Nommé en septembre 2014 à la tête de l'Arav, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, Miloud Chorfi est désormais un sénateur RND. Le paysage audiovisuel algérien a sans doute gagné à perdre un animateur aussi invisible et aussi aphone. Il part en effet avec un bilan aussi vide que le désert du Tanezrouft ! Il laisse un secteur qui fonctionne en marge de la loi quand il n'est pas carrément hors la loi ! En seize mois d'exercice, Chorfi, lui-même à l'origine de la création d'une télé offshore, n'aura produit que quelques communiqués, sous forme de timides mises en garde adressées à des télés privées. Aucun document produit, aucune initiative prise. Tout est donc à réguler et à régler dans un secteur qui se conforme si peu à la loi 14-04 du 24 février 2014 sur «l'activité audiovisuelle». Tout est donc à faire dans cette Autorité de régulation dont on a nommé le premier responsable et défini les missions sans pour autant désigner les instances dirigeantes et sans dégager les moyens de fonctionnement ad hoc. En attendant, le secteur est livré à lui-même, précisément au bon vouloir de ses animateurs privés. Car, à y regarder de près, c'est-à-dire du point de vue de la loi, aucune TV privée de droit étranger, même celles qui ont obtenu des agréments, n'a le droit d'exister sous cette forme bizarroïde de station offshore. Des chaînes hors sol et hors tout cadre juridique depuis leur lancement. On ne le répétera donc jamais assez, il est plus que jamais temps de mettre de l'ordre dans cette auberge espagnole…algérienne ! Un souk télévisuel où le laisser-aller, le laisser-faire, l'absence d'éthique et l'irrespect de la loi constituent la norme juridique ! Les pouvoirs publics devraient les interdire ou les obliger à se conformer au droit algérien. À commencer par les lois sur l'information et l'audiovisuel, la concurrence, les droits d'auteur, les pratiques commerciales et la protection du consommateur. Dans ce souk El Harrach audiovisuel, c'est d'abord l'Etat qui, faute de faire respecter ses propres lois, s'est mis lui-même hors-la-loi en laissant prospérer dans une zone grise de non-droit, des télés de droit étranger. Des entreprises tolérées en leur indue qualité de sociétés étrangères installées à demeure, avec administration, locaux, studios, équipements et équipes techniques et éditoriales. Ces télés étrangères, même si elles sont la propriété d'Algériens, se sont installées dans des espaces non autorisés. Sans respect aucun de la loi et du cahier des charges. Plus qu'hier, l'Etat doit, entre autres clauses à faire respecter, obliger les propriétaires à justifier de «l'exclusivité nationale du capital social». Justifier aussi de l'origine des fonds investis et de la présence de journalistes professionnels parmi les actionnaires. S'assurer également qu'une personne physique ou morale privée de droit algérien ne peut pas être actionnaire dans plus d'une télé. Voir si ces stations privées respectent le pluralisme politique et la diversité des courants de pensée et d'opinion dans leurs programmes. Vérifier aussi si le quota de «60% au moins des programmes diffusés sont produits en Algérie». N. K.