Le peuple gambien a élu, jeudi 1er décembre, son nouveau président, Adama Barrow, mettant fin au régime autoritaire de Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994. Selon les résultats du scrutin publiés par la commission électorale, Yahya Jammeh s'est classé deuxième avec 36,6% des voix derrière Barrow, crédité de 45,5% des suffrages. Le peuple gambien a élu, jeudi 1er décembre, son nouveau président, Adama Barrow, mettant fin au régime autoritaire de Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994. Selon les résultats du scrutin publiés par la commission électorale, Yahya Jammeh s'est classé deuxième avec 36,6% des voix derrière Barrow, crédité de 45,5% des suffrages. Le troisième et dernier candidat en lice, Mama Kandeh, a drainé 17,8% des voix. La participation avoisinait les 65%. Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1994, Yahya Jammeh avait été élu une première fois en 1996, puis largement réélu tous les cinq ans depuis. Adama Barrow, vainqueur déclaré de l'élection présidentielle gambienne, a salué l'avènement d'«une nouvelle Gambie», après 22 ans de pouvoir de Yahya Jammeh qui a reconnu sa défaite et félicité son adversaire, lui souhaitant bon vent. Il s'était dit certain d'une nouvelle victoire à la présidentielle de jeudi, et ses détracteurs lui prêtaient l'intention de n'accepter aucune autre issue. A la surprise générale, il a félicité Barrow et reconnu sa défaite dans une déclaration télévisée. «Vous, Gambiens, avez décidé que je devais être en retrait, vous avez voté pour quelqu'un pour diriger le pays, (...) je vous souhaite le meilleur», a reconnu Jammeh. «Vous êtes le Président élu de Gambie et je vous souhaite le meilleur», a-t-il déclaré à l'endroit de son adversaire. Adama Barrow a salué les derniers développements dans son pays : «C'est une nouvelle Gambie, une nouvelle attitude, pour le changement et le développement de notre pays», a déclaré cet homme d'affaires encore inconnu sur la scène politique il y a six mois. Vendredi, de nombreux Gambiens ont salué sa victoire dans les rues à travers Banjul, sans intervention des forces de sécurité. Le réseau internet et les communications téléphoniques internationales, qui avaient été coupés depuis mercredi soir afin d'empêcher la diffusion de résultats non officiels, ont été rétablis. Quelque 890 000 électeurs, sur près de 2 millions d'habitants de ce pays enclavé dans le territoire sénégalais, hormis sa façade atlantique, étaient appelés jeudi aux urnes pour départager Yahya Jammeh, Adama Barrow et Mama Kandeh, tous âgés de 51 ans et nés en 1965, année de l'indépendance. Dans une déclaration commune la Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union africaine et l'ONU a félicité «le peuple gambien pour l'élection présidentielle pacifique, libre, juste et transparente» saluant «Yahya Jammeh pour avoir gracieusement reconnu sa défaite et Adama Barrow pour sa victoire». Selon des analystes et l'opposition, c'était la première fois que le régime de Jammeh, qui a survécu à de nombreuses tentatives de coup d'Etat, était sérieusement menacé par un scrutin, au terme d'une campagne marquée par l'expression d'un pluralisme inhabituel. Malgré la répression, la parole se libérait depuis des manifestations en avril pour réclamer des réformes politiques, puis pour dénoncer la mort en détention d'un opposant et la condamnation en juillet à trois ans de prison d'une trentaine de participants à ces rassemblements, dont le chef de l'opposition, Ousainou Darboe. R. I.