Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a entamé hier une visite de travail de deux jours en Russie essentiellement consacrée à la coopération russo-turque dans le secteur de l'énergie, notamment dans les domaines du nucléaire et du gaz, a-t-on annoncé dans la capitale russe. M. Erdogan, qui effectue cette visite à l'invitation de son homologue russe Vladimir Poutine, sera reçu mercredi par le président russe Dmitri Medvedev, a indiqué le service de presse du Kremlin. Durant son séjour, le Premier ministre turc devrait s'entretenir avec les hauts responsables russes des questions d'actualité régionales ainsi que de la coopération économique entre les deux pays, notamment l'éventuelle participation de la Russie à la construction d'une centrale nucléaire en Turquie. A la lumière des accords conclus au terme de la visite du premier ministre russe en Turquie en août 2009, il est prévu de discuter au cours de la prochaine rencontre,"de la réalisation des gros projets énergétiques, dont le projet de gazoduc South Stream", a indiqué le service de presse. "En outre, les questions de la coopération bilatérale seront abordées au cours des pourparlers entre les deux chefs d'Etat", selon la source. Le projet de gazoduc South Stream, promu depuis 2007 par le russe Gazprom et l'italien Eni, reliera la Russie à l'Europe centrale et méridionale sous les mers Noire et Adriatique et réduira la dépendance des acheteurs et fournisseurs de gaz envers les pays de transit, dont l'Ukraine et la Turquie. Le projet d'un coût de 25 milliards d'euros sera réalisé d'ici 2013. Par ailleurs, des offres publiques pour la construction de la première centrale nucléaire en Turquie à laquelle devait prendre part un consortium russo-turc avaient été annulées en novembre dernier par les autorités turques. Les offres ont été reportées pour le premier semestre 2010 et M. Erdogan devrait évoquer le sujet avec les dirigeants russes, souligne-t-on. Les entretiens devraient également porter sur le projet de gazoduc Nabucco, considéré comme un concurrent aux projets russes et qui est appelé à transporter du gaz de la région de la Caspienne à destination de l'Europe en reliant l'Autriche via la Turquie sans passer par le territoire de la Russie. Le projet est conduit conjointement par la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche, mais les autorités turques souhaiteraient y associer la Russie, selon les médias russes. La Russie qui dément de considérer Nabucco comme un concurrent à ses projets, avait de nouveau réaffirmé en novembre par la voix de son ambassadeur en Turquie, M. Vladimir Ivanovski, qu'il n'y avait aucune raison d'opposer les gazoducs russes aux autres projets, compte tenu des perspectives de hausse de la consommation de gaz en Europe. S'en prenant à son homologue ukrainien qui aurait déclaré que "la politique énergétique de la Russie serait fondée sur une volonté de domination totale" et que le projet de gazoduc South Stream aurait pour but de "contourner l'Ukraine et de faire échouer Nabucco" de même qu'il pourrait constituer "une menace pour l'indépendance politique et économique de la Turquie", M. Ivanovski avait affirmé que "les experts estiment que la consommation de gaz dans l'UE augmentera à moyen et long termes d'ici 2020-2025". Selon lui, "l'Europe aura besoin d'environ 200 milliards de m3 supplémentaires de gaz par an. C'est la raison pour laquelle l'accroissement des fournitures de gaz et l'élimination des risques liés au transit du combustible deviennent des facteurs déterminants pour garantir la sécurité énergétique de l'Europe".