Chaque année, le 16 octobre, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) célèbre la Journée mondiale de l'alimentation, qui commémore la date de sa création, en 1945. En Algérie elle est commémorée avec beaucoup d'attention tant le défi de la sécurité alimentaire du pays est porteur d'enjeux cruciaux. En effet avec le rythme de croissance démographique que connaît la population, les besoins alimentaires sont de plus en plus importants. Cela implique donc une intensification de la production locale, le développement d'une capacité nationale de production d'intrants agricoles et un plus large recours aux nouvelles techniques culturales. C'est du moins l'avis de nombreux experts en matière de sécurité alimentaire. Il n'est plus à démonter que pour assurer une meilleure couverture de la demande en produit de consommation, il est impératif d'agir sur l'amélioration des rendements de la production agricole végétale et animale. «Une stratégie facile à mettre en œuvre», avancent des chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Et de préciser «l'intensification de la production doit cibler en priorité des produits stratégiques pour l'alimentation de la population à savoir le blé tendre, la pomme de terre, les produits maraîchers, fruits, viandes rouges et viandes blanches. Certains chercheures soulignent dans leurs études que «l'objectif d'une amélioration des rendements doit, par ailleurs, s'appuyer sur l'émergence d'une industrie nationale de production d'équipements agricoles en vue d'une mécanisation de l'agriculture». Toujours dans ce même ordre d'idée, on apprend que la modernisation du secteur agricole requiert également la mobilisation de ressources humaines qualifiées. Une démarche qui commence à faire du chemin. En effet on a pu constater lors de notre passage dans plusieurs exploitations agricoles du pays que de nombreux jeunes investisseurs ciblent les activités agricoles et recourent désormais à des techniques modernes d'exploitation : serres multichapelles, systèmes d'irrigation goutte à goutte, utilisation de fertilisants. C'est le cas dans la céréaliculture où certains agriculteurs ont introduit de nouvelles techniques culturales, ce qui leur a permis ainsi d'augmenter substantiellement le rendement dans leur champ de céréales. Autre exemple celui de la culture de la pomme de terre où des résultats encourageants sont également enregistrés pour la culture de la pomme de terre qui a atteint une production de 5 millions de tonnes. Ce chiffre révèle un quasi doublement, en moins de cinq ans, du rendement à l'hectare. Cependant la production nationale demeure encore fortement vulnérable et dépendante pour deux produits : le lait et le blé tendre. Dans le cas du lait, les chercheurs de l'INRA, soulignent que l'objectif d'une autosuffisance était tributaire d'un développement intensif d'une production de fourrage vert. Pourquoi ? Selon nos interlocuteurs «le fourrage vert est l'intrant de l'industrie laitière. Sa culture doit être encouragée en vue d'améliorer la production de lait dans les étables». En ce qui concerne le blé tendre pour ces derniers sa production peut augmenter pour peu que l'itinéraire technique soit respecté à la règle par tous les céréaliculteurs. Toutefois, ils ont reconnu que l'autosuffisance en blé tendre reste encore du domaine de l'irréalisable. Pour revenir à l'objectif d'améliorer la production agricole, les chercheurs affirment à l'unanimité que cela reste à la portée dès lors où selon eux, le pays dispose d'un fort potentiel agricole qui ne demande qu'à être exploité. C'est d'autant plus réalisable. Refonte nécessaire des politiques sectorielles dans l'agriculture Certes, cela représente une œuvre de longue haleine car exigeant une continuité et un renforcement conséquent des capacités de production et la multiplication de la transformation des produits végétaux et animales mais c'est en tous les cas la seule alternative si l'on veut assurer notre sécurité alimentaire. Dans cette optique, il va falloir dans un premier temps que les systèmes de cultures en vigueur enregistrent des transformations de grande ampleur. En seconde priorité : relancer les investissements dans le secteur et en dernier renforcer et moderniser l'outil de production au sein des exploitations. Il s'agira donc de mettre en place un nouveau modèle de croissance du secteur agricole. Une stratégie qui, selon les experts, va permettre «une sortie du productivisme et le passage à une intensification durable des systèmes de production agricole». C'est d'autant plus à la portée dans la mesure on l'on a pu déjà constater que notre secteur agricole a enregistré des progrès en matière de diversification de la production et de rendements, notamment ceux réalisés depuis 2009. Comme il faut rappeler au passage que depuis cette époque notre agriculture ne cesse d'enregistrer la plus forte croissance de l'ensemble des secteurs. C'est pour dire que l'agriculture représente un secteur important pour l'économie algérienne puisque elle est arrivée à assurer, au titre de sa fonction première de couverture des besoins alimentaires du pays, jusqu'à 70% de la demande de consommation nationale. Mais toujours est-il que certaines importations agricoles continuent de peser lourdement sur le budget de l'Etat. Les achats à l'externe concernent des produits de base (céréales, légumes secs, lait, oléagineux, alimentation fourragère). Et s'il a été constaté depuis 2012 une amorce de repli des volumes d'importation, illustrant les progrès de certaines filières il n'en demeure pas moins que des efforts sont encore à entreprendre si l'on veut que la facture soit moins lourde. En résumé et devant le tarissement des recettes extérieurs du pays, il va donc falloir produire plus, mieux, avec moins de facteurs de production mobilisés et améliorer la productivité rapportée à la même superficie. Des défis qui somme toute doivent être relevés si l'on veut garantir durablement la sécurité alimentaire du pays sur la base de la production locale. Z. A. Production agricole : prochaine mise en place d'une nouvelle stratégie Le ministère de l'Agriculture du développement rural et de la pêche (MADRP) a récemment révélé que les priorités du secteur sont le renforcement de la sécurité alimentaire, la valorisation des efforts des producteurs et investisseurs, le développement des exportations des produits agricoles et la valorisation des ressources forestières, halieutiques et aquacoles. Dans cette optique, cent grands pôles agricoles intégrés adaptés aux spécificités de chaque région viennent d'être créés à travers le pays en vue de promouvoir l'investissement agricole. Ces pôles, selon le MADRP, inscrits dans le cadre de la stratégie nationale de développement du secteur agricole à l'horizon 2019, seront censés valoriser l'ensemble des éléments de la chaîne de production agricole pour un territoire donné. Ils se doivent de contribuer à l'amélioration continue des performances traduites essentiellement en termes d'itinéraires techniques. Or l'intensification des cultures requiert des investissements importants et une utilisation accrue d'intrants agricoles (eau, énergie, engrais, produits phytosanitaires, matériel) et implique une optimisation de l'emploi des facteurs de production (foncier, travail, capitaux). «C'est pourquoi, il est impératif de se donner pour mission l'atteinte à la fois d'une productivité physique élevée du foncier (ou des capitaux fixes immobilisés) et d'une productivité élevée des UTH (Unité de travail humain)», confie le secrétaire générale M. Chadi dans sa dernière sortie médiatique. Z. A.