C'est à Béchar que sera construite la première cimenterie dans le Grand sud du pays. Le projet a été officiellement lancé, hier, par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, qui était en visite de travail dans cette wilaya. A cette occasion, le ministre a souligné que «le lancement ce jour des travaux de réalisation de la première cimenterie dans le sud du pays vient confirmer cette démarche qui vise une meilleure exploitation des richesses minières du pays et aussi pour répondre aux besoins du marché en ciment». Pour la mise en chantier de cette future usine il a fallu, selon sa fiche technique, un investissement public de 34 milliards de dinars. Elle va s'étendre sur une superficie de plus de 100 hectares, avec une production annuelle prévue d'un million de tonnes de ciment. Selon des responsables du Groupe industriel du ciment d'Algérie (Gica) cette future cimenterie, qui relève de l'entreprise Saoura-ciment (filiale de la Gica), permettra, une fois en phase d'exploitation en 2019, la création de 500 emplois directs et quelque 800 autres indirects comme elle va permettre le renforcement de la production nationale pour la porter à hauteur de 23 millions de tonnes par an. Le ministre a également présidé sur le site de ce projet industriel, la cérémonie de signature d'un partenariat algéro-chinois entre le Groupe minier Manal Spa (26%) et le Groupe industriel Imetal (25%) pour la partie algérienne et la société chinoise Shaolin Mines (49%) pour la production, dès 2017, de concentré de manganèse à Guettara (250 km au sud de Béchar) et du manganèse métal à Béchar. Ce projet concerne l'exploitation du gisement de manganèse ainsi que la construction d'une usine pour la production de manganèse métallique, avec à la clé la création de 405 nouveaux emplois. Ce gisement, dont la réserve est estimée à plus de deux millions de tonnes, va permettre dans sa phase d'exploitation une production de 80 000 tonnes de minerais tout venant et de 20 000 tonnes de métal. Un deuxième projet pour lequel le partenaire sera sélectionné avant fin juin 2016, porte sur le développement et la valorisation du gisement de barytine de Draïssa (Béchar) par la société publique de la baryte Albaryte. Cette société a été créée en décembre 2013, sous forme de joint-venture entre l'ENOF et 3 filiales de Sonatrach (ENSP, ENTP et ENAFOR). La Baryte est utilisée dans le forage pétrolier. Grâce à ce projet, les besoins exprimés par le secteur des hydrocarbures, Sonatrach notamment, seront satisfaits par la production locale dès 2017. «D'ici 2019, non seulement nous n'importerons plus ses substances, mais nous en exporterons les excédents», promet le ministre. Pour illustrer l'importance stratégique des projets miniers dans le Sud, le ministre dira «Béchar et Tindouf sont destinés à devenir un Pôle minier complémentaire de rang mondial». «Nous avons fait le choix de la remontée dans la chaîne des valeurs à chaque fois que cela était possible. La relance des mines s'accompagne d'un processus d'industrialisation. Nous le faisons pour le phosphate et le minerai de fer, nous le ferons pour la baryte et le manganèse», affirme M. Bouchouareb qui donnera instruction pour que «tous les projets lancés ou qui seront lancés incessamment dans le secteur des mines soient livrés fin 2018». M. Bouchouareb s'est rendu par la suite dans une briqueterie qui produit annuellement 100 000 tonnes de briques de différents calibres, où il s'est enquis, en compagnie des autorités locales, du processus de fabrication de ce matériau de construction. Sur place, il a également pris connaissance du projet d'une unité de céramique pouvant produire plus de 2,5 millions mètres carrés (m2) de céramique, dont un million m2 destinés au marché local et national et autant à l'exportation, selon les responsables du groupe Hammadi qui gère cette briqueterie. Dans la zone industrielle de Béchar, le ministre a pris connaissance de l'opération d'assainissement du foncier industriel dans cette zone, entamé depuis quelques mois par la wilaya. Toujours à propos du foncier industriel le directeur local du secteur de l'industrie et des mines a signalé au ministre qu'actuellement 97 mises en demeure ont été adressées à des bénéficiaires de foncier industriel au niveau de cette zone pour qu'ils entament la réalisation de leur projet, tandis que 13 actions en justice pour la récupération du foncier ont été entamées par la wilaya. D'après le directeur local, la zone industrielle de Béchar s'étend sur plus de 200 ha. «Elle sera renforcée par le lancement, en octobre prochain, du chantier de réalisation du nouveau parc industriel de cette commune, et ce sur une superficie de 187 ha», a annoncé le ministre. Soulignons qu'au terme de sa visite de travail dans la wilaya, M. Bouchouareb a inspecté une nouvelle unité d'aliments de bétails qui produit 37 000 tonnes d'aliments, ainsi que le projet en voie d'achèvement d'une laiterie dont l'entrée en production est prévue au septembre prochain, avec une capacité de production annuelle de 700 000 litres de lait. Tous ces projets dans la wilaya de Béchar s'inscrivent, selon le ministre, dans la nouvelle stratégie de développement industriel national. A ce propos, M. Bouchouareb affirmera que «le sud jouera un grand rôle dans le développement de l'économie nationale. Avec notre nouvelle approche de pénétration des marchés de l'Afrique subsaharienne, le sud algérien dispose d'un atout de proximité unique. Ce qui autrefois était perçu comme une faiblesse est désormais une force que nous allons valoriser. Toutes les wilayas du grand sud et les wilayas frontalières vont se mettre dans le mouvement». «Le sud de l'Algérie est un atout pour la pénétration des marchés de l'Afrique subsaharienne», conclut le ministre. Z. A.