Il se voyait déjà au haut de l'affiche pour la deuxième fois de sa carrière politique. Il rêvait déjà dur comme fer qu'il retrouverait en mai prochain la présidence française, occupée de 2007 à 2012, d'où l'a éjecté un certain François Hollande avec la volonté des électeurs. Il se voyait déjà au haut de l'affiche pour la deuxième fois de sa carrière politique. Il rêvait déjà dur comme fer qu'il retrouverait en mai prochain la présidence française, occupée de 2007 à 2012, d'où l'a éjecté un certain François Hollande avec la volonté des électeurs. Lui, c'est Nicolas Sarkozy qui vient de connaître peut-être le plus dur revers de sa vie politique. Celui de se faire humilier dès le premier tour de la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle. Il n'a même pas eu le droit d'accéder au deuxième tour de dimanche prochain, devancé très largement par son ancien Premier ministre, François Fillon, et largement par celui qui fut Premier ministre de Jacques Chirac, avant d'être son ancien chef de la diplomatie, Alain Juppé. Cela s'appelle sortir par la petite porte de la scène politique pour aller, comme il l'a déclaré, se consacrer à ses «passions privées». Outre l'humiliation subie par Sarkozy, ce premier tour des primaires de la droite et du centre a été celui d'une énorme surprise que personne n'a vu venir, surtout pas les sondages. C'est l'incroyable score réalisé par l'outsider François Fillon, qui a su réunir sur sa candidature plus de 44% des suffrages des 4 millions d'électeurs. Soit plus de deux fois le résultat de Sarkozy, 21 % ! Loin derrière celui qui était désigné comme le favori, Alain Juppé, qui, avec 28 %, livrera bataille dimanche prochain, et François Fillon qui le devance de 16 points. Les 4 autres candidats de cette élection inédite n'ont eu que des miettes, jusqu'à l'insignifiance comme Jean-François Copé (0,3%). Donc, le candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle d'avril 2017 sera Fillon ou Juppé. Le premier est donné largement favori, vu les résultats de ce dimanche et le soutien que lui apportent Sarkozy et Bruno Lemaire (2,5%). Mathématiquement les données sont claires et Juppé (malgré le soutien de Nathalie Kosciusko-Morizet avec ses 2,6%) fera un tour de piste sans la moindre illusion. Seul un miracle, le débat télévisé de jeudi soir entre les deux protagonistes et la volatilité de l'électorat (1/3 de ceux qui ont voté Fillon se sont décidés les derniers jours). Pourrait aussi intervenir une autre donnée : qui de Fillon ou de Juppé est apte à rassembler le plus grand nombre de Français pour gagner l'élection présidentielle ? Pour l'instant c'est Juppé qui a la posture du rassembleur tandis que Fillon est plutôt clivant. Cette semaine, la campagne électorale sera celle de programme contre programme. Et là, on se demande comment les Français pourraient avaliser ce que leur propose Fillon. Certains disent que ce sera du sang et des larmes de la part de celui qui est qualifié de réactionnaire, conservateur et ultra libéral, dont le modèle est la britannique Thatcher. Son programme pour relancer la croissance en passant par une sévère cure d'austérité est sans nuance : suppression de l'impôt sur la fortune qui profitera aux riches et augmentation de 2 points de la TVA (de 20% actuellement à 22%) qui frappera tous les ménages; réduction des dépenses publiques de 100 milliards d'euros et réduction de 500 000 à 600 000 emplois dans la Fonction publique; retraite à 65 ans ; suppression des 35 heures et la semaine de travail peut aller jusqu'à 48 heures ! Facilitation des licenciements collectifs dans les entreprises, etc. Tout en étant bien ancré à droite, le programme de Juppé laisse une marge de manœuvres au dialogue social, passage du temps de travail de 35 à 37 ou 39h, prévoit des économies jusqu'à 80 milliards et limite la réduction d'emploi dans la Fonction publique à 200 000. Pour la droite, les Français ne peuvent faire l'économie d'une ceinture serrée de quelques crans de plus alors que l'austérité fait partie de leur vie quotidienne depuis des années. Ceinture serrée, mais, évidemment, la logique libérale aidant, pas pour tous ! M. M.