Le penseur, philosophe et anthropologue des religions, l'Algérien Malek Chebel est décédé, hier à Paris (France), à l'âge de 63 ans des suites d'une longue maladie. Né le 23 avril 1953 à Skikda, le défunt qui a entamé son cursus universitaire en Algérie avant de poursuivre ses études à Paris, était connu pour sa réflexion sur l'islam et pour être l'auteur du concept «l'islam des lumières». Feu Malek Chebel, qui a également étudié la psychanalyse, activité qu'il a un temps exercée, est connu pour sa réflexion sur l'Islam, sa culture, son histoire et sa vie intellectuelle a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde. Le penseur a aussi animé des conférences dans de nombreux pays d'Europe et d'Afrique, et travaillait à une vaste enquête sur l'islam dans le monde. Il a écrit plusieurs livres dont Dictionnaire des symboles musulmans, les Cent noms de l'amour, Sagesse d'Islam, Dictionnaire encyclopédique du Coran, les Enfants d'Abraham, l'Islam expliqué, l'Islam et la raison, le combat des idées. Il est également l'auteur de plusieurs enquêtes et analyses ainsi que des articles de presse sur le l'Islam et le monde musulman. Malek Chebel a aussi traduit le saint Coran en langue française. Il est connu pour sa réflexion sur l'islam, sa culture, son histoire, sa vie intellectuelle..., mais aussi pour ses prises de positions publiques en faveur d'un islam libéral et en faveur d'une réforme de l'islam incluant certains aspects de la modernité politique. Dans un entretien au Nouvel Observateur, en réponse à la question «Quel espoir nourrissez-vous pour l'islam de demain ?», le défunt Chebel a répondu : « Je propose que l'islam soit une chance et non une contrainte ou un enfermement. Cherchons les espaces de liberté et d'intelligence qu'il nous propose, plutôt que le rigorisme d'un dogme dont on connaît les effets réducteurs. Un musulman nouveau est sans doute en train de naître sous nos yeux. Et son double défi consiste à gagner sa modernité sans perdre sa foi. En France, par exemple, c'est par la part inaliénable de la citoyenneté que le musulman aspire à s'intégrer. Et il se méfiera même de ceux qui veulent le cantonner à la mosquée, parce que c'est nier chez lui la possibilité qu'il puisse être laïque, aimer la laïcité et la défendre en tant que telle. Finalement, le gage que la modernité a pris sur l'islam, c'est que le sujet musulman sera fabriqué ici en Occident avant qu'il n'advienne là-bas.» «La plupart des musulmans sont pris en tenaille entre un groupuscule de musulmans violents, qui veulent islamiser le monde, et la grande majorité des Occidentaux qui ne comprennent rien à l'islam», a-t-il déploré dans une de ses interventions, rappelant que l'islam est pluriel, et qu'il est aussi vivant, qu'il a été novateur dans bien des aspects de la vie. Malek Chebel défend l'idée qu'à travers les siècles, il y a eu de grandes périodes de paix, de créativité et de bonheur. «C'est au nom de ces siècles-là que je travaille, au nom d'un grand nombre de savants, de littérateurs, de grammairiens, de juristes, de médecins et de califes ou sultans dilettantes que je m'exprime, en étant avec d'autres, le dépositaire de cet héritage», disait-il. Il dénonce le manichéisme des fondamentalistes, car d'après lui, les islamistes intégristes. A l'opposé de cette ligne intégriste, Malek Chebel plaide pour un «islam des Lumières». L'islam dont il parle, c'est celui du partage, «celui qui amène au monde l'algèbre, l'arithmétique, la parfumerie, une gastronomie brillante, une musique, une maison de la sagesse et qui s'occupe de cosmologie, fondé sur la raison, sur les connaissances et le travail, sur l'échange et le respect d'autrui. J'ai essayé de montrer que l'islam est plus humain qu'on ne le pense, il est plus accessible, plus proche de nous, il parle au cœur, à l'émotion et n'est pas là pour semer la terreur». Le regretté sera inhumé dimanche dans sa ville natale, selon ses proches. R. C.