La coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie entre la Russie et la Turquie, est en train de s'accroître. Moscou veut étendre ses ambitions et développer sa coopération avec la Turquie dans tous les domaines, notamment dans le nucléaire et l'énergie électrique. C'est une des déclarations clés, la semaine dernière, du président russe, Dmitri Medvedev, lors d'une rencontre à Moscou avec son homologue turc, Abdullah Gül. Des projets turcs intéressent au plus haut point les Russes. «Nous sommes intéressés par le développement des relations dans l'énergie électrique, le nucléaire et la coopération industrielle, ainsi que dans le transport et le secteur agricole», a affirmé le chef de l'Etat russe au début de ses entretiens au Kremlin avec Gül. Après leur rencontre, le ministre de l'Energie Sergueï Chmatko, cité par l'Afp, a indiqué que la Russie espérait construire en Turquie une centrale nucléaire. «Nous nous attendons à ce que très bientôt notre proposition soit transmise au gouvernement de la Turquie par la commission des appels d'offres», a déclaré le ministre. La centrale est un projet de taille. Il serait composé de quatre blocs dont chacun sera capable de produire mille deux cent mégawatts. Selon Chmatko, ce projet représente un investissement de dix-huit à vingt milliards de dollars sur une dizaine d'années. C'est colossal. Le ministre russe a aussi indiqué que des négociations étaient en cours pour un contrat de livraison d'électricité à la Turquie d'une valeur de soixante milliards de dollars sur quinze ans. Les deux pays ont des relations de partenariat avec une composante économique puissante et la croissance des échanges commerciaux en témoigne, a relevé le président turc repris par les agences de presse russes. La Russie est le principal partenaire commercial de la Turquie. Les échanges entre les deux pays ont atteint l'an dernier 37,8 milliards de dollars (29,3 milliards d'euros). Moscou fournit notamment 63% du gaz consommé par les Turcs et 29% du pétrole. «Nous espérons que cette dynamique se poursuivra malgré les problèmes dus à la crise économique et financière mondiale», a souligné Medvedev. Nos pays sont des puissances de la région de la mer Noire, a-t-il observé en mettant l'accent sur la nécessité d'efforts communs pour maintenir la paix et la sécurité dans la région de la mer Noire et dans le Caucase. Pour sa part, Gül a dit espérer que cette visite sera un tournant qui donnera une nouvelle qualité aux relations bilatérales. Ankara cherche à renforcer sa diplomatie en ex-URSS et tout particulièrement dans le Caucase, qui se situe entre la Turquie et la Russie. Autant que Moscou, Ankara projette aussi de diversifier son partenariat, notamment avec ses voisins immédiats. Avec l'Iran, la Turquie a déjà conclu un accord préliminaire de principe pour le transport du gaz naturel iranien et turkmène à destination de l'Europe. Au terme d'une série de réunions, le ministre du pétrole iranien et le ministre turc de l'Energie et des transports ont réussi à trouver un accord sur le transport du gaz naturel turkmène vers l'Europe via la Turquie et l'Iran. Ils se sont également accordés sur la question d'une participation turque au développement de l'exploitation du gaz dans la ville de Asaluye, en Iran, ainsi que sur la coopération entre les deux pays concernant les hydrocarbures. La construction d'un gazoduc et d'un oléoduc de 3 300 km devrait être financée à parts égales entre les deux pays. Il pourrait transporter trente milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers l'Europe, en évitant, comble du paradoxe,la Russie.