Des frappes aériennes ont touché un convoi d'aide humanitaire à Alep. 13 personnes ont été tuées. Le raid a endommagé au moins 18 des 31 véhicules du convoi de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien qui livrait de l'aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra. Les camions avaient été atteints par cinq missiles alors qu'ils stationnaient dans le centre du Croissant-Rouge Les combats ont repris de plus belle, hier, après la fin de la trêve en Syrie, où le raid meurtrier contre un convoi humanitaire provoque l'indignation à quelques heures de l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU. D'Alep à la banlieue de Damas, les Syriens ont retrouvé le bruit des bombardements et des tirs nocturnes, après une semaine seulement de fragile accalmie sur les principaux fronts de la guerre. L'armée syrienne a d'ailleurs déclaré, lundi dernier, la «fin» du cessez-le-feu initié il y a une semaine par les Etats-Unis et la Russie, une annonce suivie de raids et de bombardements sur les quartiers rebelles d'Alep. L'armée du régime de Bachar al-Assad «annonce la fin du gel des combats qui a débuté à 19h (16h GMT) le 12 septembre conformément à l'accord Etats-Unis/Russie», a-t-elle indiqué à Damas une heure avant son expiration. Les raids ont été particulièrement violents à Alep et dans sa province, où «plus de 40 frappes aériennes» ont visé les zones rebelles depuis l'annonce par l'armée syrienne de la fin du cessez-le-feu lundi en fin d'après-midi. Au moins 36 civils ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) soit neuf de plus qu'en une semaine de trêve. Les habitants se sont terrés chez eux après avoir goûté durant une semaine au plaisir de rester avec des amis dans les rues, jusque tard dans la nuit. C'est dans cette province d'Alep que des frappes aériennes ont touché un convoi d'aide humanitaire destiné aux habitants des zones assiégées. Selon l'Osdh, douze employés du Croissant-Rouge et chauffeurs de camion ont été tués. L'Osdh n'était pas en mesure de préciser de quelle nationalité étaient les avions ayant mené ces frappes, mais aucun groupe rebelle syrien ne dispose de force aérienne. Le raid a endommagé au moins 18 des 31 véhicules du convoi de l'ONU et du Croissant- Rouge syrien qui livrait de l'aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra, a précisé le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric. Un habitant du secteur contacté par Reuters par téléphone a déclaré de son côté que les camions avaient été atteints par cinq missiles alors qu'ils stationnaient dans le centre du Croissant-Rouge, dont le directeur a été grièvement blessé. «S'il s'avère que cette attaque impitoyable a délibérément visé des humanitaires, alors elle équivaut à un crime de guerre», a déclaré Stephen O'Brien, le patron des opérations humanitaires de l'ONU. De son côté, l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a vivement condamné ce bombardement, soulignant que le convoi s'était ébranlé au terme de longues négociations avec le gouvernement de Bachar al Assad. «Notre indignation face à cette attaque est énorme... Le convoi était le résultat d'un long processus d'autorisation et de préparations pour venir en aide à des civils isolés», a-t-il dit dans un communiqué transmis par sa porte-parole à Genève et repris par Reuters. Les Nations unies avaient annoncé plus tôt dans la journée l'acheminement prochain d'un chargement comprenant notamment de la farine et de l'équipement médical destiné à soulager les souffrances de 78 000 civils dans cette région ravagée par la guerre. Sans directement accuser Moscou, le porte-parole du département d'Etat John Kirby a assuré que les Etats-Unis étaient «scandalisés» par l'attitude de la Russie, alliée du régime de Damas. Ils «soulèveront la question directement auprès de la Russie», a-t-il précisé. Le ton n'a cessé de monter ces derniers jours entre Russes et Américains, les deux parrains de la trêve, qui s'accusent mutuellement de son échec. Moscou et Damas ont en particulier vivement dénoncé un raid mené samedi par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre l'armée syrienne dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts. La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Mais Damas a rejeté ces explications et le président Assad a accusé Washington d'avoir commis une «agression flagrante». C'est dans ce contexte acrimonieux que s'est réunit, hier à New York, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble depuis novembre 2015 une vingtaine de pays et d'organisations internationales dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran. Cette réunion en marge de l'Assemblée générale de l'ONU «évaluera (...) l'état de l'accord conclu entre les Etats-Unis et la Russie il y a une semaine, où nous sommes et quelles sont les prochaines mesures à prendre», a précisé un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner. «Les Russes ont signé un accord, il faut voir maintenant ce qu'ils disent. Mais le plus important, c'est que les Russes doivent contrôler (le président syrien Bachar) al-Assad», a par ailleurs déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry. Enième tentative d'apaiser ce conflit qui dévaste la Syrie depuis cinq ans et demi, cette trêve n'avait pas soulevé de grandes attentes. L'opposition et les groupes rebelles n'avaient pas donné leur accord en l'absence, selon eux, de garanties sur son respect par le régime. Les opposants ont par ailleurs perdu confiance vis à vis des Etats-Unis, incapables selon eux de s'engager davantage dans le dossier syrien, selon des experts. «L'abandon du cessez-le-feu signifie que les deux volets de l'accord - l'aide humanitaire et les négociations politiques - sont voués à l'échec. Les ingrédients d'une escalade sont réunis et la dynamique du conflit joue en faveur d'Assad», a commenté Emile Hokayem, de l'International Institute for Strategic Studies (IISS). Le conflit syrien est la guerre la plus meurtrière actuellement au monde : elle a fait plus de 300 000 morts selon l'Osdh et poussé des millions de Syriens hors de chez eux, provoquant une vague de réfugiés qui affecte surtout les pays alentours mais aussi l'Europe. R. C./Agences