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Le délicat défi du «Gandhi de Lisbonne»
Redresser l'économie portugaise
Publié dans La Tribune le 26 - 11 - 2016

De la folie. Du 7 au 10 novembre, une joyeuse effervescence s'est emparée des rues de Lisbonne. Pendant quatre jours, la capitale portugaise n'a pas désempli. Elle accueillait pour la première fois le Web Summit, la plus grande conférence européenne consacrée aux nouvelles technologies.
De la folie. Du 7 au 10 novembre, une joyeuse effervescence s'est emparée des rues de Lisbonne. Pendant quatre jours, la capitale portugaise n'a pas désempli. Elle accueillait pour la première fois le Web Summit, la plus grande conférence européenne consacrée aux nouvelles technologies.
«De jour et surtout de nuit, il était presque impossible d'avancer dans les venelles pavées du centre ou de mettre un pied dans un bar», raconte Pedro Dias, un jeune habitant du Bairro Alto, un des quartiers de la ville. Lui en a profité pour louer son canapé sur Airbnb à l'un des 53 000 passionnés, créateurs de start-up ou investisseurs, venus de 165 pays pour l'événement. Il faut dire que les hôtels étaient complets.
Au total, le gouvernement portugais chiffre les retombées économiques du sommet à près de 200 millions d'euros. «Je souhaite que les visiteurs se rappellent le Portugal comme un pays moderne et ouvert au business», a déclaré le Premier ministre, Antonio Costa, lors de l'ouverture du Web Summit.
Près d'un an après son arrivée au pouvoir, celui-ci ne pouvait rêver meilleure vitrine. Le 24 novembre 2015, dans la foulée des élections législatives, le président portugais, Anibal Cavaco Silva, avait nommé M. Costa, chef du Parti socialiste, à la tête de l'exécutif. Ce dernier avait pris ses fonctions deux jours plus tard, soutenu par le Parti communiste, le Bloc de gauche et les écologistes (sans participation au gouvernement).
Délicat exercice d'équilibriste
Esseulés par des années de crise, les Portugais ont rejeté le parti de centre droit et les conservateurs, au pouvoir depuis 2011. «C'est la première fois qu'une alliance entre les socialistes et la gauche radicale dirige notre pays», note Antonio Costa Pinto, politologue à l'université de Lisbonne.
Beaucoup d'observateurs donnaient peu cher du gouvernement de M. Costa, élu sur la promesse de relancer l'emploi et d'effacer les séquelles de la récession. Ancien maire de la capitale, parfois surnommé le «Gandhi de Lisbonne» en raison de ses origines indiennes et, probablement aussi, de sa trajectoire politique, le socialiste doit jongler, depuis son arrivée, entre les exigences sociales de ses alliés de gauche et celles de la Commission européenne, gardienne de la bonne tenue des finances publiques.
Deux objectifs à première vue inconciliables. «Pourtant, il a jusqu'ici réussi la synthèse entre les deux», note Ricardo Amaro, chez Oxford Economics. «Je n'imaginais pas que son gouvernement tiendrait aussi longtemps», confesse Joao Vieira Pereira, directeur adjoint du journal économique Expresso, connu pour le regard critique qu'il porte sur le Premier ministre.
Le budget 2017 est une illustration du délicat exercice d'équilibriste auquel se prête le gouvernement. D'un côté, il satisfait Bruxelles – plus souple sur les règles budgétaires depuis quelques mois – en promettant de ramener le déficit public à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année et à 1,6% en 2017 ; pour y parvenir, l'investissement public et les dépenses des ministères sont freinés. De l'autre, il augmente les retraites les plus modestes, supprime progressivement une surtaxe sur les salaires et revalorise une série d'allocations sociales.
«Un rusé»
Depuis son arrivée, le gouvernement a aussi relevé le salaire minimum de 505 à 530 euros – il doit progressivement monter à 600 euros d'ici à 2019 – et réduit la TVA sur la restauration de 23% à 13%. Pour financer ces mesures, il a augmenté une série de taxes indirectes, notamment sur les sodas, les carburants ou l'immobilier.
«Au total, les impôts reposant sur les ménages ont donc moins baissé qu'il ne l'a promis, mais il a bien su vendre ses mesures : c'est un rusé, surtout doué en communication politique», ironise M. Vieira Pereira. Peut-être. Mais M. Costa a hérité d'une situation économique délicate. Et celle-ci ne date pas seulement de la crise.
Lorsqu'il rejoint l'Union européenne (UE) en 1986, douze ans après la chute de la dictature salazariste, le Portugal est rongé par la pauvreté. L'illettrisme bat des records et le PIB par habitant ne dépasse guère 60% de celui de la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).
Dès lors, le pays commence un rattrapage rapide, qui fléchit néanmoins après l'introduction de l'euro. Peu à peu, les dettes publiques et privées s'envolent, masquant les faiblesses de la compétitivité. Du moins, jusqu'à la crise de 2008, où le pays sombre.
