Airbus s'est associé à une start-up américaine pour construire 900 petits satellites, plus légers et moins chers. «Moins haut, moins cher.» Le slogan semble peu ambitieux, mais c'est une réalité qui chamboule actuellement le marché des satellites. Airbus s'est associé à une start-up américaine pour construire 900 petits satellites, plus légers et moins chers. «Moins haut, moins cher.» Le slogan semble peu ambitieux, mais c'est une réalité qui chamboule actuellement le marché des satellites. Le grand public associe Airbus aux avions. Airbus Defense and Space est pourtant numéro un européen et numéro deux mondial de l'industrie spatiale, spécialisé dans la construction de satellites (télécoms et observation de la Terre). L'assemblage des précieux engins est effectué à Toulouse, où phosphorent 3 000 salariés. Jusqu'à il y a peu, moins d'une dizaine de ces bijoux de technologie, capables de résister aux terribles conditions de l'espace, sortaient d'usine chaque année. «En orbite, la température atteint 200oC face au soleil et - 270oC dans l'ombre de la Terre», insiste Dominique Gilliéron, responsable instrumentation. Bref, chaque satellite est soumis à une batterie impressionnante de tests destinés à éradiquer tout risque de panne. A l'arrivée, un coût unitaire qui peut grimper jusqu'à plusieurs centaines de millions d'euros et un prix au kilo plus élevé que celui de l'or ! Mais les choses sont en train de changer, sous l'influence des géants du Net lancés à la conquête du ciel. Google, d'abord, avec son projet Loon, des ballons stratosphériques gonflés à l'hélium. Facebook, ensuite, avec son drone Aquila, un avion solaire à hélices sans pilote. Et OneWeb, surtout, une start-up américaine dont l'ambition est de mettre autour de la Terre 900 microsatellites d'ici à 2019. Cette constellation fournira des connexions Internet à faible coût dans le monde entier. La clé ? Des satellites peu coûteux, fabriqués rapidement. Airbus y croit ! Il faut dire que le secteur des nanosatellites (entre 1 et 10 kg) et des microsatellites (entre 10 et 100 kg) envoyés en orbite basse est en plein boom. Le groupe européen s'est associé à 50-50 avec OneWeb. Airbus va ainsi ouvrir une usine en Floride - l'acquisition du terrain a été faite au printemps dernier, les chaînes de production sont encore à construire - pour fabriquer les engins, avec un objectif de production de 15 microsatellites par semaine, pour un prix unitaire estimé à 500 000 $ (450 000 €) pièce. Pour ainsi dire, une division des coûts par 10 ! Les dix premiers satellites seront fabriqués à Toulouse courant 2017, «puis, dès qu'ils seront validés, nous les dupliquerons en Floride», résume un porte-parole d'Airbus. La livraison des premiers engins de la constellation OneWeb est prévue fin 2018. Grâce à cet élargissement de sa gamme, Airbus compte sur un puissant relais de croissance. Depuis juin dernier, ses 3 540 kg croisent en orbite géostationnaire, à 36 000 km au-dessus du plancher des vaches. BRIsat, conçu par l'américain Space Systems Loral (SSL) et mis en orbite par Ariane 5 (dont Airbus Defence and Space est le maître d'œuvre), a surtout la particularité d'être le premier satellite au monde qui appartient à un établissement financier, la Bank Rakyat Indonesia (BRI). Pourquoi une banque a-t-elle besoin de son propre satellite ? Parce qu'il s'agit de l'infrastructure de communication la plus fiable pour l'Indonésie, qui compte 250 millions d'habitants répartis sur plus de 17 000 îles. BRIsat offre ainsi «un accès aux services financiers simple et rapide», et «de même qualité pour tous les Indonésiens, qu'ils vivent dans les villes, les campagnes ou les endroits les plus isolés», se réjouit-on dans l'établissement. Depuis sa mise en activité, BRIsat relie plus de 10 600 agences bancaires, 240 000 terminaux environ pour près de 53 millions de clients. Mieux : la banque exploite elle-même son «géostationnaire» - un travail de titan auquel se consacrent 800 ingénieurs et techniciens répartis sur deux centres, à Djakarta et Tabali. Et comme il restait de la capacité disponible en orbite (observation et électronique), celle-ci doit être louée à l'Etat indonésien ainsi qu'à plusieurs entreprises. M. T. In Tribune.fr