Heureusement ! Inaugurée ostensiblement à Relizane cette semaine, la «nouvelle» clinique d'exorcisme du grand charlatan Bellahmar a été fermée par les autorités locales. Interdite finalement sur décision des autorités nationales. Il a fallu donc une intervention «d'en haut» pour que l'on mette fin à cette mascarade. Incroyable tartufferie à laquelle les services compétents de la wilaya de Relizane se sont complaisamment prêtés, puisque des autorisations ont bel et bien été délivrées à un escroc qui allait exercer illégalement la médecine. Son établissement de «rokia» s'appelle bien «les bons augures de la guérison». Cette «clinique» n'est en fait pas tout à fait nouvelle. Le margoulin, qui a fait de la naïveté de certains Algériens un fonds de commerce lucratif, avec la complicité d'une télé privée et d'autorités locales pour le moins laxistes et complaisantes, avait déjà ouvert un établissement de rokia en 2009 dans la même ville. Commerce qui sera fermé à la suite de la mort suspecte d'une jeune fille de Bord Bouarreridj «exorcisée» par l'esbroufeur Belahmar. Heureux de voir donc que l'Exécutif est résolu à ne pas laisser passer les charlatans, les rebouteux néfastes et autres faiseurs de miracles qui surfent financièrement sur la détresse physique et morale des gens. Non sans conséquences tragiques parfois. En 2015, l'imposteur Belahmar avait été auditionné et placé en garde à vue suite au décès de la jeune étudiante de Bordj Bou-Arreridj. Mais voilà que le diable s'en sort miraculeusement et rebondit dans la même ville en inaugurant pompeusement une «clinique» des prodiges ! Ce féticheur est un véritable danger public. Son nom évoque une catégorie de djinns, dits rouges, supposés être aussi durs à exorciser que leurs homologues noirs. Cet hurluberlu, qui a, en guise d'attaché de presse, une télé et un quotidien arabophones de même nom, prétend exorciser aussi les djinns jaunes et les djinns bleus, réputés plus commodes à extirper des âmes habitées. Hélas ! Bellahmar et consorts exorciseurs, de plus en plus nombreux, ont pignon sur rue. Ils possèdent des adresses postales, des téléphones, des sites Internet et des pages Facebook. Superstars hyper sollicitées. La demande de leurs services est si forte que ces exorcistes, qui agissent par psalmodie de versets coraniques ou par usage de magie noire, ne sont pas, même s'ils pullulent, assez nombreux pour «traiter» tous les envoûtés. En tout cas, ils sont suffisamment influents et crédibles, aux yeux de leurs mandants, pour être ainsi sollicités. Deux types de rokia sont en présence : la «char'îya», conforme au Coran, et celle dite «noire», donc illicite au regard du dogme religieux. N'empêche, elle est pratiquée à vaste échelle. Au point de faire passer au second plan la rokia soft qui ne recourt pas à la sorcellerie noire. Mais dans les deux cas de figure, on sollicite un «raki» en cas de possession par un djinn, de mauvais œil, d'envoûtement ou d'aliénation par ensorcellement. En fait, c'est la «rokia noire», phénomène de grande ampleur, qui pose aujourd'hui un grave problème. Du fait de ses implications en termes de santé publique et de répercussions sur la vie quotidienne des individus. A côté de ce type de rokia, le vaudou passerait pour une séance de luminothérapie ou de relaxation spirituelle ! Dans ce cas, le «raki noir» use de techniques expéditives mais néanmoins périlleuses : le supplice des corps. Ceux de personnes qui payent le prix fort pour de véritables séances de sadomasochisme. Coups de pied ou de savates, fouettage à l'aide de ceinturons, frappes à l'aide de barres de fer ! De même que la strangulation, l'électrocution et souvent même des viols de femmes inconscientes ou excessivement crédules ! Pis encore, de nombreux morts, une trentaine en 2014 ! En cas de «maladies mineures» ou dans l'hypothèse où le démon squatteur des âmes est plus coriace que prévu, l'exorciseur use alors de sa salive «bénite». Il postillonne dans une eau qu'il fait boire ensuite à sa victime. Pour lui, chaque glaire et chaque postillon sont bénis par les mots divins psalmodiés dans sa bouche «coraniquement» sanctifiée. C'est ainsi que la salive se transforme en panacée. Bellahmar est le plus emblématique de ces aigrefins patentés. Ce charlatan prétend même avoir une clientèle sélecte de personnalités civiles et militaires. D'avoir même «soigné» des imams, eux aussi, par le démon possédés. Délirium tremens de hâbleur à deux balles et escroquerie de carambouilleur réel qui a déjà eu maille à partir avec la justice. N. K.