Le respect des normes élémentaires d'hygiène et de conservation des produits alimentaires est un souci omniprésent. De manière général, les commerçants, les restaurateurs, les livreurs et, parfois, les producteurs ne s'encombrent pas des bonnes pratiques dans l'exercice de leurs métiers respectifs, mettant ainsi en péril la santé du consommateur. Le soir, à la fermeture des locaux, les propriétaires de supérettes éteignent les chambres froides et les présentoirs. Les uns invoquent la crainte de courts-circuits électriques et les incendies nocturnes qui peuvent en résulter. D'autres avouent que cela leur permet de faire des économies sur leur facture d'électricité, jugée exorbitante. Ce mauvais geste, largement répandu dans la filière du commerce de détail, concerne aussi les bouchers et les petites échoppes. En saison chaude, où la température ambiante est relativement élevée, cette rupture de la chaîne de froid peut aisément affecter directement les produits stockés. En outre, la décongélation-recongélation en permanence de denrées sensibles comme la viande et les laitages nuisent considérablement à leur qualité et à leur salubrité. L'exposition du pain, des eaux minérales et autres boissons gazeuses à l'air libre est un autre défaut très courant à travers le pays. En dépit des campagnes de sensibilisation, régulièrement menées par les pouvoirs publics, les concernés persistent dans l'erreur. Les descentes des services du commerce, faute de moyens suffisants, se font rares. Et puis quand cela arrive, les contrevenants aux bonnes règles baissent immédiatement leurs rideaux pour éviter les contrôles et échapper, ainsi, aux sanctions qui en découlent. Dans une wilaya comme Béjaïa, le passage des inspecteurs de la DCP (direction de la concurrence et des prix) à travers les localités et les villages éloignés est très espacé dans le temps (une ou deux fois par semestre). C'est évidemment insuffisant pour réprimer tous les fraudeurs. Les bilans d'activité, rendus public annuellement, ne représentent en vérité que la partie apparente de l'iceberg. A titre d'exemple, durant le deuxième trimestre de l'année 2016, la DCP de Béjaïa déclare avoir saisi 339 tonnes de produits non-conformes. Durant le premier trimestre de la même année, les mêmes services mentionne la saisie de 956,5 tonnes de produits divers. En un semestre, cela fait, donc, 1 295,5 tonnes. Pour toute l'année, ce chiffre, déjà énorme, peut se multiplier par deux. Cette triste statistique, disponible sur le site de la direction concernée, donne une idée sur l'ampleur de ce phénomène qui guette la santé et la sécurité du consommateur. Le volume de ces saisies est en courbe ascendante par rapport aux années précédentes. Cela témoigne de l'inefficacité des approches adoptées dans la lutte contre ce fléau. Des milliers d'infractions au code du commerce sont régulièrement établies, se soldant par des poursuites judiciaires à l'endroit des fautifs ou accompagnées de sanctions diverses. Cette répression - partielle doit-on dire - n'arrive cependant pas à freiner ces mauvaises pratiques. Les services compétents reconnaissent que la tâche est ardue. «Le consommateur doit aussi s'impliquer, en se montrant un peu plus exigent», souligne le premier responsable de la DCP au cours d'une récente intervention médiatique. «Le contrôle et la répression, à eux seuls, ne suffisent pas. Il n'y a pas cette réaction positive du consommateur et sa prise de conscience du danger qui le guette, en boudant et en dénonçant les mauvais restaurateurs», ajoute-t-il, en sollicitant au passage «une collaboration plus étroite des collectivités locales». Un véritable SOS, en somme. K. A.