De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Alors que les autres créneaux de commerce commencent à s'installer, à travers les différentes localités de la wilaya, la vente des instruments de musique tarde à se frayer un chemin parmi les activités commerciales existant dans la région. Selon les services de commerce, aucun dossier d'autorisation de vente de ces équipements n'est encore enregistré, du fait que l'ouverture d'un magasin obéit à l'existence d'une demande sur le terrain, de la part des citoyens intéressés par la musique ou de la part des associations et organismes publics, qui veulent s'équiper en matériel nécessaire pour leurs divers programmes d'animation culturelle. Sur le marché, on ne trouve que les équipements de sonorisation et autres enceintes de disc-jockey qui sont mis en location, notamment à l'occasion des manifestations culturelles ou de la célébration des fêtes durant l'été. Par ailleurs, comme c'est une activité qui se rapproche de l'artisanat, nous avons questionné des chanteurs et des animateurs d'associations, mais aucun n'a indiqué un endroit ou un établissement spécialisé dans la fabrication ou la réparation d'instruments musicaux. Donc, c'est un créneau qui ne suscite pas l'intérêt des gens, compte tenu du fait que, la culture artistique et musicale ne s'est pas enracinée dans la société. Et même si c'était le cas, et si les citoyens ont atteint ce niveau culturel à s'intéresser à la chose artistique, quel est le parent qui peut se permettre de mettre de côté 6 000 DA ou plus pour acheter à son enfant une simple guitare ou autre instrument ? Compte tenu des conditions sociales des familles et de la cherté de la vie, ce geste est considéré comme un luxe. Ainsi, le seul lieu où ces enfants peuvent avoir la chance de découvrir des instruments de musique est l'école ou un institut spécialisé. Pour Cherif, un musicien de Bouira, les seuls magasins spécialisés dans la vente de ces équipements se trouvent à Béjaïa ou à Alger. C'est là que les chanteurs s'approvisionnent régulièrement mais à des prix qui ne sont pas à la portée de tout le monde. A titre d'exemple, ce dernier indique qu'une simple guitare se vend à plus de 5 000 DA, et cette somme est à multiplier par cinq et plus si l'on cherche la perfection, alors qu'un violon se vend à plus de 20 000 DA et qu'une simple derbouka égyptienne se négocie autour de 8 000 DA. Du côté de l'Institut de formation musicale de Bouira, nous avons également appris que l'établissement s'approvisionne en instruments de musique dans les autres wilayas, grâce au budget de fonctionnement alloué annuellement par le secteur et le ministère. Notons que lors des rencontres organisées l'an dernier par cet institut sur le rôle de l'art dans l'éducation des enfants, des stands entiers ont été réservés à l'exposition d'instruments de musique et leur fabrication. Mais, comme à chaque fois, l'intérêt suscité chez les visiteurs par ces instruments se dissipe dès la fin de la manifestation.