez, il est plus que jamais temps de mettre de l'ordre dans cette auberge espagnole typiquement algérienne ! Un souk télévisuel où le laisser-aller, le laisser-faire, l'absence d'éthique et l'irrespect de la loi constituent la norme ! Les pouvoirs publics devraient les interdire ou les obliger à se conformer strictement au droit. A commencer par les lois sur l'information et l'audiovisuel, la concurrence, les droits d'auteur, les pratiques commerciales et la protection du consommateur. Dans ce capharnaüm audiovisuel, c'est d'abord l'Etat qui, faute de faire respecter ses propres lois, s'est mis lui-même hors-la-loi en laissant prospérer dans une zone grise de non-droit, des télés de droit étranger. Des entreprises tolérées en leur indue qualité de sociétés étrangères installées à demeure, avec administration, locaux, studios, équipements et équipes techniques et éditoriales. Ces télés étrangères, même si elles sont la propriété d'Algériens, se sont installées dans des espaces illégaux. Sans respect aucun de la loi et du cahier des charges. Plus que jamais, l'Etat, entre autres clauses à faire respecter, doit obliger les propriétaires à justifier notamment de «l'exclusivité nationale du capital social». Justifier aussi de l'origine des fonds investis et de la présence de journalistes professionnels parmi les actionnaires. S'assurer également qu'une personne physique ou morale privée de droit algérien ne peut pas être actionnaire dans plus d'une télé. Voir si ces stations privées respectent le pluralisme politique et la diversité des courants de pensée et d'opinion dans leurs programmes. Et, last but not the least, vérifier aussi si le quota de «60% au moins des programmes diffusés sont produits en Algérie». N. K.