C-Rabah La cinéaste syrienne a réfuté que les nouvelles productions syriennes sont des films de propagande à la solde du régime, en réponse à une question posée lors des débats. Par ailleurs, elle précise qu'elle a «surtout voulu monter que l'espoir est toujours présent pour délivrer le pays de ceux qui veulent nous diviser. A travers ce film, mon message est qu'il faut résister à l'obscurantisme, que nous devons nous unir face à l'adversité et que la lumière vaincra» La crise syrienne était au cœur des deux longs métrages syrien de deux longs métrages, «Fania wa tabada» (Elle est mortelle et elle se dissipe), réalisé par Nadjda Ismaïl Anzor et «En attendant l'automne» de Joud Saïd sélectionnée dans le cadre de la compétition de la 9e édition du Festival international d'Oran du film arabe. Le poignant «Fania wa tabada» sur le scénario de Diana Kamalldine à clôturer, mercredi passé, les projections dans le cadre de la compétition sous l'applaudissement et les youyous du public présents. Le long métrage est un des premiers films qui plonge les cinéphiles au cœur de la gouvernance du système de Daesh en suivant le quotidien du personnage principale «Soraya» brillamment interprété par Rana Chamis. Cette institutrice, pieuse musulmane dont la ville tombe sous les mains de Daech, transporte les présents au cœur d'un système obscurantiste qui soumet par la force tous les habitants à la loi de l'extrémisme. Les réfractaires sont violemment punis tel cet enseignant crucifié sur la place publique. On assiste aussi, à l'autodafé des livres jugés incompatibles avec le nouveau dogme, la tenue vestimentaire du djilbab imposée à la femme ainsi que la taxe de djizia pour les chrétiens sous peine de mort. Des images d'une extrême violence psychologique d'une ville marquée par la peur et la survie au quotidien au milieu des ruines où les enfants sont endoctrinés à coups de discours haineux. Les dialogues sont marqués par de longs discours de l'idéologie de Daech, contre argumentés par les paroles de Soraya, musulmane pratiquante qui maîtrise le texte sacré du Coran ainsi que les hadiths. Ainsi, l'Islam de tolérance et de lumière est opposé à celui du radicalisme de l'Etat terrosite. Un islam qui cohabite harmonieusement avec les autres religions dont les amis chrétiens de Soraya. Une scène marquante où musulmans et chrétiens prient ensemble pour que Dieu les délivre de ceux qui ont fourvoyé la religion. L'horreur monte d'un cran lorsque l'émir remarque les chevilles de «Noor» la fille de Soraya à peine âgée de 11ans. La fillette est finalement enlevée et sa mère emprisonnée, jugée indisciplinée et réfractaire. Emprisonnée, elle est torturée. Sur grand écran, des images insoutenables d'une fillette de 9 ans hurlant des douleurs d'accouchement livrées à elle-même dans un cahot dans l'attente d'une mort. Soraya apprendra des autres détenus, les viols collectifs et les exactions subits au quotidien. Cet acte révolte le bras droit de l'émir, natif de la région et qui considére Soraya comme sa mère et la petite Noor comme sa sœur. Il décidera de prendre contact avec le fils ainé de Soraya l'institutrice, pour sauver Noor le jour même de ses noces avec l'emir en s'alliant à un ennemi jugé moins redoutable le groupe «El Nousra». Défier l'obscurantisme par la lumière de l'esprit Au Final grâce à la réconciliation des enfants de ce village appartenant aux différentes fractions en conflits que Noor et toute la ville seront délivrées du sinistre régime de Daech sous les applaudissements des cinéphiles présents à la salle le Maghreb. La scénariste Diana Kamaldine confie lors des débats après la projection qu'elle avait sciemment décidé d'occulter les exactions commis par Daech car elles sont largement diffusées par la propagande obscurantiste pour semer la terreur dans le cœur des gens et rallier les esprits égarés. Elle souligne : «La seule violence que j'ai voulus monter c'est celle commise envers les femmes et les fillettes à peine pubères car cette réalité est souvent occultée par les médias alors que c'est une réalité que les femmes subissent au quotidien». Elle ajoute : «Il était important de montrer les vrais visages de la gouvernance de Daech et comment le discours de propagande est appliqué sur le terrain.» La cinéaste a réfuté que les nouvelles productions syriennes sont des films de propagande à la solde du régime en réponse à une question posée lors des débats. Par ailleurs elle précise que «j'ai surtout voulu montrer que l'espoir est toujours présent pour délivrer le pays de ceux qui veulent nous diviser. A travers ce film, mon message est qu'il faut résister à l'obscurantisme, que nous devons nous unir face à l'adversité et que la lumière vaincra». Dans un autre registre, «En attendant l'automne» par Joud Saïd produit par le Centre public du cinéma, dépendant du ministère de la Culture, aborde également le quotidien d'une ville syrienne dans les ruines de la guerre sur le ton de la comédie noire. Le rire et la joie de vivre sont un défi au quotidien pour défier la mort et le chaos avec la rage de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Dans des passages surréalistes, malgré le contexte, une équipe de volley féminine continue à faire des tournois et s'entraine pour décrocher la Coupe de la région et pourquoi pas nationale. La culture de la vie pour semer l'espoir C'est dans cette ambiance bon enfants avec la tragédie de la guerre en toile de fond, que les soucis, la peur de perdre les proches qui sont au front, vivre au milieux des ruines aux rythmes des échos des bombardements et des explosions que les habitants continuent de semer l'espoir et aussi la vie. Le mécanisme de cette comédie c'est le quiproquo de l'officier dont l'héroïne principale est amoureuse a été kidnappé et ainsi déclaré comme dissident de l'armée syrienne. Découlent toute une série de situations rocambolesques où le spectateur valse entre le rire et la tristesse. Jusqu'au happy-end où un mariage collectif est célébré avec les retrouvailles des deux amoureux. A la fin de la projection, une lettre de Joud Saïd, qui n'a pas pu être présent, est lue aux présents dans laquelle il déclare : «Nous avons commencé le tournage en 2013, à l'époque où les Etats-Unis avaient menacé d'attaquer la Syrie. Le risque de continuer le travail était tel que nous redoutions de ne pas pouvoir achever les premières séquences. Nous avons convenu alors de poursuivre le tournage sous peine que nous passerons pour des traitres. Ce film a été fait par un groupe dont les membres venaient de plusieurs régions du pays. Nous nous sommes déplacés un peu partout comme une seule tribu en quête d'amour.» Et il a conclu : «C'est un film qui parle d'espoir». Présent dans la salle, le célèbre comédien syrien, Ayman Zidan, a souligné aux présents que «ce film, illustre la douleur et la blessure béante d'une nation qui subit de plein fouet les complots et les défis», en concluant : «Je tiens à rendre hommage et à saluer tous les cinéastes qui travaillent dans des conditions très difficiles pour défendre la culture de la vie.» S. B.