En mai 2011, Lisbonne est contraint d'entrer sous assistance de la «troïka» – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale (BCE) et Commission européennes. En échange d'un prêt de 78 milliards d'euros, le gouvernement de Pedro Passos Coelho (centre droit) se lance alors dans une douloureuse cure d'austérité : coupe dans les dépenses publiques, suppression du treizième et du quatorzième mois des fonctionnaires, réforme du droit du travail…
«Vent d'optimisme»
En bon élève, le pays applique les mesures exigées par ses partenaires européens. En mai 2014, il sort du plan d'aide. Mais la crise a laissé de profondes séquelles : la consommation intérieure s'est effondrée, tandis que le taux de chômage est passé de 7,5% de la population active en 2007 à 17% début 2013.
Aujourd'hui, l'économie portugaise va un peu mieux. Le chômage est retombé à 10,5% en septembre. Après un début d'année poussif, le PIB a rebondi de 1,6% en rythme annuel au troisième trimestre. «Cela confirme l'accélération de la croissance», s'est réjoui, mardi 16 novembre, Mario Centeno, le ministre des Finances, soulignant que le pays a créé 127 000 emplois en neuf mois.
Les exportations de biens et services ont accéléré. En outre, l'économie portugaise est portée par l'essor du tourisme. En 2015, le Portugal a reçu 10,2 millions de visiteurs (+ 9,7% sur un an). Un record historique, qui sera probablement dépassé en 2016.
Claudio Viterbo et sa sœur Michelle possèdent l'Enjoy It Coffee House, au nord de Porto, la deuxième ville du pays. «Depuis quelques mois, le nombre de visiteurs explose, notamment de non-Européens», témoignent-ils. De l'autre côté du Douro, à Vila Nova de Gaia, les groupes d'Américains, Français et de Japonais enchaînent les visites dans les caves de Porto, désormais bondées toute l'année. «La victoire de notre équipe de football à l'Euro-2016, cet été, nous a rendus encore plus populaires», assure M. Viterbo.
Plus prosaïques, les professionnels du secteur reconnaissent que le Portugal profite aussi, comme la Grèce ou l'Espagne, de la désaffection des touristes pour l'Afrique du Nord et la Turquie. «Entre cela et le succès du Web Summit, un vent d'optimisme souffle sur notre pays, nous croyons de nouveau en l'avenir», espère Pedro Siza Vieira, avocat au cabinet Linklaters, à Lisbonne.
De nombreux jeunes font leurs valises
Tous les Portugais ne partagent pas son enthousiasme. «Je suis diplômée en langues depuis deux ans et je n'ai toujours pas trouvé d'emploi : il n'y a rien pour les jeunes, ici», témoigne Eugenia Ferreira, 24 ans. Faute d'opportunités, beaucoup font leurs valises. Entre 2010 et 2014, près de 140 000 personnes ont quitté le pays, sur 10,3 millions d'habitants.
Résultat : la population active a fondu de 0,4% entre 2010 et 2014. Une tendance qui devrait se poursuivre. «Cela affaiblit d'autant la croissance potentielle, déjà pénalisée par la faiblesse de la productivité et de l'investissement», souligne Antonio Barroso, économiste chez Teneo Intelligence.
Selon la Commission européenne, la croissance de l'économie portugaise ne devrait guère dépasser 0,9% en 2016, et 1,4% en 2017. M. Amaro, lui, estime qu'elle atteindra péniblement 1% les années suivantes.
Car le pays doit composer avec d'autres handicaps. La dette des ménages et des entreprises culmine ainsi à 181,5% du PIB. «Cela pèsera longtemps sur l'activité, d'autant que le secteur bancaire, fragile, est plombé par les créances douteuses», ajoute M. Amaro. Ces dernières représentent plus de 15% du total des prêts.
Ce n'est pas tout. La dette publique, elle, devrait s'établir à 130,3% du PIB cette année, selon Bruxelles, soit la troisième plus élevée de la zone euro après la Grèce (180%) et l'Italie (133%). «Elle est soutenable car les taux d'emprunt souverain restent modérés, commente M. Costa Pinto. Mais que se passera-t-il si la BCE cesse de racheter des obligations publiques en mars 2017, comme elle le prévoit encore ?»
Inquiets, le Bloc de gauche et les communistes pressent le gouvernement de réclamer un allégement de la dette aux partenaires européens, comme l'a obtenu la Grèce en 2012.
Mais le Premier ministre temporise, conscient qu'il y a peu de chances que les autres capitales acceptent de démarrer une discussion sur le sujet. «Cela pourrait fragiliser son alliance avec la gauche radicale», redoute M. Barroso. Autant dire que les prochains mois seront déterminants. «Si le gouvernement tient, s'il n'y a pas de choc externe sur la dette, l'économie s'en sortira, conclut-il. Mais il en faudrait peu pour que tout bascule.»
M. C.
In lemonde.fr


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