Le secrétaire général du mouvement El Islah, Mohamed Djahid Younsi, titulaire d'un doctorat d'Etat en mécanique d'une université allemande, ancien maître de conférences à l'université de Constantine et député du parti durant la précédente législature, déposera demain auprès du Conseil constitutionnel un dossier de candidature à l'élection présidentielle du 9 avril prochain. L'annonce a été faite jeudi au centre international de presse devant des invités et représentants des médias nationaux, rencontre au cours de laquelle le candidat à la candidature affirme avoir souscrit aux exigences de la loi, pour avoir récolté 600 signatures d'élus, dix jours après le lancement de l'opération. En dépit du fait que le parti ne compte en son sein que 250 élus. Sa candidature est le résultat de l'achoppement de la série de consultations engagées par le parti avec le mouvement «frère» d'Ennahda, et de longs débats, lors de la session extraordinaire d'il ya 15 jours, a-t-on indiqué dans un long préambule, en précisant que si l'idée d'alliance avec le courant islamiste a été bien reçue, le temps a pesé sur la décision d'entrer dans la course électorale. Pour sa part, le candidat du parti islamiste, Djahid Younsi, a dépeint la situation socioéconomique et politique du pays, en des termes crus, n'hésitant pas à vilipender aussi bien les gouvernements successifs que l'opposition, qu'il renvoie dos à dos. Selon lui, «le drame de l'Algérie est le fait que les gouvernements successifs cumulent les échecs, des gouvernements auxquels manquent des programmes précis et des projets d'avenir». Depuis l'indépendance de l'Algérie, «ces gouvernements n'ont réussi à concrétiser qu'une portion congrue de leurs promesses mais, au prix d'une facture beaucoup plus lourde», a-t-il ajouté, avant de présenter des exemples de fléaux qui ont rongent la société et qui ont pour noms le délitement social, la corruption, etc. Il fera ensuite état de la monopolisation de la politique, de l'économie et de l'information, ainsi que des activités caritatives. Résultat : une crise de confiance s'est installée entre le citoyen et son administration et les institutions républicaines, a-t-il dit, faisant remarquer que, «les Algériens sont passés à côté du rêve de concrétiser le projet de réconciliation entre eux et d'assécher leurs larmes». En abordant ce thème, Djahid Younsi ne s'est pas empêché de faire un appel du pied à la base du parti dissous, lorsqu'il fera état de textes qui ont été promulgués pour saboter la réconciliation nationale, notamment l'article 26 qui interdit «l'activité politique sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale, ndlr». Aussi, «l'impact de la révolution n'a pas été utilisé à bon escient pour que l'Algérie retrouve sa place sur les plans régional, continental et international», dira-t-il avant de marteler : «La France n'a pas d'autre choix que de demander pardon pour les crimes qu'elle a commis». Quant à la classe politique nationale, «il n'est pas de son devoir de critiquer seulementt les politiques mais, il aurait fallu qu'elle présente un exemple d'alternance au pouvoir», et ce, en dépit «des moyens de pression dont elle fait l'objet», dira-t-il. Il ajoutera que «contrairement à nombre de ceux qui ont adopté de faire de la politique que lorsque le climat leur est favorable pour militer, nous activons pour opérer le changement». Le candidat Djahid Younsi énoncera clairement son rejet de la violence en affirmant : «Nous ne sommes pas des aventuriers et nous ne voulons pas faire de révolution avec les enfants d'autrui. Celui qui le voudra ainsi n'a qu'à le faire avec ses propres enfants». Il n'hésitera pas, par ailleurs, à stigmatiser certains hommes politiques de l'opposition, qui «sillonnent les capitales occidentales pour demander leurs soutiens», voulant ainsi «rééditer le scénario irakien», et d'autres qui «ont choisi la chaise vide, prétextant de la fermeture du champs politique». Après avoir critiqué «l'achat» des voix des électeurs lors des élections, y compris «en 2009, les voix des élites et des électeurs sont devenues une marchandise». Selon lui, «l'Algérie a besoin d'une bonne équipe de gouvernance qui redonne espoir au peuple», avant d'affirmer que ce profil existe au sein de son parti, dont le slogan est : «Le changement pour le meilleur ». Dans un programme en 12 points, Djahid Younsi s'est engagé à consacrer ses efforts et capacités pour la consécration des constantes nationales et la défense de ses symboles, affirmant «ne pas avoir de conscience tranquille tant que l'islam n'aura pas eu la place qui lui convient dans notre société». Celui-ci tient à défendre la langue arabe, l'identité nationale et fait de l'unité nationale une priorité. Il escompte aussi «aller au bout de la réconciliation nationale, y compris en décrétant l'amnistie générale, s'il elle est susceptible d'arrêter l'effusion de sang entre Algériens». Et au plan de la politique étrangère, faire de la Palestine une «affaire interne», et se retirer de l'accord sur l'UPM. A. R.