La Turquie a estimé non réaliste d'insister sur un règlement du conflit en Syrie sans le président Bachar Al-Assad, à la veille de discussions à Astana prévues lundi. Ces déclarations semblent traduire une inflexion de la position de la Turquie au sujet d'Assad, dans un contexte particulièrement évoluant Le Conseil de sécurité de l'ONU a estimé que les pourparlers sur la Syrie prévus lundi à Astana (capitale du Kazakhstan) sont une étape «importante» de la reprise de négociations de paix sous l'égide de l'ONU en février. «Astana représente un important tremplin» pour la reprise des négociations inter-syriennes conduites par l'ONU, prévue le 8 février à Genève, a déclaré l'ambassadeur suédois Olog Skoog qui préside le Conseil en janvier. L'annonce de la réunion d'Astana avait dans un premier temps suscité réserves faisant craindre l'ouverture d'un nouveau processus de négociations parallèle à celui mené par l'ONU. «Nous saluons et soutenons les efforts de la Russie et de la Turquie pour mettre fin à la violence, instaurer un cessez-le-feu et relancer un processus politique mené par l'ONU» en Syrie, a souligné le représentant onusien. Le Conseil de sécurité a «demandé à toutes les parties de respecter le cessez-le-feu» et de ménager un accès humanitaire «sans entraves» à la population civile en Syrie. Les 15 membres du Conseil ont aussi «condamné fermement les actes de barbarie» perpétrés par le groupe Daech en Syrie, y compris les dernières destructions sur le site antique de Palmyre. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, assistera finalement aux pourparlers d'Astana, à la demande du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Organisés sous l'égide de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, ces pourparlers réuniront autour d'une même table «opposition» et représentants du gouvernement syrien pour la première fois depuis le début de la tragédie il y a près de six ans. De son côté la Turquie a estimé non réaliste d'insister sur un règlement du conflit en Syrie excluant le président Bachar Al-Assad, à quelques jours de discussions à Astana. Ces déclarations semblent traduire une inflexion de la position de la Turquie au sujet d'Assad, dans un contexte de rapprochement entre Ankara et Moscou. «La situation sur le terrain a changé de façon spectaculaire et la Turquie ne peut plus insister sur un règlement sans Assad. Ce n'est pas réaliste», a déclaré le vice-Premier ministre turc, Mehmet Simsek. Une déclaration qui tranche avec la position habituelle d'Ankara. La Turquie a longtemps activement soutenu la chute du régime syrien. Les autorités turques ont jusqu'ici toujours affirmé que le président Assad n'avait aucun rôle à jouer dans l'avenir de la Syrie. Mais depuis, Ankara a mis en sourdine ses critiques visant Damas, notamment lors de la reprise totale de la ville d'Alep par l'armée syrienne le mois dernier. Et la Turquie et la Russie ont ainsi parrainé ensemble une trêve en prélude à des discussions à Astana pour consolider le cessez-le-feu, qui doivent débuter lundi. Avant la réunion d'Astana le président Assad a adopté une position intransigeante, dans une interview à la télévision japonaise TBS. Il a appelé les groupes armés à accepter le principe de rendre leurs armes en échange d'une amnistie. Le vice-Premier ministre turc, Simsek, a déclaré que la priorité était de «trouver un règlement plus durable et contenir les organisations et activités terroristes». «Astana peut amorcer le début de ce processus de façon significative», a-t-il ajouté. R. I.