La trêve en Syrie était hier en sursis à quelques heures de son échéance La Syrie connaissait hier une journée cruciale car la trêve arrive à échéance dans la soirée, mais la Russie, qui l'a initiée avec les Etats-Unis, a douché les espoirs d'une éventuelle prolongation. Une semaine après son entrée en vigueur, le ton devient de plus en plus aigre entre les parties prenantes de l'accord, et le président syrien Bachar al-Assad a accusé les Etats-Unis d'avoir commis une «agression flagrante» en menant samedi un raid contre son armée à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. Dans cette atmosphère délétère, les tirs ont repris dans la ville d'Alep, divisée depuis quatre ans entre quartiers rebelles et gouvernementaux, et des combats ont lieu à la périphérie de Damas. Quant à l'acheminement de l'aide humanitaire vers les villes assiégées, il se fait au compte-goutte et rien n'était prévu hier pour approvisionner les quartiers rebelles d'Alep, pourtant une priorité absolue selon l'accord de cessez-le-feu. La trêve se terminait en principe hier à 19h00 (16h00 GMT), a indiqué une source militaire syrienne de haut niveau. Mais, à l'approche de l'échéance, la Russie menait la charge contre les Etats-Unis et ses alliés sur le terrain. Le général Sergueï Roudskoï a ainsi estimé que «compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le régime de cessez-le-feu, son respect unilatéral par les forces gouvernementales syriennes n'a pas de sens». Moscou a répertorié «302» violations de la trêve par les rebelles. Le haut responsable de l'état-major russe a accusé «les Etats-Unis et les rebelles qu'elles contrôlent, la soi-disant opposition modérée, de n'avoir respecté aucun des engagements prévus par l'accord de Genève» du 9 septembre conclu entre Moscou et Washington. «Plus important, l'opposition modérée n'a pas pris ses distances avec le Front al-Nosra», a ajouté le général russe. «Au contraire, la partie russe observe une alliance et une préparation en cours pour une offensive conjointe». Le Front al-Nosra, qui a changé son nom en Front Fateh al-Cham depuis sa rupture officielle avec Al Qaîda, est allié aux groupes rebelles au sein de l'Armée de la Conquête. En revanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est montré plus optimiste. Le cessez-le-feu «a bien tenu la nuit dernière et les camions d'aide pourraient atteindre huit localités ou plus», a-t-il dit. «Attendons», a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient sur une prolongation du cessez-le-feu. La Syrie devrait dominer cette semaine les discussions en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York et était hier au coeur du premier sommet onusien consacré aux migrations. La trêve a été fragilisée ce week-end par les frappes de la coalition conduite par les Etats-Unis contre des positions de l'armée syrienne dans la région de Deir Ezzor (est), qui ont fait au moins 90 morts. La coalition a affirmé avoir bombardé l'armée syrienne par erreur, ce que ne croit pas Damas qui y voit un raid «délibéré» selon la conseillère du président Assad, Bouthaina Chaabane. A la faveur de ces frappes, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont réussi à s'emparer du mont Thourda, qui domine l'aéroport de Deir Ezzor tenu par l'armée syrienne, selon une source militaire. Avec cette position, les jihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères. Sur d'autres fronts, les accrochages se multiplient. Des tireurs embusqués rebelles ont tiré sur le quartier gouvernemental de Macharaka sans faire de victime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en gran,de Bretagne). Des combats ont également eu lieu au sud d'Alep entre forces armées syriennes et insurgés, ainsi qu'à Jobar, un quartier périphérique de l'est de Damas. L'acheminement de l'aide humanitaire aux villes assiégées est très loin des objectifs fixés il y a une semaine. «Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu'il n'y a aucun progrès concernant Alep», a déclaré David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Il a en revanche indiqué qu'un «premier convoi de l'ONU, du CICR et du Croissant- Rouge» devait «livrer une aide multiple à 84.000 personnes à Talbissé», une ville rebelle ans la province de Homs. Un autre convoi doit se rendre à Orum al-Koubra, une localité dans l'ouest de la province d'Alep où vivent 78.000 personnes. L'armée syrienne déclare la «fin» de la trêve L'armée syrienne a déclaré hier la «fin» de la trêve des opérations militaires qu'elle avait décrétée le 12 septembre pour sept jours, car les rebelles «n'ont pas respecté une seule disposition» de l'accord. «L'armée syrienne annonce la fin du gel des combats qui a débuté à 19h00 (16h00 GMT) le 12 septembre conformément à l'accord Etats-Unis/Russie»,a-t-elle indiqué dans un communiqué publié par l'agence d'Etat Sana. La trêve en Syrie a été fragilisée par la dégradation des relations entre Moscou et Washington après les frappes meurtrières de la coalition conduite par les Etats-Unis contre l'armée syrienne dans la région de Deir Ezzor, dans l'est du pays. Le président Bachar al Assad a dénoncé «une agression flagrante». A Moscou, le général Sergueï Roudskoï a estimé que la trêve en Syrie «n'a pas de sens» après les violations répétées du cessez-le-feu par les rebelles et l'incapacité des Etats-Unis à coopérer, n'ayant pas «de levier efficace pour peser sur l'opposition en Syrie». La trêve «devait être une réelle opportunité d'arrêter l'effusion de sang, mais les groupes armés terroristes ont méprisé cet accord», a indiqué l'armée syrienne qui accuse les groupes rebelles d'avoir violé plus de 300 fois en une semaine le cessez-le-feu à travers le pays.