Le rôle de la poésie dans la mobilisation des Algériens contre le colonialisme français, a été souligné, lundi dernier à Tizi Ouzou, par les participants au premier colloque sur la poésie populaire amazighe en hommage à Si Mohand Ou Mhand, Youcef Oukaci et cheikh Mohand Oulhocine. Le rôle de la poésie dans la mobilisation des Algériens contre le colonialisme français, a été souligné, lundi dernier à Tizi Ouzou, par les participants au premier colloque sur la poésie populaire amazighe en hommage à Si Mohand Ou Mhand, Youcef Oukaci et cheikh Mohand Oulhocine. Dans une conférence à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, Mohamed El Aigoun, de l'université de Tizi Ouzou, a indiqué que les poètes populaires qui allaient de village en village déclamer des poèmes, ont sensibilisé les Algériens, pour se révolter contre le colonialisme français, en rapportant les exactions de l'armée coloniale. La poésie populaire amazighe rapportait les horreurs commises par la France coloniale à travers tout le territoire national, à l'exemple des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, de la déportation d'Algériens vers la Nouvelle-Calédonie, et les exactions commises à Djelfa, a ajouté M. El Aigoun. Les poètes populaires ont aussi contribué à l'engagement et/ou au soutien du peuple pour la guerre de libération en glorifiant les moudjahidine et leurs hauts faits d'armes. «Le célèbre chant de guerre Ayema sbar uretsru de Farid Ali, artiste qui a porté la voix de la Révolution algérienne, en est un exemple très illustratif», a-t-il ajouté. Lors de l'ouverture du colloque, organisé par la direction locale de la culture, les intervenants ont appelé à la préservation et à la transmission de ce legs qui représente un «pan important» de la culture algérienne. Le recteur de l'Université de Tizi Ouzou, Ahmed Tessa, a affirmé que ce legs poétique «est un véritable viatique duquel doivent s'abreuver les Algériens». La poésie populaire amazighe est «un patrimoine universel qu'il nous appartient à tous de préserver et de vulgariser», ajoutera-t-il. A ce titre, M. Tessa a exhorté les facultés de langues et des sciences humaines de l'université de Tizi Ouzou à «intensifier les travaux de recherches portant sur la poésie berbère et à mettre en lumière tous les noms de bardes, de poètes, de bohèmes, et de crieurs publics qui auraient légué ne serait-ce qu'un fragment de poème, pour remettre cet héritage au centre de notre vie commune et nous en référer à chaque fois que la sagesse s'éloigne de nous». De son côté, le wali de Tizi Ouzou, Mohammed Bouderbali, a rendu un vibrant hommage à l'un des plus célèbres poètes de la wilaya, Si Moh Ou Mhand, «un grand nom de la littérature orale contemporaine de l'Algérie». La poésie de Si Moh Ou Mhand qui a «défié l'usure du temps», a rapporté les vicissitudes des hommes de son époque. «Se fiant à sa muse, il a semé à tout vent ses vers dont nombres d'entres-eux sont passés en dictons qui agrémentent les discours et constituent des principes éthiques à suivre. Sa poésie pure, fascinait par sa simplicité et sa spontanéité et charmait tous ceux qui l'écoutaient», dira-t-il. M. Bouderbali a rappelé que, l'œuvre grandiose de ce poète a été «opportunément sauvée de l'oubli grâce au travail remarquable de collecte, de transcription et de traduction entrepris par des hommes de culture attachés à la sauvegarde du patrimoine culturel national et aussi célèbres que Mouloud Feraoun, Saïd Boulifa et, surtout, Mouloud Mammeri dans son ouvrage Isefra, Poèmes de Si Mohand-Ou Mhand. Il a ajouté qu'avec que la consécration de tamazight langue nationale et officielle, la poésie de Si Mohand Ou Mhand, et avec elle toute la poésie d'expression amazighe qui constitue un pan entier du patrimoine culturel du pays, bénéficiera des avantages de l'édition qui en assurera la pérennisation et la diffusion à grande échelle». A ce propos, le président de l'association algérienne de la littérature populaire a annoncé que cette association qui œuvre pour la préservation de l'héritage culturel national, rééditera les poèmes de Si Mohand Ou Mhand. APS