Les cours du pétrole oscillent au gré des déclarations émanant du 15e Forum international de l'énergie (IEF15), qui se tient depuis hier à Alger. Une occasion pour les membres de l'Opep de tenir des conciliabules informels afin de booster les prix du brut, jugés bas depuis la mi-2014 en raison d'une offre excédentaire. La veille de l'ouverture de ce sommet énergétique, les cours ont terminé la journée de lundi sur une nette hausse. Le baril de référence WTI avait pris 1,45 dollars à la bourse de New York pour s'établir à 45,93 dollars. Les déclarations des responsables saoudiens et russes (producteurs majeurs) en faveur d'un gel des quotas actuels de production ont été pour beaucoup dans ce rebond temporaire. L'entrée en scène de l'Iran, se disant pas encore prêt pour un tel accord, a quelque peu refroidi le marché. Le ministre iranien a, en effet, indiqué à la presse que son pays compte augmenter sa quote-part à ses niveaux de production d'avant les sanctions internationales, soit quelque chose comme 4 millions de barils/jour contre 3,8 millions de barils/j aujourd'hui. Une doléance, somme toute, recevable. Ce léger différentiel de 200 mille barils/j n'a presque aucun effet sur le volume des échanges. Sauf que la tension politique entre l'Iran et l'Arabie saoudite, actuellement à son paroxysme, n'arrange pas forcément la situation. Hier à midi, le WTI a cédé 1,39% pour se fixer à 45,29 dollars. Toutefois, les perspectives s'annoncent favorables à une nette amélioration des cours dans les mois qui viennent. La disponibilité de l'Arabie saoudite (pour la première fois) à geler sa production, voire à la réduire légèrement, laisse entrevoir une note d'espoir pour les producteurs. Ce changement de ton concerne implicitement les autres monarchies pétrolières du Golfe, qui cumulent une part assez conséquente de la production mondiale de brut. Les difficultés budgétaires de ces Etats du Golfe (CCG) et l'impact social visible de la politique d'austérité seraient à l'origine de ce revirement notable. A cela, s'ajoute l'attachement, total et de longue date, des autres membres de l'Opep (Algérie, Venezuela, Nigéria, Irak…) à cette démarche. Une ligne de conduite également adoptée par la Russie qui passe pour l'un des grands producteurs de brut au monde. Mis en difficulté, les producteurs de pétrole (y compris l'industrie pétrolière américaine très affectée par la baisse des cours) optent à l'unanimité pour le soutien des prix et la stabilisation durable du marché. Les spécialistes s'attendent dans à une imminente éclaircie dans les deux ou trois mois qui viennent. La rencontre informelle d'Alger aura eu finalement le mérite de dégeler les rapports entre tous les pays producteurs et d'engager sérieusement le débat sur l'équilibrage réel du marché pétrolier. «Il s'agit d'une réunion consultative… nous consulterons tout le monde, nous écouterons les avis, nous écouterons le secrétariat de l'Opep et également les consommateurs», a déclaré le ministre de L'énergie saoudien, Khalid Al-Falih. Son homologue iranien, Bijan Namdar Zanganeh, a aussi affirmé que «l'heure n'est pas à la prise de décision […]. Nous essaierons de parvenir à un accord en novembre», en référence à la prochaine réunion ordinaire prévue le 30 novembre à Vienne (Autriche). La réunion informelle d'Alger a, d'ores et déjà, aplani le terrain à cette échéance viennoise qui sera visiblement décisive. K. A.