Le citoyen algérien, de manière générale, est peu exigeant en matière d'hygiène alimentaire. La prolifération de pratiques commerciales anarchiques dans ce segment précis du «mangeable» témoigne de cette indifférence. Le citoyen algérien, de manière générale, est peu exigeant en matière d'hygiène alimentaire. La prolifération de pratiques commerciales anarchiques dans ce segment précis du «mangeable» témoigne de cette indifférence. L'exposition et la vente de nourriture sur la voie publique est monnaie courante dans quasiment toutes les villes du pays. Friandises, fruits, pains, biscuits, sandwichs et boissons sont proposés par des vendeurs informels dans des conditions déplorables, notamment durant la saison estivale où le risque d'intoxication est omniprésent. Inconscients ou insensibles aux risques encourus, les passants achètent et consomment sur place toutes ces denrées sans se poser de question sur la qualité des aliments en question et les probables retombées sur leur santé. Les services de la concurrence et des prix, censés combattre ces pratiques illicites, semblent dépassés par l'ampleur de ce phénomène particulier et très répandu. Dans une wilaya comme Béjaïa, les plages, les grands axes routiers, les marchés, les sites touristiques et les placettes publiques sont opportunément transformées en foires de la «malbouffe» où des dizaines de débrouillards s'emploient à se faire de l'argent de poche. Certains commerçants véreux profitent de ces circuits pour se débarrasser de produits périmés. On retrouve couramment dans ces étals improvisés du chocolat, des biscuits et des jus de fruits à des tarifs défiant toute concurrence dont la date de péremption a été soigneusement modifiée pour leurrer le consommateur. Cette négligence coupable est également palpable dans les restaurants et les fast-foods où l'hygiène laisse très souvent à désirer. Nombreux sont les citoyens qui évitent, désormais, de se restaurer à l'extérieur pour ne pas s'exposer à de fâcheuses intoxications. De l'avis général, les tenants de snacks et autres petits restaurateurs s'affairent à réaliser des bénéfices au détriment de la santé de leurs clients. «Les toilettes et les lavabos affichent constamment ‘‘hors d'usage''. L'espace est surexploité en disposant le maximum de tables et de tabourets possibles. Les huiles de fritures sont très rarement changées. Les produits utilisés sont de mauvaise qualité. Très souvent, les concernés s'approvisionnent en fin de marché, en acquérant presque gratuitement les restes dédaignés par les ménagères», énumère Mohamed, un ancien fonctionnaire de la direction du commerce, en soulignant au passage la hausse constante des prix de ces prestations douteuses. Les bilans annuels de la Direction de la concurrence et des prix (DCP) mentionnent des dizaines de tonnes de produits avariés saisis. Des milliers d'infractions au code du commerce sont aussi clairement établies, se soldant par des poursuites judiciaires à l'endroit des fautifs, accompagnées de sanctions diverses et de fermetures de locaux. Cette répression des services compétents n'arrive cependant pas à freiner ces mauvaises pratiques. Interrogé à ce propos durant le mois de Ramadhan dernier, le directeur du commerce a estimé que «le consommateur doit aussi s'impliquer, en se montrant un peu plus exigent». L'attitude inconsciente du client constitue le principal moteur de cette anarchie qui menace la santé publique. «Le contrôle et la répression, à eux seuls, ne suffisent pas, s'il n'y a pas cette réaction positive du consommateur et sa prise de conscience du danger qui le guette, en boudant et en dénonçant les mauvais restaurateurs», se plaint le DCP qui sollicite aussi une collaboration plus étroite des collectivités locales. Il y a, en effet, un gros problème à ce niveau. Un grand travail de sensibilisation attend les associations de consommateurs, les pouvoirs publics (santé, commerce, autorités locales…) et la corporation des commerçants pour instaurer, sur les moyen et long termes, cette précieuse culture de la consommation saine et rationnelle. Un travail de longue haleine, en somme. K. A.