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Mossoul, enjeu de la recomposition régionale
Alors que l'étau semble se resserrer sur Daech
Publié dans La Tribune le 10 - 01 - 2017

Les attentats meurtriers qui ont récemment frappé la capitale irakienne Baghdad démontrent que l'étau est en train de se refermer sur le groupe extrémiste qui avait réussit depuis 2014 à contrôler des pans entiers du territoire irakien comme les zones du nord du pays et l'ouest de la capitale. Mais force est de constater que malgré l'assistance affichée de la coalition internationale, constituée notamment de pays occidentaux dont les Etats-Unis, l'évolution demeure particulièrement lente dans la bataille de Mossoul. Ce qui multiplie les interrogations sur les intentions véritables des Occidentaux quand à ce fléau qui gangrène l'Irak irrémédiablement déstabilisé depuis l'invasion américaine en 2003. Pour les observateurs les plus avisés de la région il ne fait aucun doute : «Ce qui renforce Daech, c'est l'intervention des puissances au passé colonial et impérial.»
Au fil du temps la bataille pour la récupération de la ville de Mossoul semble plus compliquée que prévue. Les forces irakiennes tentent depuis plusieurs mois de venir à bout du groupe Daech qui contrôle toujours la grande ville du nord. Mais l'évolution sur le terrain reste particulièrement lente et semée d'embuches. Le groupe extrémiste ne semble pas vouloir abdiquer facilement d'autant plus que la question de son devenir va au delà de l‘Irak, vers la Syrie ou se jouent des développements complexes notamment depuis la fin de la bataille d'Alep. La question de Mossoul engage plusieurs acteurs régionaux qui se projettent déjà dans «l'après» qui se profile à l'horizon. L'influence de l'Iran reste perceptible dans l'activité du mouvement nommé Hached Al Chaabi (groupement de mobilisation populaire) qui participe à sa façon à la bataille, avec l'accord de Baghdad. Ce qui est loin d'être du goût d'un autre acteur et pas des moindre, la Turquie, présente militairement dans le nord syrien et qui voudrait également jouer un rôle non négligeable en Irak et particulièrement dans cette cruciale bataille de Mossoul. Les attentats meurtriers qui ont récemment frappé la capitale irakienne Baghdad démontrent que l'étau est en train de se refermer sur le groupe extrémiste qui avait réussi depuis 2014 à contrôler des pans entiers du territoire irakien comme les zones du nord du pays et l'ouest de la capitale. Mais force est de constater que malgré l'assistance affichée de la coalition internationale, constituée notamment de pays occidentaux dont les Etats-Unis, l'évolution demeure lente. Ce qui multiplie les interrogations sur les intentions véritables des occidentaux quand à ce fléau qui frappe l'Irak irrémédiablement déstabilisé depuis l'invasion américaine en 2003. Pour les observateurs de premier plan de la région il ne fait aucun doute : «Ce qui renforce Daech, c'est l'intervention des puissances au passé colonial et impérial.»
Les clivages entre acteurs tendent à se durcir. Le gouvernement irakien s'oppose franchement à toute implication turque dans la reprise de la ville, qu'il s'agisse d'appui dans le cadre de l'opération internationale, ou d'une mobilisation du contingent militaire turc envoyé sans l'autorisation de Baghdad à Baachiqa, au nord-est de Mossoul. Les négociations turco-irakiennes sur la question restent bloquées, le gouvernement turc tentant de forcer sa présence dans les opérations en procédant à des bombardements ou en menaçant d'envoyer plus de troupes. Ankara voudrait maintenir sa présence militaire en Irak jusqu'à la fin de la bataille de Mossoul, ce qui lui permettra bien entendu de s'assurer que la ville majoritairement sunnite ne tombe pas sous contrôle absolu de Baghdad.
Au bord du Tigre
Sur le terrain des opérations la situation semble se modifier. Les forces spéciales irakiennes ont atteint la rive est du Tigre à Mossoul, et ce pour la première fois depuis le lancement de l'offensive pour reconquérir la grande ville du nord. L'ouest de la ville reste toujours entre les mains de groupe Daech. Le fleuve Tigre divise Mossoul en deux et constitue un point stratégique dans la bataille. Cette évolution constitue une étape clé dans l'objectif de reprendre la deuxième ville du pays aux éléments de Daech, toujours bien implantés. Les forces du Service de contre-terrorisme (CTS) ont atteint le fleuve en prenant position autour d'un des quatre ponts de Mossoul, le plus au sud. Les éléments du CTS demeurent le fer de lance de cette bataille de Mossoul. Ses soldats disciplinés et surentraînés ont été les premiers à entrer dans la ville début novembre, infligeant un revers de taille à Daech. Cette progression vers les rives du Tigre marque une victoire symbolique et tactique pour les forces irakiennes, près de trois mois après le début de l'offensive. Cette récente avancée est probablement imputable à de nouvelles tactiques des forces irakiennes et une meilleure coordination avec les alliés. Leur accès au fleuve complique la situation pour Daech, dont la capacité de ravitaillement est entamée. Pour les observateurs la défense opposée par Daech «montre des signes d'effondrement». La bataille de Mossoul, enjeu de la recomposition régionale est-elle arrivée au dernier quart d'heure ?
M. B.


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