Où l'on apprend aussi que les lessives «écoresponsables» à basse température ne servent pas à grand-chose, si ce n'est à tomber malade. C'est dimanche, c'est peut-être l'heure de la lessive, alors vous serez sans doute heureux d'apprendre l'existence d'une étude (financée par Procter & Gamble, multinationale des produits d'entretien) identifiant pas moins de six molécules responsables de la mauvaise odeur de votre bac à linge sale. Des molécules qu'un lavage à basse température sera incapable d'annihiler, qu'importe la marque de votre détergent et les promesses de son fabricant. Menée par Chamila J. Denawaka, Ian A. Fowlis et John R. Dean, trois chercheurs en sciences appliquées de luniversité de Northumbria, au Royaume-Uni, cette étude est la première à s'en remettre à la chromatographie en phase gazeuse pour mettre un nom sur les composés organiques volatils (COV) fautifs. Il s'agit de l'acide butanoïque, du diméthyldisulfure, du dimethyltrisulfide, de l'heptan-2-one, du nonan-2-one et de l'octan-2-one. Certains avaient d'ores et déjà été mis sur le banc des accusés eu égard à la célèbre «odeur de vestiaire». Ces COV résultent de la rencontre impromptue entre notre transpiration et les bactéries –staphylocoques, propioniques, micrococcus, corynebacterium – peuplant notre peau. Dans l'étude, le linge sale «témoin» est composé de chaussettes et de T-shirts. Pour les premières, les scientifiques ont demandé à six hommes et deux femmes d'en porter des neuves et propres (rincées à l'eau claire puis séchées à l'air libre) pendant dix heures d'affilée dans un même modèle de chaussure. Avant l'analyse chromatographique, les chaussettes ont été taillées en pièces – trois morceaux exactement, pour différencier l'odeur de pied en zone doigts, plante et talon, chacune notée de 1 à 10 selon son niveau de puanteur. Du côté des T-shirt, ils furent au nombre de 9, portés par des hommes pendant deux à trois heures d'un tournoi de foot. «Ce travail est fascinant en ce qu'il associe un événement du quotidien – la lessive – avec des techniques de pointe, précise Dean. Dans ce projet de recherche, nous avons appliqué au linge sale une technique d'analyse nouvelle et innovante pour la détection de composés volatils. Nous espérons qu'il permettra de mieux comparer l'efficacité de différentes techniques de lavage». En l'espèce, l'étude ne mousse pas d'optimisme vis-à-vis du lavage à basse température – à 20°C maximum – censément plus respectueux de l'environnement. Non seulement il ne permet pas de faire disparaître les composés volatiles responsables des mauvaises odeurs, mais sa tiédeur est idéale à la prolifération des bactéries. Et qui dit linge mal lavé, dit aussi augmentation du risque de pathologies cutanées, d'infections urinaires et savonne la pente pour le staphylocoque doré, multi-résistant aux antibiotiques.