La croissance potentielle de l'économie sera plus lente que prévu à moins que la productivité ne se redresse, selon des experts. Le gouverneur de la Fed, Jerome Powell, a averti ce mois-ci dans une interview au Financial Times qu'il y a un risque croissant pour l'économie américaine de se retrouver piégée dans une période prolongée de faible croissance, ajoutant que cette situation entraînait des taux d'intérêt plus bas que prévu L'économie américaine risque de rester engluée dans une période prolongée de faible croissance dans un contexte de productivité ralentie et d'une classe moyenne qui s'amenuise, a averti le Fonds monétaire international (FMI). L'économie américaine a crû à un rythme annuel de 1,2% au deuxième trimestre de cette année, suite à une révision à la baisse de 0,8 point de pourcentage au premier trimestre, selon le ministère américain du Commerce. Il s'agit du troisième trimestre consécutif qui voit l'économie américaine progresser à un taux inférieur à 2%, soit la période la plus faible en quatre ans. Les données économiques moins fortes que prévu soulignent la frustration continue concernant l'état de la reprise américaine actuelle, qui a échoué à plusieurs reprises à passer la vitesse supérieure ces sept dernières années. L'économie américaine a crû à un rythme moyen de 2,1% depuis la fin de la récession à la mi-2009, soit la plus faible expansion économique du pays depuis la Seconde Guerre mondiale. De l'après-guerre jusqu'à la récession actuelle (1947-2007), le taux annuel moyen de croissance était en effet de 3,4% aux Etats-Unis. Le FMI avait déjà averti en juin dernier que l'économie américaine faisait face à des «défis à long terme potentiellement significatifs», dont une main-d'œuvre et une classe moyenne qui rétrécissent. «Une part croissante de la population active aux Etats-Unis est en train de partir à la retraite, les infrastructures de base s'effondrent, les gains de productivité sont modestes, alors que le marché du travail et les entreprises semblent moins aptes à réaffecter les capitaux humain et physique», a indiqué le FMI dans son rapport annuel sur l'économie américaine. Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a détaillé les éventuels défis pesant sur la croissance future de l'économie américaine, baptisés les «quatre P» : le déclin de la participation de la population active, la faible croissance de la productivité, la polarisation croissante dans la distribution des revenus et des richesses et, enfin, une augmentation de la population pauvre. Ces menaces pourraient avoir de lourdes répercussions tant économiques que politiques aux Etats-Unis, a déclaré Mme Lagarde, avertissant que les slogans protectionnistes sans cesse scandés lors de la campagne présidentielle américaine ne seront guère propices à la croissance. Le FMI a appelé Washington à résister à ce protectionnisme sous toutes ses formes, à accroître les investissements dans les infrastructures, à réformer l'impôt sur les sociétés et à améliorer les programmes sociaux au profit des chômeurs pauvres, afin d'assurer une croissance durable. La présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, a déclaré en juin qu'un certain nombre d'incertitudes «considérables et inévitables» pourraient affecter les perspectives économiques du pays, dont la croissance mondiale atone, le faible investissement des entreprises, la faible croissance de la productivité aux Etats-Unis et l'incertitude sur les perspectives d'inflation. La croissance de la productivité est le facteur déterminant de l'amélioration du niveau de vie, mais elle a ralenti de façon spectaculaire ces dernières années, avec un rythme moyen de moins de 0,5% par an depuis 2010. «Il existe des indices selon lesquels cette profonde récession a eu des effets durables sur les investissements, les dépenses de recherche et de développement, ainsi que sur la création de nouvelles entreprises. Ces facteurs ont, à leur tour, réduit la croissance de la productivité», a expliqué Mme Yellen, en espérant que cette productivité pourra rebondir à l'avenir. Mais les données les plus récentes montrent que la productivité du travail des Etats-Unis a diminué pour le troisième trimestre consécutif en avril-juin, soit le plus long déclin depuis la fin des années 1970, selon le ministère américain du Travail. La productivité dans le secteur des entreprises non agricoles, qui mesure la production horaire des travailleurs américains, a baissé de 0,5% en glissement annuel au deuxième trimestre, après une baisse de 0,6% au premier trimestre, a précisé le ministère. La croissance potentielle de l'économie sera plus lente que prévu à moins que la productivité ne se redresse, selon des experts. Le gouverneur de la Fed, Jerome Powell, a averti ce mois-ci dans une interview au Financial Times qu'il y a un risque croissant pour l'économie américaine de se retrouver piégée dans une période prolongée de faible croissance, ajoutant que cette situation entraînait des taux d'intérêt plus bas que prévu. Catherine Mann, économiste en chef à l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (Ocde), a également averti qu'une période prolongée de faible croissance avait engendré un piège qui se crée lui-même. «Plus l'économie mondiale reste dans ce piège de faible croissance, plus il sera difficile de briser les boucles rétroactives négatives, de relancer les forces du marché et de remettre les économies sur le chemin d'une forte croissance», a-t-elle ajouté.