Des dizaines de milliards de dinars ont été dépensés dans des opérations d'embellissement des villes et des agglomérations. Cela s'est passé pendant que l'Algérie était en opulence grâce au matelas financier conséquent engendré par l'importante hausse des prix du pétrole. Quelques années après la clôture de cette opération d'envergure, le bilan reste mitigé. Pour ne pas sombrer dans le «négativisme», disons que l'opération a été un demi-succès pour éviter de dire qu'il a été un demi-échec. Des trottoirs n'ont été rénovés que partiellement, et pour ceux qui ont été rénovés en totalité, ils ont subi des éventrements entre 2015 et l'année en cours en raison de travaux multiples. Il faut dire qu'il était très difficile d'embellir nos villes. Le massacre architectural et urbanistique entamé il y a plus de trente années, ne pouvait pas être effacé par des rafistolages au niveau des trottoirs. Les pouvoirs publics pouvaient uniquement réduire la nature hideuse de nos villes, grandes et petites. Mais pour atténuer la laideur de la ville et donner un visage à l'opération d'embellissement, les pouvoirs publics auraient pu associer les acteurs de la culture et des arts qui ont les moyens de donner une touche particulière aux rues des villes et des agglomérations algériennes. Il semble même que l'implication des Street-artists (artistes de rue), ces adeptes des graffitis, de la décoration urbaine, des paysagistes entre autres, était prévue dans l'agenda des responsables de l'Etat. Dans cette optique, des budgets ont même été dégagés pour ce programme d'embellissement par la culture urbaine. Aujourd'hui, on ne voit rien dans les rues algériennes qui puisse renvoyer vers l'enveloppe allouée à ce programme, à l'exception de quelques dizaines d'œuvres réalisées par des jeunes artistes ou par de simples citoyens à travers plusieurs wilayas du pays. Tout le monde se souvient de cette campagne qui a donné des couleurs à des dizaines d'escaliers, transformés en arc-en-ciel. Œuvre de jeunes des quartiers imprégnés de la culture background, ils auraient pu être mobilisés dans le cadre du programme d'embellissement des villes. Mais, visiblement, il existe encore au sein des institutions de l'Etat des responsables qui pensent que la culture background n'est pas compatible avec l'Etat. Et qu'elle est trop anticonformiste appréciée uniquement par les marginaux de la société. Pourtant, les choses changent sur ce registre et les Street-artists sont très sollicités à travers le monde. L'on peut même admirer leurs œuvres dans les plus grandes villes du monde. Aussi, de magnifiques œuvres ont été réalisées par ces artistes de rues dans plusieurs wilayas du pays, y compris dans le Sud, comme à Tindouf. Si certains responsables de l'Etat ont peur de la subversion dont sont accusés les artistes background, ils n'ont qu'à voir les fresques extraordinaires réalisées et qui n'ont rien à voir avec la politique. Uniquement de belles choses qui transforment l'endroit où elles ont été réalisées avec beaucoup de cœur et d'art. Il est temps de mettre un terme à cette appréhension et changer le regard sur les nombreux jeunes engagés dans la culture urbaine. Il y a certes des jeunes qui s'expriment de façon un peu radicale à travers leurs œuvres mais il s'agit d'un regard de tous ces jeunes sur leur société et leur pays. Un regard sincère. Un regard beau exprimé avec des couleurs qui donnent une autre image au quartier, au village ou à la ville. C'est tout ce qu'il y a dans les intentions des Street-artists. C'est tout ce que l'on doit voir dans les actions de ces artistes des temps modernes. L'idéal est de relancer l'idée, remobiliser les moyens et faire appel à eux pour des opérations d'embellissement des villes. L'image de nos agglomérations en vaut la chandelle. M. B. 0.0pt; mso-bidi-font-family:Arial'M. R.